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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURLe respect de la vie Si l'homme était quelque peu attentif à la vie, il y verrait la merveille des merveilles, le trésor par excellence, qu'il ne faut ni compromettre, ni dépenser mal à propos ; et il respecterait la vie, en lui-même et dans ses semblables, ne se permettant jamais de la souiller, de la gaspiller, de la corrompre, de lui porter atteinte. Que voyons-nous au contraire : Les hommes traitent la vie comme un objet de nulle valeur. Oh! ils y tiennent tous, même les plus misérables ; ils veulent la conserver. Mais qu'en font-ils ? Regardez avec quelle ignorance et quelle folie ils en abusent ; observez comment ils traitent la vie de leurs semblables. Au fond de leur coeur il y a l'instinct de destruction. Examinez les enfants. Ne prennent-ils pas un plaisir mauvais à casser, abîmer, détruire quelque chose ?… Le coup de pierre qui fait voler un carreau en éclats, ne les met-ils pas en gaieté ? Ne cèdent-ils jamais à la tentation de ravager un parterre, d'arracher des fleurs, de casser des branches: Les nids d'oiseaux sont-ils en sécurité? Tourmenter les bêtes ne serait-ce pas un de leurs passe-temps? On ne saurait assez surveiller cet instinct de destruction. Le plaisir pris à détruire une plante, à tourmenter une pauvre bête, est de la nourriture pour la plus mauvaise partie de l'homme, pour cette partie où dort le meurtrier prêt à s'éveiller : On commence par les bêtes, on finit par les hommes. Toutefois, ravir la vie à ses semblables est, après tout, chose rare, mais la leur gâter est chose commune. On peut la leur gâter en jouant. Tous les enfants aiment à jouer, mais à la condition que les joueurs se respectent mutuellement dans leur vie et leur santé. Allez donc jouer avec un brutal ! Vous rapporterez des dents cassées, un oeil poché, un mauvais coup de pied. - Où as-tu perdu cet oeil, mon enfant? - C'est en jouant, on m'a lancé une boule de neige où se dissimulait une pierre. - Voilà un jeu qui a coûté cher. - Pourquoi ce petit garçon de dix ans est-il si pâle ?- Des camarades lui ont enseigné à fumer. - Cet autre, là-bas, pourquoi est-il bossu? - Une personne chargée de le garder tout enfant, l'a laissé tomber et a caché ensuite son accident. Et celui qui, vicieux lui-même, enseigne à d'autres des habitudes vicieuses, n'est-il pas coupable de meurtre ? Le paresseux qui néglige son travail, déserte son poste, fait mal son service est un meurtrier : un cuisinier sale peut empoisonner les convives, un marchand qui vend de la mauvaise marchandise peut empoisonner ses clients. Meurtriers aussi les hommes qui, par la plume et la parole, répandent de fausses nouvelles et excitent à la haine. Notre santé, notre sécurité, notre bonheur, notre vie enfin, sont influencés de mille façons par les actes du premier venu, et chacun de nous exerce à son tour une influence sur le bien-être et la vie de plusieurs. A l'école la question se pose, du respect de la vie. De méchants écoliers sont une couronne d'épines pour un maître. Personne ne pourra jamais mesurer l'ennui, les contrariétés, causés à de pauvres instituteurs et professeurs par des élèves paresseux, retors, irritants. Résumons-nous : la vie est chose merveilleuse et chose sacrée. Que chacun la respecte en soi-même et dans les autres. Réprimons l'esprit de destruction… Ne ravissons la vie à personne ; ne la gâtons à personne ; ne froissons inutilement ni une fleur, ni une âme. Tenons à honneur de démentir le vers de La Fontaine où il dit en parlant des enfants : Cet âge est sans pitié ! |
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