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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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La joie au foyer (1)

Il y a quelques semaines j'assistais à une réunion de mères ; l'un des travaux présentés était le résultat d'une enquête faite pour connaître l'opinion des jeunes des deux sexes sur la famille. On avait distribué 60 questionnaires à des jeunes gens de 18 à 25 ans et les réponses reçues faisaient en quelque sorte le procès de la famille et du foyer : les parents jugés par leurs enfants.
Il y avait quelque chose de grand dans l'attention, le recueillement de ces mères écoutant l'opinion de jeunes gens anonymes dont les accents d'amour ou de reproches pouvaient être ceux de leurs propres enfants.
Les réponses à deux des questions m'ont particulièrement frappée.
A la première :« Quels ont été les points noirs de votre vie de famille ? » il était, hélas! assez souvent répondu :« La nervosité de ma mère, la mauvaise humeur de ma mère, les discussions entre mes parents ».
Tandis qu'à la question :«Qu'avez-vous aimé le plus chez votre mère? » la réponse de presque tous était : « Sa joie - sa gaieté - son entrain - son enthousiasme - sa bonne humeur. »
Pas un n'a écrit : « Sa bonté, son dévouement, son sacrifice » enfin toutes les qualités profondes qui sont les assises de nos foyers.
Au premier abord, je fus étonnée, puis j'ai compris que lorsque nous travaillons toute la journée pour eux, lorsque nous accomplissons inlassablement toutes les humbles tâches de notre vie de femmes, cela leur paraît normal, naturel. Mais lorsque nous rions avec eux, lorsqu'ils trouvent à la maison une atmosphère de gaieté malgré les soucis, c'est le don inattendu dont leur jeunesse a besoin. Et j'en ai conclu que c'est cela seul qui illumine la route.
C'est de cette gaieté, cette joie, cette atmosphère familiale dont nous sommes responsables que je voudrais vous parler.
Notre foyer sera ce que nous sommes; il nous appartient donc d'en faire l'asile de la paix malgré les circonstances adverses.
Il y a des écoles ménagères, des écoles de couture, de puériculture, etc. pour préparer la jeune fille à sa tâche de femme. Je voudrais qu'il y ait des écoles de formation morale et spirituelle pour lui apprendre à prévoir l'obstacle, et la rendre apte à le franchir, je ne dis pas à l'éviter ni à le contourner. L'obstacle demeure une des richesses de notre vie.
Le mariage n'est pas une affaire de bonheur égoïste, mais une possibilité merveilleuse d'évolution l'un par l'autre, l'un pour l'autre. Un chemin que l'on accepte loyalement de faire à deux et qui aboutit à plus de lumière et à une meilleure compréhension de la vie.
Si nous comprenions mieux que le foyer est un bien de l'humanité dont nous avons la gérance, nous n'irions pas au mariage avec toutes nos exigences enfantines, mais comme à une vocation, la plus grande, la plus belle, celle qui mérite tout notre effort, toutes nos possibilités d'amour, de don de soi et de sacrifice.
Pour apporter dans nos foyers cette joie, cette gaieté, cette bonne humeur que nos enfants réclament, nous devons les posséder, elles doivent faire partie de notre être intérieur et si nous ne les avons pas, faisons tout pour les acquérir, elles sont essentielles au même titre que le pain que nous n'aurions pas l'idée de refuser à nos enfants.
Une Française a brossé dans un petit livre plein de vérité un tableau savoureux de la vie d'épouse. J'en résume ce passage :
Il s'agit d'une toute jeune femme, Jeannine, qui demande à une aînée, Colette, l'art d'être à la hauteur de sa tâche.
Colette lui fait une petite démonstration sans phrases de ce qui l'attend. Elle pousse au milieu du salon le plus gros fauteuil :« Ceci sera ton mari. Cet autre fauteuil sera ta belle-mère, celui-ci ta belle-soeur, celui-là tes visites, quelques petits sièges pour tes enfants, une chaise pour la servante, une autre pour la lessiveuse. Tu remarqueras qu'il n'y a pas de siège pour toi. Tu es la seule qui ne seras jamais assise ». L'amie commence une ronde folle entre le mari, la belle-mère, les enfants, la servante, les visites. Elle tourne autour d'eux, va de l'un à l'autre, jusqu'au moment où à bout de souffle elle s'arrête :« Voilà, ma chère, c'est cela un ménage. C'est un peu dur, mais cela rend incroyablement souple, et surtout n'oublie pas le sourire, c'est l'essentiel. »
