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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURMon fils Depuis quelque temps je n’arrive plus à te parler et tu es incapable de m’écouter sans t’énerver. Cette lettre me permettra, je l’espère, d’exprimer mes sentiments, sans provoquer chez toi une crise de rejet. Tu as 18 ans, cet âge merveilleux, selon les livres et les chansons, synonyme d’amour et d’amitié, cet âge qui te donne la majorité, ce qui devrait représenter indépendance et liberté. Ta vie et ton ressenti ne ressemblent pas à ce que tu attendais. Contrairement à ce que tu t’imaginais, il est difficile d’avoir 18 ans. - Tu ne sais pas si tu as choisi la bonne voie. Ta formation te plaît-elle vraiment? Peux-tu t’imaginer pratiquer ce métier pendant des années sans ennui? - Ton indépendance est limitée, car tu vis à la maison, avec les règles et les contraintes que cela représente. - Ta liberté est cadrée par des lois, la vie en société et ton manque de moyens financiers. - Ta majorité t’autorise à signer des excuses et à ne plus nous montrer tes carnets scolaires, mais elle fait peser toute la responsabilité sur tes épaules. Le droit de vote ne t’apporte pas grand-chose, les discours des politiciens étant bien loin de tes préoccupations. Ton frère et ta soeur ont traversé cette période de la vie avec moins de heurts, nous pouvions discuter. Ton père et moi-même nous nous faisions moins de soucis, tout était plus facile. Tu te sens le mouton noir, le mal-aimé, celui qui brise l’harmonie familiale. C’est vrai que nous rencontrions moins de problèmes avec eux, ils ont eu la chance de mieux maîtriser cette période difficile, mais nous ne les aimons pas davantage que toi. Ma grand-mère avait une belle image pour illustrer l’amour qu’on peut donner. Il n’est pas comme un gâteau qui se partage, ce qui impliquerait que plus on a de personnes à aimer, plus les parts d’amour seraient petites. Au contraire cela ressemble plutôt à un puzzle qui grandirait au fur et à mesure qu’on y ajoute des pièces. J’ai peur que tes amis t’entraînent sur une mauvaise voie. J’ai peur d’un accident. Je crains que tu ne trouves pas la route qui te permette de t’épanouir et j’aimerais te protéger, mais c’est à toi de mener tes expériences. Lorsque tu étais petit, tu avais déjà besoin de tester par toi-même. Tu as compris qu’on se cogne la tête lorsqu’on se relève sous une table en le payant d’une grosse bosse, mais, à l’époque, je pouvais tendre la main pour atténuer le choc. Maintenant les blessures sont plus profondes et je ne peux plus être à tes côtés pour tout prévenir. Saches que mes bras te restent ouverts. Je sais qu’il sera difficile de ne pas les refermer sur toi, qu’il me faut te laisser ta liberté, en te soutenant, en partageant et en te faisant confiance! Je t’attends. |
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