Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

Douloureux problème

La Société des Nations estimait, avant la guerre de 40, que la traite des blanches faisait 50.000 nouvelles recrues par an. On peut craindre que ce chiffre soit, à l'heure actuelle, largement dépassé.
Mme Odette Philippon, sociologue, interviewée à Radio-Lausanne (juillet 1956) sur la disparition des femmes en France, a fait sur ce douloureux problème des déclarations très intéressantes. Nous en publions ci-dessous quelques extraits :

Le trafic des femmes et des enfants est un des commerces les plus florissants du monde et les mieux organisés. Il y a tellement de gens qui en vivent, directement ou indirectement!
Le prix de vente d'une femme est très variable. En France, j'ai des exemples compris entre 50.000 et 1 million de francs. Ce dernier tarif est fort élevé. Il s'agissait sans doute de ce qu'on appelle une « gagneuse », c'est-à-dire une femme susceptible, par son activité professionnelle, d'un rapide amortissement; car, outre l'achat de sa personne, il faut encore compter son voyage en avion, ses vêtements, etc.
Il faut d'abord souligner avec force que la traite n'est organisée que pour peupler les maisons de prostitution du monde entier et renouveler leur personnel. Si l'on arrivait à fermer partout ces établissements, la traite perdrait sa raison d'être. Les commerçants de ces boutiques sont d'abord les tenanciers. Ils ont à leur service les rabatteurs qui chassent le gibier et les placeurs qui le leur apportent. Les caïds sont des commerçants en gros. Ils font des tournées à Paris, à Genève, à Zurich, dans les pays balkaniques et asiatiques et partout où il y a de la misère féminine pour y trouver des recrues. Celles-ci partent, trompées sur leur destination, ou bien séduites, battues, droguées, « matées » ou « consentantes », comme ils disent…
Aussi la Convention internationale de 1933, comme la loi de 1946, en France, ont prévu de réprimer le trafic des femmes, même majeures et consentantes… Mais les Conventions et les lois sont trop souvent lettre morte…
Les rabatteurs utilisent d'abord les prostituées de métier, dites « volontaires » mais pas pour autant responsables. Une prostituée est presque toujours la victime d'une carence sociale quelconque : la misère, les bas salaires féminins, l'absence d'apprentissage, la pénurie de logements à bon marché pour les femmes seules, l'abandon des mères célibataires, l'abandon des filles orphelines ou issues de familles dissociées, les troubles psychopathiques dus à l'hérédité… Le vice tout seul est une cause rare.
Il existe dans le milieu mal famé une loi qui est celle-ci : si un caïd, un rabatteur, un souteneur, se présentant comme client, vient à passer la nuit avec une prostituée, au matin il se démasque et dit à la femme : « Maintenant, tu m'appartiens, partout on te retrouvera, moi ou mes amis »… Si elle refuse, dans les cas les plus bénins, elle doit payer à la bande une forte amende; sinon, elle est poursuivie, traquée, séquestrée, torturée, jusqu'à ce qu'elle accepte. Si elle tient bon et qu'elle échappe, elle risque d'être abattue à la première occassion. Et le « milieu » ne pardonne pas. C'est ce qui explique la terreur, le mot d'ordre de silence qui règne généralement chez les prostituées, quelle que soit la cause de leur chute…
Ces malheureuses, après avoir été vouées aux travaux forcés du vice, n'ont pour tout espoir d'en sortir, que l'hôpital, la folie, le suicide, ou parfois, comme il arrive en Afrique du Nord, leur vente à des marchands d'esclaves ou à des maisons de débauche de dernière catégorie. Evidemment, les trafiquants pourchassent de préférence les ignorantes et les naïves, les filles gagnant péniblement leur vie. Ils se présentent à elles d'abord comme des gens corrects, puis ils les éblouissent par des promenades en auto, des dîners au restaurant, des demandes en mariage légitime. Ils ne refusent même pas d'aller voir les parents. Ils sont si beaux parleurs qu'ils arrivent à convaincre les braves familles paysannes et ouvrières qui ne se doutent de rien.
