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La colère

I. Qu'est-ce que la colère

Les anciens l'appelaient une courte folie, nous dirons plutôt que c'est la manifestation d'une force non gouvernée par la raison, partant déraisonnable. Encore faut-il distinguer entre la juste indignation que le spectacle du mal fait jaillir des profondeurs de l'âme et la colère prête à éclater à la moindre occasion et à la moindre contradiction. Autant la première est morale et légitime, autant la seconde est coupable et condamnable. Laissant de côté pour aujourd'hui la juste indignation, nous nous sommes bornées à l'étude de la colère coupable et avons rassemblé dans ce but les quelques fragments qui suivent et qui sont pris dans l'Education familiale et dans les oeuvres de Nussbaum et Smiles.

Chez les animaux nous voyons la colère à l'état pur, elle a la violence d'un ouragan et d'une force de la nature, surtout chez les carnassiers qui se servent de leurs dents, de leurs griffes et de leurs ongles pour satisfaire leur instinct et remporter la victoire dans la lutte pour la vie. Pour eux il s'agit de détruire ou d'être détruit et il n'est pas rare de voir le vainqueur s'acharner sur le vaincu.
L'homme s'en tient le plus souvent à la menace accompagnée parfois de violences, mais sans destruction : coups, paroles injurieuses, traits acerbes et incisifs avec l'intention évidente de blesser et de meurtrir. On voit aussi apparaître, à côté du besoin de faire souffrir, un élément nouveau qui est le goût de la domination, de la puissance, de la supériorité, en un mot l'orgueil.
L'accès de colère peut avoir un triple épilogue :
a) Il se termine comme une décharge rapide, la fureur assouvie fait naître la satisfaction et détruit la colère jusqu'à sa dernière trace.
b) Dans d'autres cas la colère se métamorphose ; empêchée d'éclater, de se satisfaire, elle devient ressentiment, rancune, envie, finalement haine et désir de vengeance. La haine n'est souvent qu'une colère qui attend.
c) Enfin la terminaison la plus belle et la plus noble, celle qui est obtenue par la maîtrise de soi ; la volonté exercée enraye la colère, refuse de l'exprimer et l'apaise. Par suite la colère se dissipe réellement et parfois définitivement.

II. La colère chez l'enfant

La colère apparaît très tôt chez l'enfant, selon les uns déjà à deux mois, un peu plus tard d'après les autres. Elle n'est alors le plus souvent que la manifestation extérieure d'un malaise ou d'un besoin. Ses cris sont pour le bébé l'unique moyen d'attirer l'attention, toutefois il ne tarde guère à découvrir qu'il peut s'en servir pour exiger la répétition d'actes qui lui ont apporté du plaisir, mais comme il ne sait pas ce qui lui est favorable et ce qui ne l'est pas, c'est à sa mère à le savoir pour lui et mieux que lui. Qu'elle domine du haut de sa sagesse toute la vie de son enfant et qu'elle ne supporte pas qu'à un seul instant ce soit lui qui commande, et surtout pas par ses colères. Lorsque les rôles sont renversés, lorsque l'enfant commande et la mère obéit, le bébé devient non seulement un petit tyran insupportable, mais il est malheureux parce qu'il est plein d'une inquiétude qui le pousse à donner le signal du besoin sans qu'aucun besoin existe réellement; dès ce moment c'est l'anarchie, la mère ne sait pas que faire puisqu'il n'y a rien à faire, elle veut faire quelque chose tout de même et répondant à une exigence artificielle elle crée un besoin artificiel et fait de son bébé un enfant gâté contre lequel bientôt elle s'impatientera.

La cause la plus fréquente de la colère des petits est un désir auquel nous résistons. L'enfant a envie d'un objet qui frappe sa vue, il s'approche et déjà il tend le bras pour s'en emparer, nous refusons et plaçons l'objet hors de sa portée ; la fureur éclate aussitôt. Pour lui, comme d'ailleurs pour nous adultes, la colère a été provoquée par l'obstacle : volonté humaine ou force brutale dressée devant notre désir. Qui n'a jamais perdu patience devant une boîte qui ne « veut » pas s'ouvrir, un clou qui ne « veut » pas s'enfoncer, une porte qui ne « veut » pas s'ouvrir ?
Les années d'école sont peut-être pour un enfant le moment des plus grandes colères. Dans cette période de transition il n'a pas encore trouvé son équilibre et comme il est sensible à l'excès, une moquerie d'un camarade, une leçon trop difficile, un exercice ou un jeu qu'il ne comprend pas, suffisent à déchaîner les pires orages ; en un instant le camarade est assailli, le livre envoyé à l'autre bout de la chambre, le cahier déchiré et le jeu renversé.

