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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Un facteur d'importance vitale pour l'enfant : La présence du père

C'était un dimanche. On était à table et, comme à l'accoutumée, maman allait servir chacun des enfants, lorsque Petit Jacques s'écria: - Mais, maman, il faut servir papa en premier, il est notre invité!
C'était un mot d'enfant inconsciemment cruel, car il soulignait que ce père, présent à la table familiale seulement le dimanche, était en dehors du cercle familial : l'invité, celui qu'on reçoit- à titre exceptionnel.

Alors qu'il était encore tout petit, Jean-Pierre se montrait irritable, grognon, capricieux, les derniers jours de la semaine. Rien ne paraissait justifier ces réactions d'un bébé par ailleurs admirablement soigné, que sa mère entourait d'une affection intelligente et équilibrée. En observant de plus près, cependant, on s'aperçut que l'enfant, lorsqu'il avait joui de la présence de son père pendant un ou deux jours, paraissait apaisé et montrait un caractère agréable. Il fallut se rendre à l'évidence : Jean-Pierre, âgé d'une dizaine de mois seulement, réagissait déjà à l'absence de son père pendant toute la semaine.
Le père était représentant d'une importante firme, son activité l'éloignait assez souvent du foyer pour qu'il ne lui soit pas possible de rentrer plus fréquemment.
Nombreux sont, aujourd'hui, les pères qui se trouvent dans une situation identique, malgré leur volonté et en dépit de leur attachement à leur famille.
Est-ce à dire qu'il ne peut être rémédié à cette véritable nostalgie du père qui hante certains enfants particulièrement sensibles à cette carence involontaire, et notre époque fabriquerait-elle, à côté des malheureux « orphelins du divorce », les faux orphelins auxquels le travail arrache leur père - et parfois leur mère?
Certains parents ont su admirablement éviter la naissance d'un sentiment de frustration chez l'enfant, du fait de l'absence du père. Le samedi ou le dimanche, on se groupe autour de la table où papa a étalé une carte de la région qu'il va parcourir la semaine suivante. Ensemble, on se penche sur cet itinéraire, on en repère les étapes. Il sera ainsi possible de suivre papa par la pensée, chaque jour. Ainsi lundi il couchera à Altdorf, une des premières bourgades dont parle l'histoire suisse, et il écrira une carte illustrée aux siens. Mardi, papa sera à Berne ; il trouvera un moment pour envoyer un "mutz" tout sucré et biscôme à ses petits gourmands. Mercredi soir, on sait que papa téléphonera, aussi chacun s'applique-t-il à rapporter une bonne note, à être sage, et chaque semaine l'un des enfants, à tour de rôle, se faisant le porte-parole de tous, aura l'honneur de participer, avec maman, à la conversation téléphonique. Jeudi trouvera les enfants préparant une surprise pour le retour de papa (dessin, construction, chant, etc.). Vendredi soir, très tard, papa rentrera, fatigué, au moment où chacun sera endormi. Pour se ménager du temps libre samedi et dimanche, cette dernière soirée sera bien remplie : on préparera les devoirs d'école à l'avance, on accomplira ces petits travaux de maison qui prennent du temps. Le samedi, aussitôt l'école terminée, on se groupera autour du père : il parlera de ses voyages, et chacun lui apportera l'écho de son travail de la semaine, de ses préoccupations, de ses jeux. Puis on préparera l'excursion du dimanche, qui permettra de vivre ensemble, d'aller à la découverte ensemble, de se détendre et de se raconter. Si le mauvais temps retient tout le monde à la maison, le papa bricoleur, ou conteur, ou musicien, le papa ingénieux et aimant saura trouver tant de choses captivantes à dire, à démontrer, à exécuter avec ses enfants, que le temps s'envolera comme un rêve !
Car la qualité de présence du père peut suppléer à l'éphémère de son passage au foyer. Est-il besoin d'ajouter que la mère est là, chaque jour, pour relier ses enfants au père absent? C'est une part de sa tâche d'éducatrice qui n'a peut-être pas été mise assez en évidence, parce qu'il y a encore vingt ou dix ans, les conditions d'existence étaient autres et que le père occupait encore dans sa famille sa véritable place. Mais, aujourd'hui, il appartient souvent à la mère de rendre vivante la présence du père éloigné des siens ; elle le fera par ses récits, par toute son attitude aussi ; elle saura conserver au père sa place et sa fonction en laissant une porte ouverte à l'avis qu'il donnera à son retour. Ainsi, Claude apporte de l'école une demande d'autorisation du médecin scolaire à pratiquer la vaccination au BCG. Maman dira :« Je suis, pour ma part, d'accord, mais nous en parlerons dimanche avec papa, et tu pourras donner notre réponse lundi à ton maître ». On attend du père qu'il exerce son autorité, et non qu'il se retranche derrière maman ; les décisions importantes doivent être prises à deux : les enfants acquièrent alors le sens de la valeur de cette communauté familiale dont ils font partie.
La période des vacances sera mise à profit aussi pour vivre enfin une vraie vie de famille. Le père qui saura, pendant ces quelques semaines, prendre sa place d'entraîneur, de conseiller, exercera un ascendant tel auprès de ses enfants que, lorsqu'il sera de nouveau absent, le rayonnement de sa personnalité continuera à agir.
Bien sûr, ce don de soi que le père consentira à ses enfants suppose des qualités d'abnégation et une haute conscience de sa mission de chef de famille, ainsi que des responsabilités qui en découlent. Mais l'enjeu en vaut la peine, puisqu'il s'agit en fait de tout l'avenir de l'enfant. L'influence du père dans la formation de l'armature morale, du caractère de l'enfant, de son acheminement vers l'autonomie, de son aptitude à fonder plus tard son propre foyer, est irremplaçable.
La vie moderne tend de plus en plus à éloigner le travailleur de sa famille, parfois des semaines entières, sinon des mois. Il nous faut apprendre à remplacer par la qualité des moments de présence les trous qui se créent ainsi dans la trame de l'existence familiale.









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