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RETOURL'orthographe III. Affaire d'attention Les fautes d'orthographe, si fréquentes dans les travaux de nos écoliers, procèdent, nous l'avons vu, de l'inattention beaucoup plus souvent que de l'ignorance. Inattention! Voilà le grand mot lâché, le mot qui revient à chaque page des bulletins hebdomadaires :« Jean est inattentif ». « Je déplore l'inattention de Pierre ». Maîtres et parents connaissent bien ces observations. En effet, la dissipation d'esprit est aujourd'hui un fléau qui sévit à tous les degrés de l'enseignement. L'attention que la plupart de nos élèves peuvent porter à leur travail est de courte durée ; elle ne se maintient pas et faiblit très vite, malgré l'effort constamment renouvelé du maître. Les résultats seraient meilleurs et les progrès plus importants s'il n'était pas si difficile d'obtenir, dans nos classes, une attention soutenue. Relevons que l'on exige ici des enfants ce que tant d'adultes seraient incapables de donner. Car l'inattention n'est pas seulement un fléau scolaire ; c'est une calamité générale dont, voici quelques années, dans un petit livre substantiel, le Dr René Lacroix a présenté l'étude pénétrante sous le titre « L'inattention contemporaine ». Dans un rapport récent du service technique de la police genevoise, on relève par exemple que, pour l'année 1952, l'inattention venait en second rang dans l'ordre de fréquence des fautes commises par les responsables d'accidents de la circulation. Enfants et adultes sont d'ailleurs victimes des conditions générales de la vie moderne, singulièrement de la vie citadine. La dispersion d'esprit contemporaine a des causes multiples et évidentes qui naguère n'existaient pas ou n'exerçaient pas une influence aussi profonde. Mais quelle que soit l'origine du mal, il reste qu'un travail intellectuel quelconque ne peut être mené à bonne fin sans concentration d'esprit. Les parents rendront donc un précieux service à leur enfant en luttant sans trêve contre tout ce qui contribue à disperser l'esprit. Qu'ils vouent à son hygiène psychique autant de sollicitude qu'à sa santé physique. Qu'ils veillent à lui assurer, dans le cadre de notre existence agitée et bruyante, une vie aussi calme, aussi régulière que possible. Quant à l'école, le développement de la faculté d'attention doit être l'un de ses objectifs essentiels. A l'école enfantine, c'est le rôle de nombreux exercices sensoriels. D'aucuns voient là, bien à tort, un jeu, alors que cette activité est infiniment plus utile et plus rentable que l'acquisition prématurée de certaines notions intellectuelles. A l'école primaire aussi, il serait souhaitable de consacrer, de temps à autre, quelques instants à un entraînement méthodique visant à développer et à renforcer l'attention. Mais ne parlions-nous pas d'orthographe, direz-vous ? Rassurez-vous. Les exercices variés destinés à atténuer l'inattention et l'étourderie, font plus pour l'acquisition de la correction orthographique dans l'ensemble des travaux que la plupart de nos dictées traditionnelles. Tout ce qui contribue, à un degré quelconque, à développer le sens de l'exactitude et l'aptitude à l'attention soutenue améliore l'orthographe de nos écoliers, ce qui ne dispense pas de tendre à un enseignement toujours plus rationnel et plus efficace de cette discipline. D'autre part, exercer et développer par tous les moyens la faculté d'attention, c'est donner à l'enfant, par delà une orthographe correcte, une formation infiniment précieuse puisque, selon Bergson, « la vraie supériorité d'esprit n'est autre chose qu'une plus grande force d'attention». |
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