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La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Ce que les enfants pensent de leurs parents… Les grandes personnes sont impossibles!

Zon, Pic et Puche nous font part de leurs impressions:

Les grandes personnes sont Impossibles!


Drôles de gens, les Grandes Personnes. Pas vraiment méchantes, parfois, même bien intentionnées, mais des idées ! Il semble que leur seul souci soit de se compliquer la vie. Ainsi cette manie de manger à des heures fixes qui tombent toujours au moment ou l'on est en train de faire des choses intéressantes. Au lieu de pique-niquer, tout simplement, quand on a faim ! Et naturellement, interdiction de manger entre les repas, alors que justement, tout ce dont on a envie vous tombe sous la main !
Et pourquoi aller au lit de bonne heure, le soir, quand on n'a pas du tout sommeil, et en sortir si tôt le matin alors qu'on s'y sent tellement bien ? Le contraire serait bien plus naturel. Mais bien entendu, pas pour les Grandes Personnes !

Le pire, dans le cas des Grandes Personnes, c'est qu'elles ont toujours été comme ça. A entendre papa-maman, quand ils étaient petits, ils allaient se coucher sagement à huit heures, ils se levaient de bonne heure pour cirer les chaussures de toute la famille, ils engloutissaient avec le sourire des litres d'huile de foie de morue, ils mangeaient absolument de tout sans rouspéter, ne disant jamais rien d'autre que :« Oui-papa, oui-maman » et préféraient de beaucoup faire leurs leçons et aider leurs parents que jouer ou flâner dans la rue. Eh bien ! tout ce que je peux dire, c'est heureusement qu'on n'était pas petits ensemble !
Ce qu'il y a de décourageant, avec les parents, c'est leur façon de se contredire sans cesse. On ne sait jamais où on en est. Écoutez, par exemple, l'histoire des sandales.
Comme papa répète constamment qu'il faut toujours chercher à s'instruire, nous profitons de nos vacances à la campagne pour nous fourrer partout où nous pouvons voir du nouveau. Puche a un copain vacher, le Sami, un type très bien, qui sait traire et siffler dans ses doigts et jouer de l'accordéon. Il nous montre à soigner les vaches, c'est très instructif. Il a permis aux garçons de pousser la brouette pleine de fumier. Ils l'ont culbutée avant d'être au haut de la planche! Ma foi, on ne peut pas apprendre du premier coup. Moi, perchée sur le fumier, je faisais le coq! c'est épatant de marcher là-dessus, et ça sent merveilleusement mauvais…
Nous sommes rentrés à la maison, glorieux d'avoir tant travaillé.
Cette fois, au moins, ils seraient contents : ils disent toujours qu'il faut s'occuper utilement… Si vous croyez !
- Quelle horreur ! s'est écriée maman, petits malheureux, où vous êtes-vous encore fourrés?
- Ce n'est rien, maman, dis-je, le Sami nous a appris à traire les vaches et à charger le fumier.
- Le fumier? Ces enfants me rendront folle ! Patauger dans le fumier! Petits dégoûtants! Avec vos sandales! Cette odeur dans la maison ! Pouah !… que je vous y reprenne sur le fumier, avec vos sandales !…
C'était clair, n'est-ce pas ? Aussi, le lendemain j'ai dit aux garçons:
- Maman ne nous a pas défendu d'aller sur le fumier, elle ne veut pas que nous gardions nos sandales. Il n'y a qu'à les enlever, voilà tout !
- Zon, pour une fille, tu n'es pas trop bête ! a dit Puche en défaisant ses sandales.

