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Le jeu du contentement.
A l'âge de 12 ans, j'ai lu avec joie le livre de Pollyanna. J'ai eu beaucoup d'admiration pour cette fillette. Elle se réjouissait de recevoir une poupée et on lui a offert des béquilles. Elle a trouvé le moyen de jouer le jeu du contentement, heureuse de posséder deux bonnes jambes. Ce jeu a été une découverte pour moi et je me suis efforcée de le jouer. Pendant toute ma jeunesse, il a été un excellent stimulant : malgré des circonstances souvent contraires, j'ai toujours essayé de retrouver la joie, de créer de l'harmonie. Les autres attendaient de moi ce perpétuel contentement, ce bonheur de vivre. Cette joie me rendait populaire, l'affection de mes camarades me faisait du bien et m'obligeait à continuer. Un jour, un grand chagrin a effacé mon sourire. Mes amis ne me reconnaissaient pas, ils voulaient me forcer à rire. J'ai été si déçue de leur manque de compréhension que j'ai fui leur compagnie.
La vie m'a entraînée ailleurs, me demandant d'autres efforts et m'apportant une épreuve très lourde. J'ai essayé plusieurs fois de jouer à nouveau le jeu du contentement. Il n'y avait pas de résonance profonde, tout cela me paraissait artificiel. Je me trouvais dans une impasse et seule l'acceptation profonde de ma situation pouvait m'en faire sortir. J'étais habituée à la lutte et je voulais triompher
avec l'aide de Dieu bien sûr, mais en faisant le maximum d'efforts. Mes efforts ont été vains. La défaite m'a donné la mesure de mes forces. J'ai enfin compris que Dieu seul m'apporterait la solution. La bataille a été longue, elle a duré des années. J'ai connu le poison de l'envie et de la jalousie à l'égard de celles qui me paraissaient comblées. J'ai eu souvent l'impression de traverser un interminable tunnel. Enfin, la lumière a jailli. J'ai compris les limites de l'effort personnel et la Toute-Puissance de la Grâce. « Ma Grâce te suffit, ma Force s'accomplit dans ta faiblesse. » C'est si simple, si vrai et j'ai mis tant d'années à le comprendre. Cette parole trouve maintenant un tel écho en moi ; je me sens libérée. J'ai enfin accepté le passif de ma vie. Je puis à nouveau jouer le jeu du contentement mais avec une vérité profonde. J'ai retrouvé mon harmonie intérieure. Je me sens en accord avec les autres, je les comprends mieux, j'apprends à ne pas les juger. Un jour, je bénirai l'épreuve qui m'a contrainte à reviser toute mon échelle des valeurs. La lutte continuera mais la force me sera donnée chaque jour et j'en bénis Dieu.
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