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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURRespirez bien * Pour répondre au vieil adage «prévenir vaut mieux que guérir», il est beaucoup de conseils qui nous sont donnés. Mais bien souvent, ces conseils, pour être mis en pratique, demandent de nous un temps que nous ne savons où prendre dans nos journées déjà chargées. J'essaierai ici de vous encourager à bien respirer sans perdre de temps. Pour qu'une chose soit bien faite, il faut avoir envie de la faire, y être entraîné par conviction, en comprendre la nécessité ou l'efficacité. Faites d'abord quelques expériences sur vous-mêmes, je vous indiquerai ensuite comment les reporter sur l'enfant. Le rôle de la respiration est double: 1) par l'inspiration il est d'apporter au corps l'oxygène, gaz essentiel à l'entretien de la vie dans les cellules; 2) par l'expiration, de débarrasser le corps d'un gaz toxique, l'acide carbonique. Ces deux gaz ont le sang comme véhicule à travers le corps. C'est donc par un échange qui se fait dans les poumons entre le sang et l'air que le travail de purification du sang peut avoir lieu. Pour que le contact entre le sang et l'air se fasse le plus largement possible, il faut que la surface sur laquelle cet échange se fera soit aussi grande que possible. Eh bien (et c'est là une des nombreuses merveilles de la structure du corps humain), lorsque l'air a pénétré dans les poumons, il va se répandre dans une multitude de petites alvéoles tapissées d'une fine membrane riche en vaisseaux capillaires sanguins. Ce tissu pulmonaire est élastique. A l'inspiration qui est une dilatation du thorax, les alvéoles se dilatent aussi et leur surface s'agrandit d'autant, l'oxygène de l'air passe dans l'hémoglobine du sang. A l'expiration, les alvéoles se contractent et chassent au dehors l'air vicié par la décharge d'acide carbonique que le sang y a faite. Plus la respiration sera ample, meilleur donc sera cet échange. Quelles sont les conditions d'une ample respiration ? Tout d'abord, en voulant bien respirer, éviter d'être tout contracté tant on se donne de peine pour bien faire. La contraction est un frein à l'amplitude des mouvements respiratoires. La dilatation plus ou moins grande du thorax est surtout liée à votre attitude habituelle. Dans votre travail, s'il exige de vous une position assise prolongée, ne vous laissez pas affaisser, dos rond, épaules en avant, poitrine creuse, mais trouvez une position où le thorax soit aussi dégagé et libre que possible (votre esthétique en bénéficiera!). De temps en temps, spécialement aux moments où vous sentez que votre attention se relâche, commencez par faire une expiration bien complète suivie (en relevant la tête et en vous allongeant) d'une profonde inspiration. Répétez deux ou trois fois, pas davantage. J'insiste sur ce point car cette respiration dite « à froid » n'est bienfaisante que si vous suivez ce conseil de modération. Portez bien votre attention sur l'expiration, car l'expiration aussi complète que possible appelle tout naturellement une profonde inspiration. Il est bien certain que si vous pouvez vous lever et aller faire ces deux ou trois mouvements près d'une fenêtre ouverte, le bénéfice en sera encore plus grand. Où que vous soyez, mais spécialement à l'air froid, n'oubliez pas de faire vos respirations bouche fermée. Il est important que l'air pénètre dans vos poumons humecté et tempéré par son passage sur les muqueuses du nez où éventuellement il déposera aussi certaines particules en suspension dans l'air qui pourraient être nocives pour vos poumons. Ceci m'amène maintenant à vous parler du rythme de la respiration. Ecoutez respirer un dormeur. Vous remarquerez que l'inspiration et l'expiration ne sont pas d'égale durée : l'expiration est un peu plus longue, à mieux dire, elle est suivie d'un arrêt qui en prolonge la durée. Ceci est le rythme normal de la respiration non excitée par un exercice ou un effort. Lorsque vous prenez un exercice un peu vif, il est normal que la respiration soit plus rapide et que le rythme respiratoire ne soit plus le même qu'au repos. Mais ne fixez pas votre attention sur ce rythme. Laissez la nature agir, laissez votre organisme répondre à ses besoins. Il n'est pas juste d'imposer un rythme respiratoire lent à celui qui est en plein exercice violent et qui a besoin de respirer vite. Décontractez-vous. Arrêtez l'exercice violent s'il vous essouffle trop. Attendez que le calme revienne, non pas en vous affalant sur un siège, mais en marchant tout tranquillement, puis alors et alors seulement faites volontairement deux ou trois bonnes respirations profondes. Voici que vous avez fait ces expériences sur vous. Mais si votre enfant respire mal, que devez-vous faire? Tout d'abord être certaine qu'il n'y a pas un obstacle du côté nez-gorge. En cas de doute, consultez un médecin. Bien des enfants gardent l'habitude de respirer bouche ouverte parce qu'ils ont eu des rhumes répétés ou parce qu'ils ont eu des végétations qu'on a enlevées mais qui ont troublé l'habitude d'une respiration nasale. Il faut avec patience et douceur encourager ces enfants à retrouver leur respiration normale par le nez, chercher et trouver des arguments qui arrivent à les convaincre de faire cet effort. Surveillez de très près les sous-vêtements (gaines caoutchoutées, ceintures trop serrées). Pour terminer, j'insisterai encore sur ce point : si votre enfant est pâlot, lymphatique, éparpillé d'esprit, s'il a peine à fixer son attention, regardez soigneusement si la respiration nasale est libre, s'il peut et sait bien respirer. Faites-lui faire à plusieurs reprises dans la journée et pas davantage de deux à trois fois de suite de profondes respirations en commençant bien par une expiration aussi complète que possible. Et puis donnez-lui tout son dû de joyeux jeux en plein air. * L'auteur de cet article a été pendant de longues années professeur de gymnastique. Nous lui sommes reconnaissants de ce qu'elle nous ait permis de publier ici le fruit de ses riches expériences. |
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