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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
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Visite au centre de St-Barthélemy
Il y avait longtemps que je désirais visiter le Centre de pédagogie curative de St-Barthélemy. Profitant d'une journée de liberté, je mis mon projet à exécution, par une froide matinée de janvier.
L'auto postale d'Echallens dépose les voyageurs au pied du château, situé sur une petite éminence, au milieu d'un bouquet d'arbres. C'est dans cette vieille demeure, qui enferme dans ses murs les précieux souvenirs d'un long passé, que les responsables du centre poursuivent leur belle activité au service d'enfants retardés dans leur développement ou souffrant de troubles psychiques.
Dans le grand silence de la campagne, je gravis l'allée qui conduit au château et je sonne. La porte s'ouvre devant un petit groupe de garçons de tout âge, qui se pressent pour mieux voir la visiteuse et m'accompagnent en manifestant leur intérêt avec une joyeuse exubérance.
La Directrice qui me reçoit répond aimablement à mes questions. Elle a consacré toute sa vie à cette oeuvre, en Suisse allemande d'abord, puis en France et enfin à St-Barthélemy, où elle a ouvert le Centre en 1946.
Les éducateurs qui y sont attachés appliquent les méthodes préconisées par le Dr Rudolf Steiner, le fondateur de l'Anthroposophie, ils cherchent à développer la personnalité de l'enfant, en l'aidant à s'épanouir. Ils cultivent la musique (en particulier l' " eurythmie " qui donne d'étonnants résultats, notamment avec des enfants arriérés), les arts plastiques (dessin, peinture, modelage, sculpture sur bois), des activités manuelles telles que le filage et le tissage, les travaux des champs. La journée s'ouvre et se termine sur une séance de musique, à laquelle les enfants assistent dans le plus grand silence. Ce qui prouve bien combien ils y sont sensibles.
L'enseignement purement livresque est résolument banni : le but n'est pas de meubler le cerveau, mais de développer harmonieusement toutes les facultés et les dons créateurs de l'enfant, et c'est surtout à partir d'activités manuelles, de réalités concrètes qu'on s'efforce d'éveiller leur intelligence.
Le Centre ne vit pas en vase clos, mais ouvre largement ses portes aux étrangers qui, par leur simple présence, apportent un souffle nouveau : les enfants apprennent ainsi l'existence d'autres pays, d'autres langues, d'autres moeurs qui s'incarnent dans des êtres vivants et ne demeurent pas pour eux des connaissances théoriques.
L'éducation ainsi conçue porte ses fruits, et l'on a pu constater que les pensionnaires du Centre examinés à l'Office médico-pédagogique vaudois avaient un horizon plus large que d'autres enfants mieux doués au point de vue intellectuel : la formation qui leur a été donnée tend à l'épanouissement de leur être tout entier, et non pas seulement au développement de leurs facultés intellectuelles.
Le cadre dans lequel ils vivent favorise l'effort entrepris par les éducateurs : le calme de la campagne, loin des bruits et du rythme trépidant et artificiel de la ville qui entraînent presque fatalement l'agitation et la dispersion, l'aménagement familial du château (il n'y a pas de dortoir commun, mais de petites chambres, décorées par des travaux d'enfants, inondées de soleil et de lumière), tout concourt à créer une atmosphère de paix et de joie.
C'est sur cette impression très positive que j'ai quitté le Centre, enchantée des heureuses découvertes que j'y avais faites.
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