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Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Les Vacances

Une mère à qui l'on demandait quel était le plus grand bienfait des vacances pour ses enfants répondit: Elles leur donnent liberté et repos.
Une autre mère questionnée sur ce qu'elle allait faire pour eux pendant ce temps répondit:
- Je vais les aimer!
- Comment? Ne les aimez-vous pas toujours?
- Sans doute, mais mes nombreuses occupations ne me permettent pas de leur témoigner cet amour comme je le voudrais et si j'en ai le loisir ce sont eux alors qui sont pressés de partir pour l'école enfantine, le collège ou la promenade. Pendant les vacances, au moins, je veux qu'ils sachent ce que c'est que d'avoir une maman pour les aimer!
Liberté, repos, amour, voilà bien les trois choses essentielles, je dirai même inséparables dont nos enfants auront besoin pendant ces congés qui vont commencer pour eux.
Quant à l'emploi de ce temps il dépend tellement des circonstances et de la situation de chaque famille que nous devons nous contenter de grouper quelques pensées générales autour de ces trois mots: liberté, repos, amour.
Pendant de longs mois les enfants qui suivent les écoles, fût-ce même l'école primaire, n'ont que peu d'heures dont ils puissent librement disposer. Le programme de chaque journée ne laisse guère de place à l'initiative; et de nombreux règlements rappellent constamment le « tu dois» et « tu ne dois pas». Dans le cercle même de la famille, surtout lorsqu'on habite la ville, il n'est pas question de faire tout ce qu'on voudrait. Il y a des jeux interdits par la poussière qu'ils soulèvent ou le bruit qu'ils font.
Ayant été, un jour de printemps, passer la journée à la campagne avec mes enfants je leur dis, tout en m'asseyant sur l'herbe verte: « Maintenant vous pouvez vous rouler par terre et crier tant que vous voudrez! » Quelle exclamation de surprise et de joie ! Et comme ils profitèrent de la permission ! Mais ce n'est pas en cela seulement que consiste la liberté des vacances. C'est le moment de faire une large place à cette initiative qui, nous l'avons vu, a été comprimée pendant les trois quarts de l'année. Au lieu de dire à votre jeunesse : Aujourd'hui nous ferons ceci, nous irons là, dites plutôt: «Voyons, enfants, que ferons-nous? Avez-vous des projets?» Si vous avez la jouissance d'un jardin, d'un verger, laissez garçons et fillettes s'y ébattre à leur guise et parfois sans surveillance : quelques recommandations aux aînés concernant les cadets et si possible point de défense. S'il surgit quelque dispute, elle se terminera bien plus vite que si l'on pouvait recourir à vous comme arbitre. Quant aux méfaits si souvent redoutés de la part de gamins entreprenants, ils seront plus rares dans ces conditions où la liberté a été accordée de plein gré que si elle avait été accidentelle ou obtenue par ruse. Je suis persuadée que les espiègleries dont on se plaint de la part des enfants sont dues en grande partie à une surveillance trop étroite. J'ai vu une fillette très vive et énergique de 3 ans 1/2 et son frère de 5 ans 1/2 (très garçon) passer des matinées entières dans un grand jardin où il y avait des serres, un bassin, des robinets, etc. . . et bien que personne ne fût chargé de leur surveillance il n'y eut pendant 2 mois aucun méfait à signaler, aucun accident à déplorer et aucun vêtement sérieusement endommagé. De temps à autre la fillette poussait des cris épouvantables, qui n'émouvaient personne, parce qu'on les connaissait de longue date. Alors maman posait une ou deux questions. La réponse était invariable: on s'était disputé! « Eh! bien, si vous ne pouvez pas vous entendre, séparez-vous et que chacun s'amuse de son côté! » Et la maman retournait à son travail sachant bien que les deux bambins s'empresseraient de recommencer leurs jeux à l'amiable.
Oh! la précieuse liberté! comme elle forme le caractère, rend simple, fort, réfléchi, courageux, et développe le sentiment de la responsabilité. Elle est la condition du vrai repos, elle est déjà elle-même un repos.


Et le repos aussi est nécessaire à nos enfants. Ils ont, l'hiver dernier, poursuivi un travail régulier qui a souvent nécessité de leur part de véritables efforts; les temps d'examens leur ont occasionné des soucis, peut-être des veilles; et les congés du dimanche et du jeudi ne leur ont pas toujours apporté un repos proportionné à la fatigue des autres jours. Voici le moment de se rattraper, bien plus, de faire provision de force, de sommeil, de santé pour l'automne. Il ne s'agit point de bannir les devoirs de vacances oh ! non. Nous n'y songeons pas davantage qu'à bannir le sel d'une pâte sucrée, ce serait lui ôter sa saveur. Mais ce qui était la règle, le travail, deviendra l'exception et ce qui était exceptionnel, le repos, deviendra la règle.
Ce repos, nous l'avons vu, sera surtout une joyeuse activité, autant que possible en plein air. Cependant ne pensons pas qu'il n'y ait point de milieu entre le jeu et le travail. Nous avons peur de l'oisiveté et nous avons raison, mais ne craignons pas de voir nos enfants n'être occupés qu'à se laisser vivre.
Un excellent pasteur disait, en parlant d'un séjour qu'il venait de faire au bord de la mer, combien cela lui avait fait de bien, au corps et à l'âme, de vivre de la vie des crabes !
S'étendre sur l'herbe, regarder les insectes qui la parcourent, ou contempler le ciel bleu, écouter le chant des oiseaux, le murmure du vent dans les arbres, respirer le parfum des fleurs, ce n'est pas du temps perdu. Le coeur et les sens sont en fête

Et nous bénissons Dieu, le Dieu de l'Evangile,
Qui répand ici-bas ses biens sans les compter;
Et vivre saintement nous semble aussi facile
Qu'à l'herbe de verdir, à l'oiseau de chanter.

