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Le rôle de l'Ecole des Parents dans l'hygiène mentale de la famille
Les lignes qui suivent sont extraites d'un rapport présenté à l'Ecole des Parents de Genève, par Mme Dr R. Voluter.
Voulant mettre en évidence l'importance sociale du rôle de la famille, Mme Voluter montra que si l'on veut améliorer le comportement humain, c'est au cours de l'enfance qu'il faut commencer. Elle exposa d'abord quels sont les besoins fondamentaux de l'enfant.
Premièrement, l'enfant a besoin de soins matériels : logement, nourriture, vêtements, etc. ; ceux-ci sont bien connus et sont assumés dans la mesure du possible par la plupart des familles de nos pays occidentaux. Une quantité de parents auront même la conscience d'avoir tout fait pour leurs enfants s'ils ont pu leur assurer le maximum de soins matériels. Mais l'enfant a aussi des besoins psychologiques fondamentaux qui ont été définis ainsi ; sécurité, tendresse, libre activité.
Ces trois facteurs se complètent l'un l'autre : en effet nous parlons ici de sécurité morale, du sentiment de l'enfant qui est sûr de la stabilité de son univers, et pour qui ses parents représentent un soutien et une protection jamais en défaut. Le fait d'être aimé est un facteur de sécurité, mais cet amour ne doit pas être écrasant, ou possessif, et il ne doit pas s'opposer à l'activité naturelle de l'enfant, qui n'est pas une activité anarchique, mais qui doit répondre à ses exigences profondes.
Ces trois facteurs, où l'enfant les trouvera-t-il, sinon au sein de sa famille, auprès de ses parents?
Nous connaissons par les travaux de Spitz, Bowlby et d'autres spécialistes, les graves répercussions qu'entraîne dans le développement des petits enfants la carence des soins et surtout de la tendresse maternelle. Encore faut-il que cette tendresse soit authentique, éclairée et inspirée par le désir profond du bien de l'enfant.
D'autre part, nous connaissons aujourd'hui l'importance toujours plus grande attribuée à l'influence du milieu sur le comportement de l'enfant, sur la création et le conditionnement de ses habitudes. Or, ce milieu c'est la famille, le père, la mère, les frères et soeurs, les grands-parents. C'est parmi les membres de cette famille que l'enfant va grandir, qu'il devra trouver sa place. Dans la mesure où il s'adaptera à son milieu familial, il s'adaptera plus tard à la société dans laquelle il vit.
Le rôle des parents est ici prépondérant, car c'est par l'ensemble de leur conduite, par leur personnalité, leur caractère, qu'ils agiront positivement ou négativement sur l'enfant. Pour que celui-ci devienne un adulte équilibré, il a besoin de parents eux-mêmes équilibrés, ayant surmonté leurs propres exigences infantiles et pouvant lui donner le sentiment de sécurité dont il a tant besoin. L'absence de ce sentiment de sécurité, plus exactement l'insécurité, peut être à la source des troubles les plus divers, allant de simples troubles du comportement jusqu'à la délinquance. Je citerai en passant des chiffres provenant d'une enquête ayant porté sur 18.376 sujets dans 169 instituts de réforme mentale de 25 nations des 5 continents. Le facteur familial, dans les 18.376 cas, était d'un pourcentage moyen de 81,88% (cité par Me M. Th. Motte dans son rapport pour les Nations Unies). Dans certains pays, le Portugal, par exemple, le facteur familial serait, d'après ce rapport, l'unique cause de la délinquance.
Le rôle de la famille ayant une telle importance sociale, tout ce qui pourra améliorer son Hygiène Mentale, c'est-à-dire les rapports respectifs de ses membres, sera un bénéfice pour la population tout entière. Quel pourra être ici le rôle de l'Ecole des Parents et quels peuvent être ses moyens d'action ?
Il ne s'agit en aucun cas de faire la leçon aux parents, ni même de leur prescrire des méthodes. Il s'agit de leur faire comprendre ce qu'est leur enfant et comment ils peuvent l'aider à se développer, non seulement par des ordres et interdictions extérieurs, mais par toute leur attitude, leur exemple, et par une participation personnelle aux efforts qu'ils exigent. Il s'agit de les instruire sur eux-mêmes, de leur montrer comment les réactions de l'enfant sont bien souvent une conséquence de leur propre comportement.
