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Le mariage, un fil à la patte?
Evoqué en société, le mariage déclenche l'averse des lieux-communs, et les rouges tabliers ploient sous le faix.
Le monsieur qui a de l'expérience, qui écrase son épouse (il l'appelle sa « bourgeoise ») sous ses propos définitifs, dévide son répertoire. Voilà l'union conjugale baptisée « fil à la patte ».
On chercherait en vain, sur le visage satisfait du bavard, un souvenir furtif de l'émotion, du trouble, de la tendresse des rendez-vous où il attendit sa fiancée. Le jeune homme timide est pris à partie et endoctriné par l'orateur d'occasion : « Ah, mon jeune ami, faites attention de ne point vous laisser attraper et mettre en cage. Gardez votre liberté ! ».
Certes la harangue a été prononcée sur le ton de la grasse plaisanterie. Mais le jeune homme perçoit, sous la trivialité du propos, une rancoeur étrange. Et il se dit: « Voilà comment parle l'homme d'expérience ! ».
Les amis du jeune homme renchériront: « A nous l'indépendance! Vive la libérté ! Zut au bourgeois !». Le « bourgeois », par définition, est un homme marié. Un être, en général, auquel tout semble désormais interdit, qui est ligoté et bâillonné, qui met des pantoufles en rentrant au foyer pour épargner les parquets cirés. Littéralement, c'est un homme fichu. On en convient néanmoins : Il faudra bien (chaque jour, on entend cette expression désabusée) « faire une fin », comme tout le monde et dénicher la petite oie blanche qui sera tout juste bonne aux travaux domestiques et subira, sans rechigner, les ordres et désirs de son seigneur et maître.
Ayant ouï ces mâles paroles, le jeune homme se dira : « Voilà comment parlent les amis ! ».
Parce qu'en matière conjugale les réussites sont peu nombreuses, parce qu'on trouve dans certaines unions un défi à la nature ou à la logique, parce qu'il y a des mariages d'intérêt ou de lassitude, vouloir réussir son mariage, c'est tenter et réussir la plus belle aventure qui soit au monde: la création d'un couple, un homme et une femme liés corps et âme.
Réussir, ce n'est point prêter l'oreille au verbiage des aigris et des ratés. Il faudrait dire au jeune homme : conquérir une femme pour un soir, pour trois semaines, pour trois mois, c'est à la portée de chacun. Trouver son bonheur à rendre sa femme heureuse chaque jour, c'est autrement exaltant. Et l'amour qu'on donne est rendu cent fois. L'homme heureux avec sa femme heureuse est plus riche qu'un roi, lassé de tout et excédé de sa puissance passagère.
Si j'ose l'écrire, c'est que je connais des couples heureux, jeunes et âgés, et j'aimerais qu'une fois, en marge des trahisons et des mensonges, on soit assuré de la présence, dans chaque ville et chaque village, d'hommes et de femmes qui ont voulu et réussi la grande aventure, par leur fidélité amoureuse.
Si je puis le dire, malgré mes faiblesses et mes grands défauts, c'est à toi, bien-aimée, que je le dois.
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