Si la mère de famille le peut, qu'elle partage avec ses enfants cette occupation-là. Active et consciencieuse, elle hésitera peut-être. Ne doit-elle pas employer ses moments de liberté à cultiver son intelligence, pour être à la hauteur
de sa tâche, et si elle est au milieu de la belle nature avec ses enfants, n'en doit-elle pas profiter pour l'étudier avec eux et en tirer quelque utile leçon ?
Comme ce grand homme qui ne se souciait ni de la théologie ni de la botanique mais aimait passionnément la religion et les fleurs, cette mère fera bien de se contenter de jouir de la nature et d'en laisser jouir sa petite famille, sans autre idée d'instruction. Et si elle peut répondre ne fût-ce qu'à la moitié des questions qui sortent de ces jeunes cerveaux et de ces petites bouches roses elle fera une oeuvre utile, surtout si elle n'oublie pas de prendre le temps de les aimer.
Malheureusement bon nombre de mères n'envisagent pas du tout ces vacances avec plaisir. Cela rentre pour elles dans la catégorie des maux nécessaires auxquels on se soumet en soupirant, si toutefois on se borne aux soupirs. Elles ne disent pas: « Je vais pouvoir aimer mes enfants ». Hélas! non; avant, pendant, et après les vacances elles se répètent et répètent à leurs enfants sur tous les tons, et le plus sonvent sur un ton où l'amour ne se discerne guère: « au moins quand vous êtes à l'école, on est tranquille; c'est un fameux débarras! »
Pauvres Mères! Elles sont plus à plaindre qu'à blâmer car celles qui parlent ainsi sont obligées de passer ces semaines-là en ville, dans le même modeste logis où pendant toute l'année leurs occupations ne varient guère. Pour elles, l'été n'allège pas leur fardeau quotidien car si leurs enfants ont plus de temps pour les aider, ce qu'ils ne font pas toujours très volontiers, ils ont aussi plus de temps pour être entraînés par de mauvais camarades, commettre des méfaits de tous genres, salir et déchirer leurs habits, faire du tapage et se disputer. Et pourtant ces enfants-là, et petit-être surtout ceux-là, auraient besoin d'amour. Mieux, oh! bien mieux, que les défenses, les gronderies ou les châtiments, l'amour maternel les retiendrait dans le bon chemin. Si leurs mères n'ont vraiment pas le temps de multiplier les témoignages spéciaux de leur affection qu'elles fassent avec amour ce qu'elles sont obligées de faire pour leurs enfants; qu'elles disent avec amour ce qu'elles sont obligées de leur dire. Parler avec amour, ne prend pas plus de temps que de parler avec impatience, dureté, mauvaise humeur. Il y a par exemple tant de manières différentes de demander à un garçon à quoi il vient d'employer son après-midi. Si même on ne lui dit que ces simples mots: « d'où viens-tu? » il peut par notre ton, notre regard, l'expression de notre visage être attiré ou repoussé, répondre franchement ou avec détours, être réjoui ou attristé, se repentir ou s'endurcir … et ainsi d'un bout à l'autre de la journée.
Rien n'est plus naturel que d'aimer ses enfants, mais combien rare l'amour maternel témoigné de la bonne manière. Pour cela encore il faut la grâce de Dieu.
Nous pensons que peu nombreuses sont les familles qui ne peuvent absolument pas accorder de temps à autre plus de liberté et de repos à leurs enfants en temps du vacances qu'en temps ordinaire. Si, stimulés par la perspective d'une douce joie, les enfants ont aidé activement dans le travail de la journée, ne pourront-ils pas fermer la porte du logis et s'en aller tous ensemble jouir de l'air pur et du chant des oiseaux soit dans les chemins verts qui sont le charme des environs des petites villes, soit dans les jardins publics qui sont ouverts dans toutes les grandes cités ? A ce propos, nous ne saurions trop encourager les parents à profiter des après-midis des dimanches pour les promenades, en famille, non pour échanger le café du coin contre le restaurant du village, mais pour savourer sur l'herbe fraîche ou au bord de quelque ruisseau les modestes provisions apportées dans le petit panier qu'on remportera rempli de fleurs destinées à égayer le logis durant la semaine.
Quant aux mères qui ont le privilège d'avoir elles-même un peu congé pendant les vacances scolaires; qu'elles rendent tout d'abord leurs actions de grâces au Dieu qui les bénit de cette manière. Puis qu'elles profitent largement de l'occasion qui leur est donnée de vivre davantage avec leurs enfants. Pendant les autres mois elles ont suivi avec intérêt les occupations de leurs petits écoliers, elles ont prêté une oreille attentive à leurs récits et sont ainsi parvenues à vivre un peu de leur vie ; mais c'était quand même deux vies. Maintenant il n'y en aura plus qu'une. Sans perdre sa dignité, la mère redeviendra un peu enfant et sans perdre leur gaîté les enfants s'efforceront de partager la vie de maman .
Jeunes et vieux pourront s'observer de plus près et plus à loisir et même si quelque défaut ignoré se révèle, bien des qualités méconnues aussi feront leur apparition et se développeront avec l'aide de Dieu. Le mal surmonté par le bien, c'est l'oeuvre de la vie entière, oeuvre d'amour, à laquelle tout doit concourir; n'en n'exceptons pas le temps des vacances!









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