La grande majorité des parents aiment sincèrement leurs enfants et tâchent de bien les élever. S'ils pèchent, c'est par ignorance. Il s'agit donc de combler cette ignorance, en les associant à la tâche, en les aidant à trouver eux-mêmes la solution de leurs problèmes.
Les moyens employés sont variés. Tout d'abord ce sont les cours ou causeries publics sur des sujets éducatifs, psychologiques, familiaux. Mais l'action des cours n'est souvent qu'une action en surface. Une action en profondeur sera obtenue par des consultations individuelles, auxquelles les parents viendront spontanément parler de leurs difficultés. Sûrs de la discrétion et du secret professionnel, ils pourront parler des problèmes posés par leurs enfants, et, se sentant soutenus et compris, seront aussi encouragés à aborder leurs problèmes personnels. Dans certains cas, l'Ecole des Parents est amenée à s'occuper des circonstances matérielles de la famille, soit directement, par exemple lorsqu'il s'agit d'appuyer des recherches de logement, soit indirectement, en faisant appel à d'autres organisations.
Un moyen qui s'est avéré très efficace pour aider les parents, est la formation de groupes, soit des deux parents, soit de mères seules, sous la direction d'un psychologue. Les parents sont souvent étonnés et rassurés de voir qu'ils ne sont pas les seuls à avoir des difficultés. Le groupe permet un échange de vues plus étendu qu'un entretien privé et permet également au directeur de faire des suggestions pratiques sur l'activité de la mère dans son foyer. Par exemple, tout ce qui concerne la tenue du ménage, les repas pris en commun, l'arrangement intérieur du logement, etc., aura une influence sur l'atmosphère de la famille et fera que mari et enfants auront du plaisir à s'y retrouver ou au contraire feront tout pour y être le moins possible.
Il est bien entendu que l'idéal serait que les parents soient préparés à leur tâche avant la venue des enfants, mais les jeunes ménages s'intéressent rarement à ces problèmes. Par contre, une action préventive peut être entreprise au moyen de consultations et d'un enseignement aux jeunes gens avant le mariage. On ne peut pas leur parler des problèmes éducatifs des enfants qu'ils auront un jour, mais on peut étudier avec eux les difficultés qu'ils viennent d'éprouver au cours de leur propre enfance dans leur famille ; on peut les aider à acquérir une plus grande maturité et leur expliquer les exigences de l'union conjugale. Ils éviteront peut-être ainsi les malentendus qui guettent tant d'époux et qui ont des répercussions si fâcheuses sur la vie affective de leurs enfants.
Enfin, la famille n'est pas une cellule fermée, elle est ouverte à toutes les influences de la vie sociale qui pénètrent soit par le contact journalier avec des êtres les plus divers, soit par la voix de la radio, du cinéma, de la télévision, des journaux, des livres, etc. Là, l'Ecole des Parents peut, directement ou indirectement, jouer un rôle fort utile, par exemple, en encourageant des séances de cinéma pour enfants, en organisant des causeries à la radio ou à la télévision, en mettant à la disposition des parents des livres et publications sur des sujets éducatifs, et aussi en essayant d'agir sur la famille pour une meilleure utilisation des loisirs.
En France, en Belgique, en Suisse où nos « Entretiens » sont particulièrement diffusés, il existe des Ecoles de Parents. Par la voie des « Entretiens », nous publierons volontiers, tant que cela sera possible, des informations relatives à l'activité de ces différentes Ecoles.
Pour l'instant, signalons pour la Suisse quelques noms de responsables auxquels les personnes intéressées peuvent s'adresser pour avoir des renseignements sur l'activité de ces Ecoles ainsi que sur les possibilités que chacune d'elles offre :
Genève, Ecole des Parents, Chantepoulet 11, Genève.
Lausanne, M. Chevallaz, rue de Beaumont 1, Lausanne.
Morges, Mme Ph. Muret, La Chaumière, Morges.
Montreux, Mme Dubochet, rue du Lac 147, Clarens.
Vevey, M. Albert Dormond, La Mercière, Vevey.
Ste-Croix, Mme E. Calame, av. des Alpes 7, Ste-Croix.
Yverdon, M. A. Pitton, rue du Levant 4, Yverdon.
Neuchâtel, M. W. Perret, Faubourg de l'Hôpital 1, Neuchâtel.
Bienne, M. le Dr Friedemann, Institut d'hygiène mentale, Bienne.
Winterthur, Mme A. Zwicky, Brauerstrasse 10, Winterthur.
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