C'est peut-être un peu exagéré, mais c'est cela quand même. Alors comment faire pour trouver le temps de sourire au milieu de cette course échevelée, fatigante que la vie nous impose? Nous étonnerons-nous que quelques-unes, mal préparées, moins résistantes, tombent sur la route et deviennent pour leurs enfants un point noir :« la nervosité de maman ?»
Il nous faut apprendre à ne pas trébucher contre les mille petits obstacles du chemin. La partie est si difficile qu'il ne faut rien négliger pour sa réussite. Tout le monde n'est pas né joyeux, enthousiaste ? Non, mais tout le monde peut le devenir.
L'atmosphère du foyer dépend de notre équilibre physique, moral et spirituel. Comment l'acquérir et le conserver?
S'il est fâcheux de s'écouter, il est dangereux de se malmener. Il faut apprendre à tenir compte de nos forces et si le travail nous domine parce que la fatigue nous a mises en état d'infériorité, arrêtons-nous, ne fut-ce que cinq minutes. Détendons-nous, si c'est possible étendons-nous et nous reviendrons renouvelées à notre tâche. Mais ne forçons pas, c'est en forçant que l'on fait une brèche dans sa résistance nerveuse. Il faudra alors plus de cinq minutes pour la réparer.
Organisons notre travail, ayons une méthode, une discipline, sans exclure la souplesse qui sait faire face à l'imprévu.
Sachons nous faire aider et ne croyons pas être seule capable de bien faire les choses, acceptons avec simplicité la main qui se tend.
Il faut apprendre à discerner l'essentiel, ne pas s'éparpiller, ni user ses forces, sa sensibilité pour des choses secondaires et ne pas craindre de mettre parmi les choses essentielles, certaines qui à première vue peuvent paraître secondaires.
Nous avons travaillé toute la matinée, le dîner est prêt, il faut encore préparer joliment la table. Nul ne saura la peine que nous a coûté ce repas il faut encore vaincre notre lassitude et créer l'atmosphère qui permettra à ceux qui le mangeront d'en jouir. Sans cet effort, notre dîner, si bon soit-il, sera sans saveur.
Sachons aussi quelque fois perdre notre temps. Il m'arrive de jouer avec mes enfants, quand, normalement, je devrais raccomoder leurs bas, mais lorsque je fais avec eux une partie de croquet ou de « Nain jaune », lorsque je leur apprends à jouer sans tricher, à « savoir perdre », à être solidaires, à se réjouir du succès des autres, je crois que j'ai fait pour eux davantage que si j'avais ravaudé leurs bas.
Le temps passé à jouer avec eux ne sera pas perdu si devenus hommes ils ont appris le fair play.
Ne négligeons pas les petites joies. Je pense aux anniversaires : une table avec quelques fleurs, un gâteau, des bougies, des visages joyeux, et voilà pour toujours un souvenir lumineux.
Simplifions notre vie, elle n'en sera que plus harmonieuse; ne compliquons rien.
Ne soupesons pas trop souvent notre fardeau. Ceci ne veut pas dire qu'il ne faut pas le regarder en face; au contraire, il sera moins menaçant lorsque nous l'aurons bien examiné, et que nous aurons trouvé le moyen de le porter.
Luttons contre la mauvaise humeur, ce poison qui détruit la joie. Puisque nous arrivons à nous dominer devant des étrangers, pourquoi ne pas faire le même effort pour nos proches?
Évitons les regrets stériles. Regardons en arrière juste le temps nécessaire pour reconnaître nos torts, liquider la situation et tirer les conclusions, puis allons de l'avant.
Réservons-nous chaque jour un moment de recueillement. Si nous n'avions pas le temps de manger nous ne pourrions pas vivre; admettons que notre âme a les mêmes exigences impérieuses que notre corps ; si nous la laissons sans nourriture elle finira par s'épuiser. Allons à la source de toutes les énergies, à Celui qui a dit : « Je suis le chemin et la vie », à ce Dieu des bons et des mauvais jours. Sachons lui abandonner notre vie, nos enfants, nos soucis. Disons :« Seigneur, je te remets ma journée, tout ce que je ne puis ni résoudre, ni comprendre. » Et si nous avons dit :« Seigneur, je te remets mon fardeau », pourquoi nous en préoccuper encore ? Soyons logiques : nous l'avons remis, il ne nous reste qu'à accepter ce que Dieu mettra sur notre route.
Si nous sommes fidèles, si nous regardons la vie avec foi et confiance, cette joie que nos enfants attendent de nous, illuminera notre foyer.


(1) Extrait d'une causerie.









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