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Témoin
Lorsque l'apôtre Paul, emprisonné depuis deux ans à Césarée, eut à présenter sa défense devant le roi Agrippa, il raconta simplement ce que Jésus-Christ avait fait dans sa vie, son intervention sur le chemin de Damas qui l'avait changé de persécuteur en apôtre.
Le témoignage personnel d'une expérience vécue possède une puissance indéniable. Il demeure un facteur de premier ordre pour apporter et transmettre un message. Mais l'exigence d'authenticité qu'il réclame fait frémir et arrête la plupart des chrétiens qui préfèrent laisser ce travail du témoignage aux « spécialistes » de la parole, pasteurs et évangélistes.
Mais c'est se méprendre sur le rôle du témoin, c'est croire qu'il doit jouer un rôle alors qu'il n'est appelé qu'à laisser Dieu agir à travers lui.
Cependant, tout en comptant absolument sur Dieu, et seulement sur Dieu, le témoin a la responsabilité de tenir ouvert et libre le canal par où Dieu veut passer pour agir dans le coeur des gens. Cela signifie le changement continuel et renouvelé de son coeur et des mobiles qui le font agir afin que rien en lui ne fasse obstacle au message de Dieu. Car Dieu ne peut utiliser comme témoins que des gens libres, c'est-à-dire libérés intérieurement de la peur, des ressentiments, des revendications personnelles, etc., de tous ces interdits, petits ou grands, qui les séparent de Lui. Et ne croyez pas que cela soit réservé aux saints seulement, c'est à nous tous que cela s'adresse, car Jésus-Christ a fait tout le travail, nous n'avons plus qu'à recevoir son pardon et sa grâce qui purifieront notre coeur.
Et maintenant Dieu peut nous utiliser, et Il le fera, soyez-en sûrs, - car son amour a besoin de nous tous pour être manifesté au monde.
C'est chaque matin, dans un moment de silence attentif et confiant devant Lui, que nous verrons le mieux ce qu'Il attend de nous pour le jour même : telle personne à voir, telle lettre à écrire, telle démarche à faire. Peut-être s'agira-t-il aujourd'hui du simple témoignage d'une vie paisiblement joyeuse au sein du travail quotidien, comme celui du frère Laurent qui disait : « Il n'est pas nécessaire d'avoir de grandes choses à faire ; je retourne ma petite omelette dans la poêle pour l'amour de Dieu; quand elle est achevée, si je n'ai rien à faire, je me prosterne par terre et adore mon Dieu de qui m'est venu la grâce de la faire, après quoi je me relève plus content qu'un roi. » Ce témoignage si simple et si modeste d'un religieux du XVIIe siècle, franchit les siècles et parvint jusqu'à nous, parce qu'il était vécu et authentique.
Peut-être qu'un malade, ou une personne éprouvée par un deuil douloureux, attend désespérément la présence d'un coeur ouvert pour y déverser sa peine, et Dieu a besoin de nous pour cela. Nous irons vers lui, vers elle et nous écouterons patiemment sa plainte, puis d'un mot, d'un geste que Dieu nous dictera, nous lui apporterons le secours ou l'apaisement dont sa souffrance est altérée.
Mais vous devinez bien que c'est à son foyer surtout qu'il faut commencer à faire l'apprentissage du témoignage, et c'est justement l'endroit le plus difficile, chacun le sait bien, car c'est là que toutes les apparences sont contrôlées et confrontées avec la réalité, que toutes les méfiances se donnent libre carrière, que tous les amours-propres se rebiffent.
Pas facile vraiment d'être témoin chez soi. Mais il y a une attitude qui peut tout sauver dans ce domaine, même et surtout à l'égard de ses enfants, c'est celle de l'humilité. Je m'efforcerai de demeurer vraie et je ne chercherai jamais à masquer mes fautes et à paraître meilleure que je ne suis. Mon témoignage s'exprimera par mon combat, non par de problématiques victoires. Un jeune homme devant qui sa mère s'excusait d'avoir été probablement un objet de scandale à cause de ses discussions parfois violentes avec son père, lui répondit :« Mais, maman, ce qui m'aide et m'aidera dans la vie, c'est de voir votre combat pour l'unité ; c'est ça qui m'intéresse beaucoup plus que les résultats. »
Y a-t-il quelque chose de plus encourageant que cette réponse ? Qu'un enfant sache l'exprimer ou ne soit pas encore en état de le faire, ce qui compte pour lui et le marquera pour la vie, c'est notre sincérité et notre fidélité dans la lutte quotidienne, et c'est ce combat humble, fervent, inlassable, qui sera le témoignage le plus utile et le plus fort à notre foyer.
Il est à la portée de chacun de nous, car il se livre à chaque heure, là où nous sommes et dans les diverses circonstances où la vie nous place. Tant mieux s'il comporte des bulletins de victoire, mais l'essentiel est de ne pas lâcher son poste, de ne pas abandonner la lutte, de tenir bon jusqu'au dernier quart d'heure.
Et Dieu saura se servir de tout, même de nos fautes et de nos défaites, car alors notre témoignage sera ce qu'Il veut qu'il soit, dépouillé de toute gloriole humaine et redevable seulement de sa puissance et de sa gloire à Lui.
C'est ainsi que nous serons ses témoins.
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