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Education mutuelle
Elever ses enfants selon Dieu, en faire des hommes, des chrétiens, dans toute la grande et noble acception du mot, c'est le rêve, le beau rêve, je suis sûre, de toute lectrice du journal. Le but est grand, digne de tous nos efforts, mais il nous semble si haut, si élevé que nous désespérons de l'atteindre. Nous sommes si loin nous-mêmes d'être ce que nous voudrions que nos enfants fussent! si loin de cette perfection que nous avons parfois l'inconséquence d'exiger d'eux! si loin même des vertus, de l'innocence et de la naïve bonne foi de ces petits, - dont les anges, dit jésus, voient la face de Dieu, - ces petits auxquels nous avons pourtant à ressembler pour entrer au royaume des cieux.
Ils ont cette simplicité de cÅ“ur qui nous manque trop souvent; ils sont si purs et vrais. Le sommes-nous toujours.
Nous sommes parfois étonnées de leur esprit d'observation, de leur perspicacité. L'éducation que nous leur donnons se retourne pour ainsi dire contre nous. Leur petite voix implacable se charge de nous dénoncer nos misères, de nous forcer à regarder en nous-mêmes, à être plus conséquents et plus fidèles dans la pratique des enseignements que nous voudrions leur inculquer.
C'est cette petite voix qui s'élève contre vous par exemple si vous vous laissez aller à dire quelque parole vive, à vous emporter contre la bonne qui vient de casser un objet de prix.
- Mais, maman, tu dis qu'il ne faut pas se mettre en colère et tu t'y mets bien contre Rosalie
Que répondre ? Rosalie a cassé il est vrai un objet auquel vous teniez, mais était-ce une raison pour la traiter avec cette dureté ? Si elle n'était pas tellement pressée par l'ouvrage, le surcroît de besogne dont vous la chargez inconsciemment peut-être, il est probable que l'accident ne serait pas arrivé. Et d'ailleurs quel mérite y a-t-il de rester calme lorsque tout va bien, tout marche à souhait ? De telles circonstances ne sont-elles pas les meilleures occasions d'exercer notre patience, notre esprit de support et de renoncement ?
Ou bien ce sera à propos de votre manque de droiture que la petite voix s'élèvera en jugement contre vous:
- Maman, tu as dit à Madame B. que tu étais contente de la voir, et pourtant tu disais ce matin que tu ne voudrais voir personne à cause de ton mal de tête et même tu as dit lorsque Rosalie t'a annoncé sa visite: Quel ennui! je suis si fatiguée.
Et ainsi de suite. . . .
Irons-nous, comme cela se fait dans le monde, arguer d'une morale autre pour nos enfants que pour nous? La méthode est dangereuse. On raconte qu'un petit garçon jurait, sacrait, à peu de chose près, aussi bien que son père lui-même. Aux observations de sa mère il répondait carrément: -Puisque papa le dit bien, lui.
- Mais ton papa est un homme, ce n'est pas la même chose!
L'argument ayant été souligné peu après par une correction administrée à ce propos par le père, (!) l'enfant se le tint pour dit. A quelque temps de là il fit sa première communion.
Au retour de la cérémonie sa mère l'embrasse en disant: Tu es un homme maintenant!
Parole fatale, qui fut comme le brevet d'émancipation du petit homme. Un moment après, le vocabulaire le plus grossier s'échappait de ses lèvres.
- Malheureux que fais-tu ? lui dit la pauvre femme terrifiée. Jurer! Un jour de première communion encore!
- Mais, justement, dit le petit garçon triomphant: Je suis un homme maintenant!
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