Nous avons donc continué à nous instruire avec le Sami. Cette fois, les garçons m'ont mise dans la brouette pour descendre du fumier ! Ce qu'on a ri!…
Eh bien ! le soir en nous baignant:
- Miséricorde! gémit maman, ces enfants ont perdu le sens ! Les pieds nus sur le fumier! Mais vous allez attraper des maladies, le tétanos, je ne sais quoi !
Elle voulait appeler le médecin pour nous faire une piqûre. Elle y a renoncé seulement quand papa se fut assuré que nous n'avions aucune écorchure. Mais on nous a désinfectés avec un liquide qui puait bien plus que le fumier !
Après cela, il n'a plus été question de continuer nos intéressantes expériences aux écuries. Et naturellement, défense absolue de retirer nos chaussures. Bon. Une défense est une défense. Mais écoutez la suite.
Nous jouions au ballon, Pic l'a envoyé sur le toit, en plein dans le chéneau ! Nous grimpons au grenier pour voir comment le déloger de là.
- Je vais aller sur le toit par la lucarne, dit Puche qui n'a peur de rien. Vous me passerez cette perche et je ferai gicler le ballon hors du chéneau ! Ah! je vais enlever mes sandales, ça ira mieux!…
- Tu sais bien que maman nous a défendu de les enlever, il vaut mieux pas, Puche !
- Zut! c'est vrai, tant pis, je les garde !
Et il se hisse sur le toit. Nous lui tendons la gaule. Pic et moi redescendons dare-dare au jardin pour suivre les opérations. Puche se démenait là-haut, an bord du toit, avec sa perche, c'était tordant!
Là-dessus, maman arrive, nous voit le nez en l'air, regarde et devient toute blanche. Mais elle sourit et se met à parler gentiment à Puche :
- Doucement, mon chéri, ne cours pas, ne te penche pas… Nous prendrons l'échelle, va, redescends maintenant…
Puche avait réussi à atteindre la balle et nous la lançait. Il s'amena vers nous, fier et tranquille. Et alors, sans qu'on sache pourquoi, maman lui allongea la plus belle calotte de sa vie ! Et que lui dit-elle? Je vous le donne en mille!
- Petit malheureux! pourquoi n'as-tu pas enlevé, tes sandales pour courir sur ce toit glissant ?
Exactement ce que je disais : avec les grandes personnes, on ne sait jamais où on en est.
Mais le plus beau, ce fut le soir des Arènes de César. Les gamins du village ne parlaient que de ça : il y avait une femme à deux têtes, un athlète formidable et un charmeur de serpents qui mangeait des cobras vivants ! Ce qu'on se réjouissait !
Ah ! bien ouiche ! Pour une de ces raisons mystérieuses de Grandes Personnes, papa-maman refusèrent tout net de nous y laisser aller !
Pas un spectacle pour vous ! fit papa.
- Mais c'est écrit sur l'affiche, papa : Pour les enfants !
- Des cobras vivants ! quelle horreur ! s'écria maman. Vous en attraperez des cauchemars pour le reste de vos jours!
- De toute façon, c'est beaucoup trop tard! Onze heures! vous n'y pensez pas, mes pauvres enfants !
Si on y pensait, au contraire !…
- Vous pourrez vous coucher à neuf heures, à la place, reprit maman, conciliante, et je vous lirai deux chapitres de Tarzan.
Il s'agissait bien de Tarzan ! Ce qu'on s'en fichait de Tarzan ! Les Arènes de César valaient mille fois mieux que ce sempiternel vieux Tarzan ! Et nous serions les seuls, les seuls, à n'y pas aller!…
Nous sentions à leur ton que la décision des parents était irrévocable. Tristement, nous nous mîmes à laver la vaisselle, comme chaque soir. Nous ne parlions pas. Nous ne nous disputions pas. Nous pleurions en silence. Mes larmes tombaient - floc! floc! - dans la bassine. Pic et Puche essuyaient les leurs avec les linges à vaisselle…
Tout à coup, papa entra à la cuisine. Il s'arrêta sur le seuil, nous regarda un moment, puis appela maman. Et alors, ils se mirent à rire, à rire, ces deux-là!… Il n'y avait pourtant pas de quoi, je vous assure.
Miraculeusement, trois pièces d'argent s'alignèrent sur la table… - Allez, filez vite, dit papa, nous finirons la vaisselle!
Nous ne prîmes même pas le temps de nous moucher. A peine celui de les embrasser - merci ! merci ! - et nous étions loin ! Maman criait: - Pic, remonte tes chaussettes! Zon, ta jaquette! Et papa: - Ne traînez pas après la représentation !
Mais nous tournions déjà le coin au triple galop. S'ils allaient encore changer d'idée!…
On peut s'attendre à tout, avec les Grandes Personnes.









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