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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Le jeu

« Laisse-moi tranquille, j'ai à faire. Va jouer. » Cette phrase, combien de fois ne l'avons-nous pas dite, sans toujours nous demander ce qu'elle signifiait et quel devait être le résultat de l'obéissance à cet ordre « Va jouer » ? En effet, tout ordre ne peut se légitimer que si l'obéissance est un moyen pour aboutir à un résultat désiré. « Lave tes mains », « mange proprement », « fais tes devoirs d'école », autant d'ordres qui ont pour but l'acquisition de la propreté, de la bonne tenue, de l'application au travail.
Mais : « Va jouer » !… Quel sera le résultat de l'obéissance à cet ordre ? Que nous ayons la paix ? que notre enfant sache d'un coup de pied correct envoyer un ballon dans les buts ? qu'il apprenne l'esprit d'équipe, la bonne camaraderie ? qu'il acquière l'habitude de la discipline personnelle ? de l'obéissance aux règles ? qu'il s'initie au grand art d'être chef ?
Le jeu, tout autant que le travail d'école, peut servir à former la personnalité de nos enfants ; à les rendre meilleurs ou pires.
Il ne faut pas opposer « jeu » et « travail », car il ne s'agit là que de deux activités différentes, pouvant toutes deux conduire à la fatigue. Pour l'enfant, le jeu peut demander un plus grand effort que la solution d'un problème ou la mémorisation d'une leçon.
Tout petit, l'enfant joue seul et avec n'importe quoi, son imagination supplée à tout. Ce n'est que vers 5 ou 6 ans qu'il commence à jouer en groupe, et vers 8 ou 9 ans qu'il peut apprendre à jouer en équipe, c'est-à-dire en coordonnant son effort avec celui des autres.
Que cherche l'enfant dans le jeu ? Très consciemment, une distraction, un amusement ; inconsciemment, le moyen de s'exprimer, d'être lui, sans qu'aucune grande personne n'intervienne, de prendre sa revanche (légitime!) sur le silence et l'immobilité obligatoires de l'école. Aussi les enfants pré-adolescents ne conçoivent-ils guère le jeu sans cris et tintamarre (voir les préaux d'école à l'heure de la récréation !).
Comment peut-on se servir de ce besoin de jouer, et surtout de jouer en plein air, pour initier nos enfants au « grand jeu » de la vie ?
Notons tout d'abord qu'il ne suffit pas de jouer ; il faut savoir à quoi jouer, comment, dans quel esprit jouer, et avec qui jouer.
Car il existe différentes sortes de joueurs : celui qui joue « franc jeu », celui qui triche, celui qui ne sait pas perdre, celui qui joue « dur » en n'ayant d'autre but que d'arriver en tête en évinçant les faibles ; celui qui, au contraire, sait mettre en valeur les plus faibles, sait « faire des passes », etc. etc.
Regardons avec nos enfants deux groupes de joueurs de football. Quelle différence entre eux ! L'un n'est qu'un groupe de garçons lançant à coups de pied un ballon. Jeu légitime, certes et qui permet beaucoup de cris et de mouvements, mais jeu dans lequel le plus fort - en voix ou en corpulence (?) - prend le dessus.
De l'autre côté, voici une équipe. Qui dit équipe dit soumission à un entraîneur ou à un capitaine, et obéissance volontaire et absolue aux règles du jeu. Et cela implique : renoncer à se faire valoir soi, s'imposer une discipline et des renoncements, avoir confiance dans les autres et comprendre que les défaillances et l'inattention d'un seul ont des répercussions sur toute l'équipe, savoir que la victoire ne peut être obtenue qu'ensemble, par les efforts de chacun ; connaître sa place (c'est-à-dire son rôle) et faire tout l'effort dont on est capable ; enfin et peut-être surtout, savoir que rien dans la vie ne s'acquiert sans effort persévérant. Pour savoir shooter droit, pour « mettre dans le panier » (basketball) à chaque coup, il faut s'être exercé tout seul pendant de nombreuses heures.
Toutes ces vertus, qui feront de nos enfants des citoyens et des citoyennes sur lesquels le pays pourra s'appuyer, nos enfants les apprennent mieux par le jeu que par beaucoup d'exhortations.
Cependant une difficulté se dresse devant nous les adultes ; celle de pourvoir aux meneurs de jeu, aux chefs d'équipe, aux entraîneurs des places de jeux. Il y a là une vocation passionnante pour les jeunes de 18 à 25 ans. A nous de leur donner une possibilité de formation.
Elles avaient bien compris l'importance de cette vocation, les Unions chrétiennes de Jeunes gens d'une ville anglaise qui, il y a quelques années firent l'expérience suivante :
De nombreux groupes de garçons avaient pris l'habitude, le samedi après-midi, de jouer au ballon sur les terrains vagues avoisinant la ville ; les plus âgés terminaient volontiers l'après-midi au café du coin « pour discuter les coups ». L'Union saisit l'occasion magnifique : elle envoya un secrétaire, fort en football et connu dans le monde sportif, se promener d'un terrain à l'autre le samedi, en observateur ; bientôt, montrant ici comment le gardien de but pouvait se jeter à terre sans se blesser, là comment on pouvait ménager son souffle en courant, ailleurs en améliorant les coups, il fut connu de tous les groupes et l'excellence de sa technique reconnue, il fut admis par tous. Peu à peu, les groupes devinrent des équipes, les chefs y prirent leur place, la lutte devint plus loyale ; ce que voyant, et grâce aux efforts du secrétaire, la municipalité ouvrit des salles d'écoles et les « après-parties » ne se tinrent plus au bistrot.
Par le jeu et grâce au jeu, ces « chiens perdus sans collier »* devinrent des êtres conscients et disciplinés. Ces « perdus » se retrouvèrent.
Puissent un grand nombre de nos places de jeux être dotées de moniteurs semblables.


* Titre du livre de Cesbron traitant de l'enfance abandonnée à elle-même.









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