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Souffrances d'Enfants. L'enfants placé hors de son milieu familial (1)
On peut craindre qu'un enfant qui vit en dehors de sa famille se sente privé d'affection. Dans une famille qui n'est pas la sienne, il risque toujours, surtout s'il y a d'autres enfants, de se croire négligé, prétérité. Que ce soit souvent le cas, aujourd'hui encore parmi les « enfants de commune », des gens fort au courant des choses l'affirment, hélas ! - en tout cas l'enfant risque de croire que c'est le cas, et d'adopter une attitude dominée par l'envie et les revendications. Dans un internat, l'enfant ne court pas le même danger d'être négligé ; chacun y est traité « comme tous les autres ». Mais l'effet risque d'être pareil. Là, l'amour allait à d'autres qu'à lui. Ici, l'amour ne va peut-être à personne.
En un mot les dangers que court l'enfant qui est élevé en dehors du foyer familial, sont ceux qui résultent d'un vide affectif, d'un besoin inassouvi de tendresse.
Les intérêts matériels prennent alors la place que laissent disponible les intérêts du coeur qui ne trouve pas où se prendre. Gloutonnerie, gourmandise, n'est-ce pas une accusation que nous entendons porter souvent à l'égard des moralement abandonnés. (Un autre menu pour les maîtres dans les internats, ou, pour les enfants de la famille, des douceurs auxquelles les pensionnaires n'ont pas droit, n'est-ce pas le grand grief, des enfants placés, et celui auquel des éducateurs tant soit peu avisés ne devraient jamais donner prise ?) On observe souvent aussi chez ces enfants non seulement les déviations sensuelles auxquelles nous venons de faire allusion, mais une extraordinaire pauvreté de l'horizon intellectuel, conséquence du rétrécissement de l'horizon affectif.
L'enfant souffre souvent aussi, dans ces maisons où il est si bien surveillé, de n'avoir aucun lieu où il puisse se retirer à l'abri des regards, aucun coin qui soit vraiment à lui, pour serrer ses petits trésors et pour s'y retirer seul. Il y a dans le beau livre de Gunning, sur Ligthart, une page bien émouvante à ce sujet.
Mais cette page nous rappelle que les besoins dont nous venons de parler, et les dangers que court une petite vie où ces besoins ne sont pas satisfaits, ne sont pas le lot exclusif des enfants sans foyer. Comme il n'y a pas entre l'enfant arriéré d'intelligence et l'enfant normal de démarcation psychologique nette, de même il y a dans l'âme de nos propres enfants bien des traits qui leur sont communs avec les orphelins et les moralement abandonnés. Qui oserait affirmer que tous les enfants qui ont père et mère soient à l'abri de ces sentiments d'injustice ou de cette inanition du coeur dont j'indiquais le danger !
Et c'est pourquoi, une fois de plus, en nous penchant d'abord sur les maux les plus flagrants pour en discerner les causes et les remèdes, nous aurons
travaillé pour tous ceux auxquels nous n'avions pas pris garde d'abord parce que nous les tenions pour bien portants. On a découvert les bienfaits du plein air pour les enfants malingres d'abord, mais le soleil du bon Dieu et la tendresse d'un coeur qui les aime ne sont pas nécessaires seulement pour les petits pré-tuberculeux ou pour les «enfants placés ».
(1) Conclusion d'une Conférence sur ce sujet.
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