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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR«J'ai pas envie» Il est 6 heures. Les enfants jouent dans le square. Soudain, une voix - douce et harmonieuse - se fait entendre « Michelle, il est l'heure de rentrer ». « Non, j'ai pas envie » répond l'enfant… Et la voix n'insiste pas. Il est midi. Maman entre à la boulangerie, laissant à la porte, sous la surveillance du grand frère, un bambin de 3 ans qui dégringole prestement de son pousse-pousse et rattrape sa mère. « Maman, je veux un petit pain. » « Non, on va dîner. » « Oui, je veux. » « Ce que tu es désagréable aujourd'hui ! Tiens, en voilà un! » Et l'enfant mord à belles dents dans un gros petit pain, croustillant, doré et bien sucré. Tout à l'heure, mangera-t-il sa soupe de bon appétit ? Dans toutes les écoles d'Europe et d'Amérique, on se plaint de l'indiscipline et de l'absence d'effort persévérant. Ne faut-il pas en chercher la cause - au moins partielle - dans l'indiscipline du premier âge ? Laisser croire à un enfant que son « envie » de faire ou ne pas faire une chose peut être une raison déterminante, ou que son désir d'un petit pain est raison suffisante pour lui permettre de satisfaire inconsidérément son appétit, n'est-ce pas tuer en lui la notion de règle, de discipline ? Ne faire que ce qu'on a « envie » de faire, n'est-ce pas ce qui amène le maître à dire d'un collégien :« Il est très intelligent, mais il ne travaille que pour les branches qui l'intéressent, aussi devra-t-il « doubler » faute d'une moyenne suffisante.» Ne faire que ce qu'on a« envie » de faire, autrement dit, ce qu'on fait sans grand effort, n'est-ce pas ce qui pousse tant de jeunes femmes à abandonner leur foyer au profit d'occupations plus agréables? On n'a pas « envie » de balayer, de cuisiner, de promener les enfants, d'être là quand ils rentrent de l'école ou de créer l'ambiance de la maison. Et les années passent et quand l'enfant a 14, 16 ou 18 ans, on s'étonne qu'à son tour il n'ait ni « envie » de travailler, ni « envie » de considérer la maison comme autre chose qu'une pension. L'enfant ne doit pas confondre « envie » et « volonté ». Tout au fond de lui-même, l'enfant sait bien qu'il doit apprendre des leçons ou faire des devoirs ; tout le but de l'éducation est de lui apprendre à vouloir son devoir. C'est aussi la volonté qui lui apprendra qu'il ne suffit pas de demander (surtout en faisant la scie !) pour pouvoir satisfaire n'importe quel désir! Là encore, il y a des règles, des échelles de valeurs ou d'intérêts que la volonté doit permettre d'observer. L'« éducation de la volonté », tel est le titre de nombreux manuels ou brochures et les noms du Père Gratry, de J. Dubois, W. James et d'autres viennent irrésistiblement à la mémoire, jusqu'au vers si désabusé de Sully Prud'homme. « Et le devoir, dans l'ombre, attend la volonté. » Il faut donc éduquer et exercer cette volonté de l'enfant; lui donner l'occasion non seulement d'obéir par contrainte, mais encore d'obéir librement à des règles qu'il se sera fixées. Mais il y a un danger à éviter : l'enfant confond parfois « volonté » et « entêtement ». Il s'imagine faire preuve de volonté en gardant une attitude qu'il sait fausse, alors que, précisément, c'est la volonté qui lui fait défaut pour en sortir ! L'entêté est tout autre chose que le persévérant, ne l'oublions pas ! Ce qui manque à notre époque, ce sont des êtres capables de se discipliner, de « se forcer », d'endurer. Peu importe si l'enfant ne voit pas d'emblée la nécessité des efforts que nous lui imposons, pourvu que, devenu adulte, il puisse justifier la parole de St-Jean: « Jeunes hommes, je vous écris, parce que vous êtes forts ». |
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