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Croquis
« Que je me réjouis, dimanche est bientôt là », dit le papa de Claude. « Passer toute une journée avec mon bout de fille, quelle joie! »
La semaine durant seuls les récits de maman permettent au père de Claude de suivre les progrès - pour le moins
foudroyants - de sa fille. A midi, Claude dort ; le soir, Claude dort. Aller sur la pointe des pieds près de son lit procure une bien douce émotion, mais la regarder ouvrir ses grands yeux sur les merveilles de sa chambre, du jardin, du parc, de la terre et du ciel, la regarder conquérir le monde, la regarder vivre, l'entendre affirmer :« A Taude !» sur un ton de possession victorieuse (car tout est à Claude), que cela sera bon !
Bref, papa se réjouit ; on le comprend.
Dimanche est là. Il pleut. Eh bien, tant mieux ! On sera, si bien à la maison avec Claude toute à soi.
Pendant un long moment, une longue demi-heure, papa s'est occupé de sa fille, a répondu à son babil, a aligné des plots. Puis, après la longue demi-heure, papa s'est assis dans son fauteuil et a pris son livre. Le dimanche est aussi le jour où l'on peut, enfin, retrouver sa lecture préférée.
Une demi-page, une page
puis voilà la lecture interrompue, car une petite main insistante tape sur le genou de papa.
- Ia
Ia
dit Claude.
- Non, Claude, maintenant tu laisses papa tranquille, un instant, avec son livre.
Claude entend « livre » ; elle s'en' va l'air important et revient aussitôt avec son livre à elle sous le bras. La petite main reprend son tapotement « ia
ia
», ce qui signifie « je veux venir, là, sur tes genoux ». Papa va-t-il s'impatienter ?
- Souviens-toi, papa, de ce que tu souhaitais tant : « passer toute une journée avec mon bout de fille ». Toute une journée, cela veut dire : finies les rêveries solitaires, les siestes paisibles, les lectures suivies. Une petite main se glisse partout: « Ia
ia
». Ne la repousse pas !
Papa a compris. Hop? Claude est sur ses genoux. Claude, les yeux brillants comme des étoiles, tourne les pages de son livre et nomme les images qui défilent.
Oh ! que je suis reconnaissante à la pensée que tu retrouveras, plus tard, petite Claude, dans un coin de ta mémoire, la douce chaleur et la tendresse de ces dimanches où la présence active de ton père te donnait cette sûreté, cet équilibre que dispense un foyer complet.
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