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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
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Les Amis

Remarquons tout d'abord qu'il est à désirer que l'enfant connaisse l'amitié, afin que les sentiments humains aient tous leur place dans son coeur. S'il restait étranger à cette sainte affection, la nature humaine ne serait pas chez Lui à l'état complet.
D'ailleurs une amitié vraie contribue à rendre l'enfant plus content et plus heureux. Qu'il jouisse donc de cette douceur! Que son âme puisse s'épancher dans une autre âme qui le comprenne !
Les enfants sont heureux assurément de l'affection de leurs parents. C'est la plus désintéressée et la plus tendre. Le coeur d'un père et celui d'une mère sont des abris que rien ne peut suppléer, excepté Dieu, qui suffit à tous. Mais les parents ne peuvent pas entrer dans tous les détails de la vie enfantine; l'amitié d'ailleurs veut l'égalité; un jeune camarade remplira seul ces conditions. Faites donc ce qui dépend de vous, pour que votre enfant trouve un ami.
Mais ne le choisissez pas pour lui. Laissez son coeur se donner librement. Sans cette liberté, il n'y a point d'amitié véritable. - Si vous vouliez influer directement sur le choix qui doit être fait, vous rencontreriez des résistances. Votre enfant, se détournant de celui qui lui aurait été désigné, ne manquerait pas de s'attacher à un autre.
Seulement, ayez soin d'éloigner de votre maison et de votre cercle domestique tous les enfants du même âge qui vous paraîtraient peu sûrs, sous le rapport du caractère et de la moralité. Dans cette partie de la discipline, vous pouvez et devez employer toute votre influence. Mais une fois l'entourage formé, que votre enfant choisisse son intime.
Quand il est placé dans un collège ou dans une institution nombreuse, le cas devient plus difficile. Toutefois, si vous avez soin de vous faire rendre compte de ce qui se passe, si vous faites sentir à votre enfant le danger de toute liaison suspecte, si vous refusez de recevoir chez vous le jeune camarade qui vous inspire de la défiance, la liaison formée imprudemment ne sera pas de longue durée.
Quoique vous ayez mis un grand scrupule dans la formation du cercle qui entoure habituellement vos enfants, ne croyez pas, pour cela, pouvoir vous dispenser d'une stricte surveillance.
Ne vous figurez pas que cette troupe enfantine, si radieuse, si aimable et si gaie, soit innocente et pure, comme tant de gens se l'imaginent. Le mal est partout et il se trouve aussi dans ces jeunes coeurs. Si vous les abandonniez entièrement à eux-mêmes, vous pourriez voir le vice faire une invasion soudaine dans votre famille et flétrir ces belles fleurs que vous avez cultivées avec tant d'amour. Soyez donc sur vos gardes et, sans gêner, par un espionnage toujours odieux, les mouvements du groupe animé, observez le développement des esprits et des caractères. Quand le mal se montre, dites à vos enfants et à leurs amis quelque parole à propos, pour que la déviation ne passe pas inaperçue et ramenez-les avec bonté à la ligne qu'ils doivent suivre.
S'il se manifestait dans le cercle un cÅ“ur corrompu ou méchant, un enfant ayant des penchants vicieux prononcés, éloignez-le indirectement, si cela est possible, directement, s'il le faut, afin que la liaison des jeunes amis ne soit pas dénaturée et peut-être souillée. Il y va de leur avenir. Il faut le sauvegarder avant toute chose.
… Encouragez les amis de vos enfants à entremêler le travail corporel et le travail intellectuel. Donnez-leur vous-mêmes de temps en temps une petite fête, afin de maintenir l'équilibre des forces diverses et de récompenser l'activité assidue. Ne faites pas de gands apprêts; que la simplicité préside aux délassements et aux joies que vous offrez : une journée passée à la campagne, le laitage, les fruits et le parfum des bois font plus de plaisir à la jeunesse que tout le luxe des salons. Prenez part aux amusements et aux transports de la bande joyeuse ; vos enfants vous tiendront grand compte et votre présence sera une garantie contre tout abus. Les parents qui s'associent sans pédanterie et avec une aimable gaîté aux délassements de leurs enfants, resserrent les noeuds qui les unissent à eux et les abritent plus sûrement contre l'influence du monde.
Si les jeunes gens goûtent les douceurs de l'amitié, qu'ils en apprennent aussi les devoirs. Je me souviens de la question grave que me fit une bonne mère, avec le fils de laquelle je m'étais fort lié. " Vous êtes ami de mon fils, me dit-elle, je vois que vous êtes heureuse d'être ensemble. Soyez sûr que je m'associe à votre joie. Mais votre amitié tourne-t-elle à votre perfectionnement mutuel ? et avez-vous bien réfléchi aux obligations que cet attachement vous impose à l'un et à l'autre ? " Je ne sais trop ce que je répondis; j'éprouvai, je crois, un peu de confusion ; mais depuis ce moment, je compris mieux le caractère sacré de l'amitié et les devoirs par lesquels elle nous lie. S'aimer, pour entrer ensemble dans la carrière chrétienne et y faire chaque jour des progrès nouveaux ; se dire la vérité que les indifférents sont si peu disposés à nous dire, avoir l'oeil l'un sur l'autre, afin de se préserver de chute et de s'exciter à remplir les devoirs qui se rapportent aux études, les devoirs envers les hommes et envers Dieu : voilà assurément à quoi nous oblige toute amitié sincère.
Je suis heureux de saisir cette occasion de rendre hommage à ces sociétés de jeunes gens qui, depuis quelques années, se sont formées en divers pays, dans le but de favoriser le développement de la piété et de l'activité chrétienne parmi les personnes de cet âge. C'est là une de ces nobles unions qui montrent tout ce que peut devenir l'amitié sous l'influence du principe chrétien, et la puissance qu'elle peut exercer sur la multitude, qui souvent ne fait pas le bien, parce que personne ne l'exhorte à le faire. Ces associations ont déjà obtenu de très beaux résultats, et leur nombre toujours croissant fait présager qu'elles s'étendront comme un immense réseau sur les deux hémisphères.









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