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Une histoire de sapin
C’est fini, il est là, par terre, mutilé, décapité
Le bruit de la tronçonneuse m’a atteinte en plein cÅ“ur, j’ai la gorge serrée et les yeux embués. Même l’ouvrier chargé de l’abattre a lancé un « Ma, quel dommage ! » avant de s’y attaquer.
Les enfants aussi ont assisté au triste spectacle et m’accompagnent dans mes pleurs (peut-être ont-ils simplement de la peine à me voir dans cet état ?).
Pour la première fois de ma vie, j’ai l’impression d’avoir décidé la mise à mort d’un être vivant. J’ai le net sentiment d’avoir orchestré un saccage. L’intensité de ma réaction face au gâchis me surprend. Je me savais pourtant très attachée à cet arbre que j’ai vu grandir, qui, au printemps faisait ma joie avec ses rameaux vert tendre, et, à la période de Noël, éclairait mes rentrées vespérales de ses petites lumières devenues de plus en plus nombreuses au fil des années.
J’ai longtemps résisté aux arguments rationnels qui me persuadaient que, de toute façon, ce sapin était mal placé, qu’il était devenu trop grand, qu’il finirait par être carrément envahissant, qu’on a besoin de plus de place pour garer la voiture
Voilà, l’arbre n’est plus que dans nos albums de souvenirs et notre propret parking tout neuf s’étend bien plat et bien carré. Pour me consoler, je me répète que la décision qu’on a prise était pleine de bon sens. Il n’empêche que je suis loin d’être certaine qu’elle était la bonne. Faut-il donner toujours raison à la raison et faire fi de l’émotion ?
D’ailleurs, je cherche un emplacement pour planter un minuscule successeur. Cette année, pour sa décoration de Noël, vingt petites lumières devraient suffire
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