Ce qu'on appelle chez un adolescent un caractère emporté indique souvent une grande énergie qui n'a pas eu le temps de mûrir, mais qui se dépensera en travail utile, si on lui en facilite les moyens. Libre, l'ardeur de caractère se manifeste par de fantasques accès de colère ; dirigée et contenue, comme la vapeur dans l'admirable mécanisme d'une machine, elle peut devenir une source de grande énergie, de grande utilité. Quelques-uns des plus beaux caractères que nous voyons dans l'histoire ont été des hommes d'un tempérament violent.

III. Les remèdes.

Pour étudier le traitement de la colère il faut commencer par distinguer deux cas : la colère maladive et la colère défaut de caractère. La première relève de l'hygiène et de la médecine ; deux traitements seront recommandés par le médecin suivant les cas, l'un calmant, l'autre fortifiant et tonique. Quant à la colère défaut de caractère, la première chose à savoir, si nous voulons en guérir nos enfants, c'est qu'il y a des fautes que nous les parents ne devons pas commettre : nous mettre en colère contre eux et plus qu'eux, enfler la voix et opposer à leur violence une violence plus grande ; leur adresser de beaux discours ou nous moquer d'eux ; intervenir sans à propos et faire repartir l'accès qui allait s'apaiser. Ne luttons pas, ne cherchons pas à les maîtriser, ne les menaçons pas de punition. Au moment où l'enfant n'a pas conscience de ce qu'il fait il est inutile de raisonner avec lui et il vaut mieux l'abandonner à lui-même en le laissant seul dans une chambre où il ne puisse pas se faire de mal, ni commettre des dégâts. Plus tard, lorsqu'il sera revenu à son état normal, nous pourrons lui parler sérieusement et fermement, mais ne pas revenir à plusieurs reprises par des reproches et des représentations sur sa méchanceté passée.
Ce qu'il faut faire : avant tout rester calme nous-même. Le calme appelle le calme et le silence a une merveilleuse vertu. Peut-être pourrons-nous tenter une dérivation, elle n'est pas toujours facile, mais elle peut réussir ; il s'agit, avec un naturel parfait, d'éveiller chez l'enfant un autre intérêt. Enfin, chercher à connaître la cause des transports de fureur et tâcher, de ne pas laisser arriver l'accès, en distrayant l'enfant de l'idée fixe qui va s'emparer de son être et en faire la proie d'une puissance mauvaise plus forte que lui. Ici, comme en politique, gouverner c'est prévoir. Mais le remède radical est un acte de volonté. La volonté s'acquiert et les parents doivent enseigner à leurs enfants par leur propre exemple à ne Jamais laisser éclater leur colère. Nous avons publié ici-même (n° de novembre 1931) le récit si frappant, fait par Albert Cadier, dans son livre Credo, de la victoire décisive qu'il remporta tout enfant sous l'influence de Dieu dans le domaine de la colère.

Une simple expérience.

Un de mes enfants était sujet à de violents accès de colère. Dans mon inexpérience, je ne manquais pas de le gronder souvent et même de le punir, mais tout était inutile. Alors l'heureuse pensée me vint d'essayer un moyen tout opposé : je saisis toutes les occasions qui se présentaient de le louer. Quel bon garçon, disais-je, comme il est gentil ! Et quand je le voyais mal disposé, je l'entourais de mes bras en lui disant combien je l'aimais et quel trésor il était pour sa maman. Ce moyen m'a réussi. En peu de temps le mauvais esprit a été vaincu et l'enfant est devenu remarquablement doux et obéissant. Je crois que si j'avais continué le régime des punitions, il serait devenu toujours plus colérique et que son caractère se serait complètement gâté. X.









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