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Les enfants ont des oreilles
Des parents parlent devant leur petit garçon de cinq ans de leurs soucis financiers, de leur inquiétude pour l'avenir. Le père est un nerveux, un anxieux, et s'exclame :
- Comment allons-nous nourrir les enfants?
Ce n'est qu'à ce moment que l'on pense à faire sortir le petit qui éclate en sanglots.
Je m'efforce de faire comprendre au jeune ménage :
- Vous avez en tort de raconter vos ennuis devant votre fils. Voulez-vous lui inculquer pour toujours la peur de vivre?
On m'objecte qu'il n'a pleuré que parce qu'il voulait rester, et qu'un enfant de cinq ans ne comprend rien à ce que disent les grandes personnes.
Quelle erreur ! C'est à cet âge tendre que s'inscrivent dans notre cerveau, dans notre sensibilité, des impressions indélébiles. J'ai eu cinq ans, moi aussi, et mes souvenirs les plus aigus se situent entre ma troisième et ma sixième année. Mes parents avaient leurs soucis, comme tout le monde, et je leur dois une infinie gratitude : ils n'ont prononcé devant moi que des mots d'espoir, de courage, d'indulgence et de joie. Ils n'ont pas faussé, dès ma naissance, l'instrument avec lequel j'allais plus tard façonner mon existence. Par contre, je connais un garçon qui éprouve pour le travail une aversion insurmontable, sans être cependant paresseux. Pourquoi ? Son père, assez emphatique de son naturel, s'écroulait dans un fauteuil en rentrant de son bureau, en s'exclamant que ce travail le tuait
Cela enjolivé de tant de commentaires négatifs que l'enfant fut, une nuit, surpris en larmes par sa mère : il pleurait à la pensée qu'il devrait travailler lorsqu'il serait an homme
Aujourd'hui, ce père blâme son fils de son manque d'énergie. A qui la faute ? Pour guérir ce garçon il faudrait, patiemment, obstinément effacer le souvenir même de ces impressions négatives, et les remplacer par des impressions joyeuses, dynamiques, constructives.
Prenez bien garde
Lorsque vous parlez devant vos enfants, demandez-vous si vous souhaitez vraiment que les mots prononcés devant eux les marquent pour la vie, conditionnent leur destin.
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