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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURL'orthographe II. Affaire d'éducation Une revue pédagogique française introduisait récemment une étude sur l'enseignement de l'orthographe par ces lignes : « La réforme attendue - et toujours problématique - de l'orthographe ne doit pas être le prétexte d'un affaiblissement du souci orthographique. En vérité, cet affaiblissement paraît être le reflet de l'amoindrissement du goût de l'effort, du laisser-aller général, du manque de respect de soi-même et des autres contre lesquels les éducateurs ont le devoir de réagir. » En effet, remettre un travail écrit à son maître ou envoyer une lettre à son destinataire sans prendre la peine de relire attentivement son texte, constitue bien un « manque de respect de soi-même et des autres », une absence d'égards envers celui à qui l'on s'adresse, une incorrection. On n'en a peut-être pas toujours conscience en un temps où l'on confond aisément débraillé et spontanéité, désinvolture et franchise, respect des formes et obséquiosité, et où la courtoisie passe souvent pour un luxe superflu. Je pense que l'exactitude est un élément essentiel de l'éducation. Dans son acception la plus large, elle consiste à faire complètement, soigneusement et à l'heure dite ce qui est à faire. De nombreux adultes n'en sont pas capables. Raison de plus pour lutter sans relâche, en classe et dans la famille, contre la tendance naturelle au laisser-aller, à la négligence, à l'inachevé. Il faut inculquer à l'enfant dès son plus jeune âge des habitudes d'ordre, de précision et d'exactitude. L'à peu près est l'ennemi Numéro 1 que tout éducateur, maître ou parent, devrait pourchasser sans trêve. Fabriquer, à la leçon de travaux manuels, un protège-cahier dont les angles droits mesurent 85°, est une négligence. Présenter à son maître une feuille aux bords déchiquetés et à la marge oblique en est une autre. Dire « J'trouve pas mon livre » est encore une négligence. A son instituteur qui le reprenait, l'élève qui venait de mutiler ainsi la négation répondit :« Mais on comprend sans « ne » ! Evidemment ! De ce point de vue, le respect de la langue n'est plus qu'une tracasserie inutile. Nous voici apparemment éloignés de notre sujet. Au contraire, nous sommes au coeur du problème. Le rendement de l'enseignement de l'orthographe n'est pas tant une question de méthode ou de procédure didactiques. C'est un fait incontestable que l'orthographe des élèves dépend directement de l'atmosphère générale de la classe. Quelles que soient les volées, l'orthographe est toujours meilleure dans les classes où le maître sait exiger en tout domaine l'ordre, la précision, l'exactitude. On constate une corrélation évidente entre l'orthographe de l'ensemble des élèves et, par exemple, la bienfacture des travaux écrits ou même l'ordre dans les pupitres. C'est là un aspect essentiel du problème de l'orthographe. Les adultes ont-ils toujours ce souci de perfection qu'ils exigent ou devraient exiger des enfante ? Je n'en suis pas certain. Alors pensons, là également, en classe et dans la famille, à la valeur de l'exemple. L'orthographe est souvent un test de caractère. Se tromper dans l'accord délicat de tel participe passé pronominal ou dans la graphie subtile de tel mot rare, c'est de l'ignorance ; et l'ignorance peut être pardonnable. Mais omettre un signe du pluriel, oublier un accord élémentaire de verbe, estropier un mot d'usage courant, c'est de la négligence ; et la négligence n'est pas pardonnable. Sainte-Beuve écrivait: « L'orthographe, c'est la propreté du style ». En toutes circonstances, montrons à nos enfants que, pour eux-mêmes et pour autrui, leur style doit rester propre. |
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