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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURRespect pour l'âme des enfants Elle était vive et ardente et avait environ douze ans à l'époque de sa première conversion, quand elle découvrit Jésus-Christ et son amour et son pardon. Aussitôt elle résolut de vivre pour lui et désira avoir dans sa chambre un texte portant ces mots :« Que ferait Jésus à ma place ? » Sa mère lui fit ce cadeau qu'elle mit bien en vue audessus de son lit; elle en fut très heureuse et encouragée. Quelque temps après, un oncle pasteur vint voir ses parents et la petite fille entendit par hasard sa mère dire à cet oncle, d'un ton amusé : « Oui, Chantal est dans une phase de grande piété ; elle a absolument voulu avoir un texte au-dessus de son lit ». La petite n'en entendit pas davantage, mais ces paroles entrèrent en elle et la blessèrent profondément puisqu'elle ne put jamais les oublier. Le réalisme badin des « grandes personnes » avait atteint et brisé un élan sacré. Entourons d'une délicate et discrète attention le plus petit souffle de vie spirituelle qui se manifeste chez nos enfants ; nous ne pouvons jamais savoir à quel point les racines en sont profondes et aussi quelle fragilité ont parfois ces débuts de vie intérieure qu'une parole maladroite peut réduire à néant. Soyons prêts plutôt à accueillir avec un réel intérêt la moindre expression d'une foi personnelle, même si la forme en est parfois presque comique. Un jour, une très petite fille disait dans sa prière du soir : « Mon Dieu, bénis la boule » - « et de quelle boule veux-tu parler? » lui demanda sa mère :« mais de la terre, bien sûr », répondit la petite. « Ah! je comprends maintenant », dit la mère, imperturbable, heureuse de voir chez son enfant un élan de foi englobant toute la terre. Une autre fois, la même petite fille priait pour son ange gardien : « Qui est cet ange ? » lui demanda la mère un peu surprise devant tant d'assurance. « Mais c'est Edmond, naturellement », dit l'enfant. Cet Edmond était un frère aîné mort en très bas âge et qu'elle n'avait jamais connu. Et la mère se souvint de cette parole du Christ : « Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car je vous dis que leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de mon Père qui est dans les cieux ». N'était-elle donc pas dans le vrai, cette petite fille, qui parlait si simplement de son ange gardien ? Il peut arriver aussi qu'un enfant ait des sentiments d'une délicatesse un peu inédite : un petit garçon de trois ans refusait obstinément de regarder un arbre de Noël auquel il avait été convié avec d'autres enfants. Enfin sa mère eut le mot de l'énigme, il lui dit : « Je n'aime pas ce sapin parce qu'il est « habillé » ». Il obéissait ainsi à un obscur et très pur besoin d'authenticité qu'il ne fallait surtout pas détruire ni brusquer. Une autre fois votre enfant vous lancera tout à coup un réel défi, dans l'innocence de son âme. Un petit garçon disait un soir sa prière; subitement il s'interrompt pour demander à sa mère : « Maman, est-ce que tu as été sage aujourd'hui ? » Prise de court, la mère répondit en hésitant :« Je crois que oui… en tout cas j'ai essayé !»-« Oh ! merci, mon Dieu, parce que Maman, elle a été sage », continua le petit bonhomme, sans se douter de l'effet produit et simplement heureux de sentir sa mère en marche avec lui sur le difficile sentier de la sagesse. Oui, je me souviens combien le Christ aimait ces petits dont l'âme est sans détour. Un voile si ténu semble les séparer du monde invisible qu'ils entrevoient sans peine les vérités les plus profondes. Nous avons beaucoup à apprendre d'eux, comme le Christ nous y invite, et il est particulièrement doux et très émouvant de préparer Noël avec auprès de soi un tout petit enfant. N'est-il pas, par droit d'âge, si je puis dire, du même monde que l'Enfant de la crèche, avec sa fraîcheur, sa candeur, sa confiance totale et le mystère de son avenir ? Le petit enfant de Marie prend alors un extraordinaire relief et l'on demeure confondu qu'une si grande chose ait eu un si humble, un si frêle début ! Il peut aussi se faire que nous ayons parfois à leur ouvrir un nouvel horizon par un mot, un geste, placé au bon moment. Un petit garçon de trois ans regardait des images auprès de sa mère. Son regard tombe sur la reproduction d'une crucifixion où la souffrance du Crucifié était peinte d'une manière très réaliste et poignante. Il interroge sa mère :« Pourquoi est-ce qu'on a fait ça à ce Monsieur? » « C'est parce que les hommes sont méchants, car il n'avait jamais fait de mal ; au contraire, il les aimait et leur faisait du bien. » - « Alors je veux tuer ceux qui l'ont tué », s'écrie le petit avec indignation et les yeux étincelants. « Eh bien, pense que lui n'a pas dit cela, reprend la mère, il a dit :« Père, pardonne-leur car ils ne savent ce qu'ils font ». Alors l'expression du petit visage de l'enfant changea complètement, son regard devint lumineux, lointain, passant par-dessus tout ce qui l'entourait, et un sourire ravi se joua sur ses lèvres. Il venait de découvrir le monde de l'Amour supérieur à celui de la justice, et son âme enfantine se retrouvait chez elle. La mère n'avait plus rien à dire et se contenta de recueillir cet instant dans son coeur pour s'en souvenir à jamais. |
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