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Crise

Noémie a le visage fermé. Depuis trois jours elle n'a pas adressé la parole à son mari.
Victor, à vrai dire, n'a pas cherché à lui tendre la perche. Extérieurement, tout continue à tourner comme à l'habitude dans ce ménage. Mais en fait, quelque chose ne tourne plus rond.
Vous dire quoi, on serait bien en peine.
Pourquoi aujourd'hui, et pas hier? ou demain? ou jamais? Inexplicable.
C'est une crise.
La crise du milieu de la vie.
Elle n'est pas forcément mortelle, puisque la plupart des ménages s'en sortent, avec les ailes plus ou moins cassées.
Mais elle est grave, et le tort c'est de ne pas y prêter assez attention.

Comment la crise est venue ?
Mais avec la vie, tout simplement. Parce que Victor n'était pas Noémie et que Noémie n'était pas Victor. Ca a l'air tout bête de dire ça, mais c'est pourtant vrai.
Noémie n'a jamais pu pardonner à Victor de ne pas « sentir » comme elle, des allusions blessantes de la belle-mère, des réflexions pénibles des voisins, ou même, de ne pas répondre comme elle l'attendait à son besoin de confidence et de tendresse. (Il ne dit rien, il lit son journal, il ne fait pas attention que je m'épuise, vous savez bien : et tout et tout.)
Victor, non plus, du reste, ne pardonne pas à Noémie de n'être pas Victor: « On dirait que je n'ai que ça à faire, de bricoler à la maison »-« elle ne peut pas admettre que j'aille prendre un verre avec les copains »-« elle voudrait bien que je fasse partie du syndicat mais faudrait pas de réunions ».
Petits griefs accumulés.
Pas de graves, pris séparément. Chacun, pourtant, constitue une pierre, qui sert à bâtir un mur. Le mur a mis vingt ans à monter. Aujourd'hui, ça y est. Il « sépare » pour de bon, ces deux êtres obligés de vivre ensemble.

Vont-ils se tourner le dos?
Si ça continue, oui.
Victor délaissera de plus en plus la maison où sa femme lui fait la tête. Il se dira :« et tant pis, après tout, si elle n'est pas contente » et s'accordera des petites compensations, bien légitimes après tout : rentrer tard sans dire où on a été, séjourner de plus en plus au café, s'occuper de moins en moins de ce que peut dire ou faire Noémie.
Et si, mon Dieu, un jour l'occasion se présente, une femme encore jeune, avenante, qui sache y faire… Bien sûr, Victor ne la rechercherait pas. Mais enfin… avouez qu'il aurait de bonnes excuses.
Quant à Noémie, à force de tourner la mayonnaise dans son coeur, elle risque de faire monter à la surface tout le vinaigre et de servir ça un beau jour tout cru à son tendre époux qui ne pourra en croire ses oreilles de tant de fiel mêlé à tant d'huile rance.
La crise, de part et d'autre, risque de virer au drame.

Pourtant, si on le voulait bien : il semble qu'il y aurait moyen que les choses tournent autrement.
D'abord savoir que la crise est possible, même après des années de bonne entente ! C'est déjà quelque chose, vous ne trouvez pas, de connaître l'avenir qui se cache en embuscade vers les 40, 45 ans… Au moins, on n'est pas surpris par la violence de ses tirs de barrage.
Et puis faire l'impossible pour déblayer, chacun de son côté, ces pierres accumulées par la vie. Les unes valables : des points de friction réels qu'on ne peut pas traiter par la mépris, mais à propos desquels il n'y a peut-être pas d'autre attitude que l'acceptation pure et simple des défauts qu'on ne peut pas changer. Car la vie nous rend humbles en fait de conversion : nous mourrons presque tous avec les tendances qui sont inscrites au fond de notre tempérament. C'est inutile d'en vouloir au conjoint pour des choses qu'il ne peut pas modifier.
D'autres « pierres » sont amoncelées par notre égoïsme ou notre mauvais vouloir. Et celles-là chacun aurait besoin de prendre le temps de les regarder en face : si un ménage se démolit, les deux époux, en réalité, sont coupables.
Mais c'est difficile de s'en rendre compte pendant la crise. Aussi le meilleur truc, c'est encore de prendre un tant soit peu de recul :
Si on pouvait vivre deux jours l'un sans l'autre, sortir une soirée de l'ambiance tendue dans laquelle on est pris, se regarder avec d'autres yeux : comme vous voient les gens du dehors par exemple, bref, faire comme si on était encore à s'aimer avec des mots tendres et des millions de baisers (cf. premiers mois de mariage), il est probable que la crise s'en irait en fumée…
Mais voilà, serons-nous capables de ce revirement désintéressé, de ce départ à neuf, comme si on recommençait, laissant volontairement de côté tout ce qui divise pour ne plus voir qu'une chose :
On est marié.
C'est pour la vie.
Si on essayait d'être encore heureux ?









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