Les trafiquants utilisent volontiers le rapt en auto à l'égard de n'importe qui. J'en ai relevé 6 cas pour Paris seulement, en moins d'un an, et je ne les connais pas tous. Ils tendent divers guets-apens pour attirer la jeune fille dans un lieu quelconque : offres d'emploi par les journaux; patrons qui ont besoin d'une secrétaire; faux inspecteurs de police ou de transport; vieille femme qui propose son aide à une jeune voyageuse embarrassée… Ils sont de prestigieux menteurs !
Il faut alerter la jeunesse féminine à son de trompe. Qu'elle se méfie de l'auto-stop, des promenades solitaires, des séducteurs inconnus. Les jeunes filles se disent : « Je suis honnête, je résisterai… » Non, on ne résiste pas au « milieu » dont les méthodes sont perfectionnées par des siècles d'expérience… Qu'elles ne partent pas pour l'étranger, qu'elles ne prennent aucune situation sans s'être assurées auparavant de la moralité de l'employeur.
L'Association internationale des oeuvres de protection de la jeune fille se charge d'enquêtes de ce genre dans 46 pays.
Il faut dire qu'aujourd'hui, en raison des facilités de voyage, de l'attrait des pays inconnus, un grand nombre de jeunes filles, autrefois timides, se déplacent facilement et cherchent l'aventure. Elles parlent à quiconque, se lient avec n'importe qui… Alors qu'elles devraient se méfier, même d'une cigarette, même d'un rafraîchissement offerts par un inconnu.
Les jeunes filles peuvent se protéger en demandant conseil à des gens d'expérience, pour leur gouverne personnelle, bien que ce ne soit pas du goût de la jeunesse actuelle. Mais le problème dépasse infiniment les précautions individuelles. Il dépend d'abord des gouvernements de lutter contre les sources de la misère et de la déchéance féminine et de protéger la femme.
Il faut que toutes les nations du monde, sans exception, ferment les établissements de prostitution et pourchassent sans faiblesse les contrevenants. Il faut qu'elles ratifient l'excellente Convention internationale de 1949 contre la traite des êtres humains. C'est le meilleur instrument de lutte contre le proxénétisme qui ait été conçu jusqu'à ce jour… seize gouvernements l'ont déjà ratifiée, mais c'est insuffisant.
Cette convention prévoit en outre des mesures de prévention contre la traite, de surveillance des jeunes voyageuses, de relèvement des victimes, de formation de l'opinion, de mise en garde du public. Et je crois que l'essentiel du travail est peut-être là. Des slogans courent le monde en faveur de l'inconduite masculine et de la prostitution réglementée. Et l'on a caché, et l'on cache encore soigneusement les scandales, les horreurs perpétrés par ceux qui organisent la débauche et qui, pour la pérennité de leur commerce d'esclaves, corrompent tout ce qui peut l'être, et font sentir jusqu'au sein des Parlements leur influence et leur puissance. Quant aux victimes, on n'en peut sauver actuellement qu'un très petit nombre. Parmi elles, les mineures sont conduites par les autorités dans des oeuvres d'accueil quand elles existent. Les majeures sont réputées « consentantes » et abandonnées à leur sort. Les oeuvres qui s'occupent d'elles sont insuffisantes en nombre et en moyens.
Le proxénétisme, étant un crime social, devrait être qualifié partout : crime juridique et être frappé des sanctions les plus graves.
En un mot, il faut que les peuples ne se contentent pas d'avoir voté solennellement la Déclaration des Droits de l'Homme qui, à tout jamais, stigmatise l'esclavage; ils doivent en faire pénétrer l'esprit dans leur mentalité, dans leurs codes et dans les faits.









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève