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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURL'orthographe I. L'enfant du demi-siècle ignore-t-il l'orthographe? « L'orthographe ! Ah ! disent les professeurs de sixième, nos élèves l'ignorent; les fautes d'accord et d'usage pullulent dans leurs copies; si, dans les dictées ou devoirs de français, les enfants veillent un peu à l'orthographe, ils semblent l'oublier systématiquement en histoire ou en sciences naturelles. Quant aux cahiers de textes et de brouillons… » « L'orthographe ? C'est insensé, écrit le père d'une élève. Quand j'avais son âge, je faisais une ou deux fautes dans un devoir; ma fille, elle, fait une faute par mot! » Je n'ai pas lu ces doléances dans un journal de Suisse romande. Ces lignes, d'un professeur au lycée de jeunes filles de Clermont-Ferrant, ont paru en 1951 dans une revue pédagogique française. Un article de journal commence ainsi :« On constate que les rapports lus au cours des cérémonies de promotions déplorent une fois de plus la faiblesse de nos écoliers en orthographe… » Et l'article n'a pas été publié en 1954, mais bien en juin 1900, voici donc plus d'un demi-siècle. Ces deux citations - et il serait facile d'en trouver beaucoup d'autres du même ordre - démontrent que le problème de l'orthographe et de son enseignement ne date pas d'aujourd'hui et n'est pas limité, comme on le prétend souvent, à la Suisse romande ou à tel de ses cantons. Une expérience intéressante a été faite à Genève par le laboratoire de pédagogie expérimentale de l'Institut des sciences de l'éducation. Un texte dicté en 1921 à plus de 1.000 élèves, a été dicté à nouveau en 1947 dans les mêmes degrés scolaires. Les résultats de 1947 ont été comparés à ceux de 1921 que l'on avait heureusement conservés. Dans l'ensemble, l'orthographe des travaux de 1947 est légèrement meilleure que celle des dictées d'il y a un quart de siècle. C'est là une constatation de caractère scientifique que l'on ne saurait ignorer. Toutefois, ne donnons pas à cette comparaison précieuse une signification qu'elle n'a pas; elle atteste simplement - mais c'est déjà considérable - que nos élèves savent l'orthographe aussi bien que ceux de la génération précédente. Mais écrire sans fautes une dictée et écrire sans fautes chaque fois que l'on prend la plume ou le crayon sont choses fort différentes; et il reste probable que, aujourd'hui, les enfants et les adolescents veillent moins qu'autrefois à la correction orthographique. L'école a donc le devoir d'entraîner et d'obliger l'élève à respecter l'orthographe partout et toujours. Il doit acquérir l'habitude de la correction orthographique et la conscience de son importance et de sa valeur. Ce qui revient à dire que le problème de l'orthographe est d'abord une question d'attention - et un médecin a pu écrire des pages pertinentes sous le titre «L'inattention contemporaine», - ensuite une affaire d'éducation, au sens d'égards dus à autrui. L'on néglige trop ce fléchissement contemporain de l'attention et de l'éducation lorsque l'on reproche à l'école de mal enseigner l'orthographe. |
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