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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Le Noël de Mademoiselle Paméla (2)

Elle avait tout ce qu'il fallait.
Elle avait deux chats ronronnants près de la cheminée, un gros chien noir couché devant la porte et un chien blanc, son favori le petit Youki, blotti sur ses genoux. Elle avait dans la cage dorée un canari qui chantait. Elle avait une perruche bleue qui cachait, en manière de jeu, sa tête sous son aile. Un perroquet bavard, perché sur le dossier de son fauteuil qui la saluait de temps à autre d'un joyeux « Bon Noël !» qu'elle lui apprenait patiemment depuis un mois.
Elle avait du bois sec qui flambait dans la cheminée. Une maison chaude et bien close, des couvertures de laine et un édredon rouge sur sa couche, des bourrelets épais autour de chaque fenêtre, une bouillotte dans son lit, une bouilloire à ses pieds.
Sa bouilloire à ses pieds, son chien blanc sur ses genoux, Mademoiselle Paméla tricotait devant le feu de bois. De temps en temps, elle levait un oeil vers la pendule, un autre vers la table chargée de friandises: le bon réveillon qu'elle ferait tout à l'heure ! Elle reprenait, le coeur ravi, son tricot : Tricoti, tricotons. Le bon chandail qu'elle aurait cet hiver ! Elle regardait le chaudron de cuivre suspendu à l'âtre : le bon chocolat qu'elle boirait ! Oh oui ! La bonne maison vraiment où elle vivait tranquille avec ses bêtes, la belle nuit !
A minuit, quand sonnèrent les cloches, Mademoiselle Paméla s'approcha de la table. Elle se demandait si elle commencerait par le jambon, la galantine ou le foie gras. Elle hésitait, penchée sur les plats délicats, lorsqu'un bruit la fit sursauter. Elle se redressa, la figure durcie, les sourcils froncés. « Encore lui », dit-elle.
C'était encore lui, le petit voisin, qui pleurait.
Mademoiselle Paméla se pencha vers la table et se décida pour la galantine fine. Youki, le chien blanc, lui montra en aboyant qu'il était de son avis. Qu'il était donc charmant !
Mademoiselle Paméla lui tendit en souriant un gros morceau mais son sourire se figea sur ses lèvres… De nouveau le même bruit…
Cet enfant pleurait tout le temps. Evidemment il était malheureux, sa maman était morte, son papa travaillait à l'usine toute la nuit. Et il restait seul…
Seul à six ans. Est-ce une raison pour troubler les braves gens ?
«- Il me faudrait, dit tout haut Mademoiselle Paméla, un mur plus épais. »
Elle reprit une tranche de foie gras. Une bouchée, deux bouchées. Et de nouveau les mêmes cris…
Il avait peur, ce petit Michel, c'était certain, ou il avait faim…
Oh! l'ennuyeuse pensée. Il fallait vite l'oublier. Fermer ses oreilles à ces cris, jouir de cette fête, de ce bon réveillon. «- Allons, Paméla, un peu de jambon! »
« C'est Noël, cette nuit, la fête des enfants ! »
Mademoiselle Paméla s'arrêta interdite… Qui a chanté ? Qui a osé chanter cela ? Est-ce toi, vieille Paméla ? Pourquoi redis-tu ce soir après tant d'années ce vieux refrain d'autrefois ?
- Un peu de jambon?
Non, Mademoiselle Paméla n'en veut pas. Elle a fermé les yeux. Elle rêve maintenant. Elle voit une vieille maison de pierres blanches, une maison garnie de houx et de guirlandes. Une toute petite fille bat des mains devant l'arbre merveilleux. Une jeune femme - oh ! doux visage! oh ! douce tendresse! - la tient dans ses bras. Elle chante :
« C'est Noël, Paméla, la fête des enfanta ! »
Et la ronde des garçons et des filles, qui tourne autour de l'arbre, redit après elle :
« Noël, c'est Noël, la fête des enfants! »
Mademoiselle Paméla se lève. Elle prend sa lampe et sa houppelande. Elle quitte la maison chaude. Où vas-tu vieille Paméla, une couverture sur le bras? Pourquoi cours-tu dans la nuit noire? Pourquoi, Paméla… ?
On n'entend plus dans la chambre que le tic-tac de la pendule. On entend le vol effarouché de la perruche, le grognement sourd du chien. On entend les bûches qui pétillent dans la cheminée…
Mademoiselle Paméla revient, une grosse couverture serrée contre elle. Du paquet sort un enfant aux yeux brillants, aux joues mouillées de larmes. Du paquet sort le petit voisin. Elle l'assied devant la table. Elle le sert. Du jambon pour le petit garçon qui a faim. Du lait bien chaud pour le petit qui a froid. Et des gâteaux pour le petit qui n'a plus de maman.
Quand il a eu bien mangé et bien bu, quand il a été repu, le petit homme près du feu s'est endormi. Près du feu sur les genoux de Paméla, le petit voisin a rêvé qu'il avait une maman…
Alors le canari s'est remis à chanter, les chats à ronronner. Alors Mademoiselle Paméla a couché le petit garçon sous le gros édredon. Elle s'est assise près de lui pour le protéger. Elle s'est remise à tricoter. Mais dans son coeur, la joie chantait, la joie de Noël retrouvée. De temps en temps elle se penchait sur le petit, elle l'embrassait puis elle reprenait son tricot - Tricoti, Tricotons - et à mi-voix, elle fredonnait :
« C'est Noël, la fête des enfants. »
Et le perroquet criait avec elle « Bon Noël » en battant des ailes.

(2) Extrait de « Pour aujourd'hui et pour demain », de Colette Nast. Edit. F. Nathan.
Ces deux livres que nous recommandons vivement sont à la disposition de nos abonnés.









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