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Problème de psychologie scolaire. Si votre enfant est « en retard » dans ses études…
Convenons que, vraiment, ceux et celles qui sont chargés d'établir les programmes scolaires n'ont pas la vie facile ! Aucun parent n'est jamais content : celui-ci trouve que l'on va trop vite, celui-là que l'on va trop lentement; les scientifiques et les techniciens voudraient que l'on sabrât dans le programme d'histoire ou de latin, alors que les purs classiques regrettent amèrement que leurs enfants soient privés de la joie profonde qu'on éprouve à travailler les tragiques grecs ou l'histoire de l'art ancien ! Que faire? Sinon reconnaître que le problème est insoluble en théorie et que force nous est bien de considérer la question sous un seul angle : " Etant donné le genre de monde et de société dans lesquels nos enfants devront vivre demain, que doivent-ils, de toute nécessité, savoir, pour pouvoir vivre dans ce monde-là? "
Mais, bien vite, nous nous heurtons - et combien douloureusement parfois - au fait que si les programmes sont faits pour les enfants, les enfants, eux, ne sont pas toujours faits à la mesure des programmes !
Si dans de rares cas, il peut être opportun de faire " sauter une classe " à un enfant d'intelligence particulièrement rapide et de santé robuste, dans des cas nombreux, il serait désirable de " retarder " l'enfant. Et ceci ne va pas sans provoquer un grand choc sur notre sensibilité (ou notre susceptibilité) de parents et sur le psychisme de l'enfant.
Entendons-nous bien quand nous disons: " retarder " l'enfant, cela ne signifie pas du tout nécessairement que cet enfant soit moins intelligent que son camarade qui a sauté une classe, ou qu'il soit à réprimander pour une défaillance morale (paresse, manque de volonté, etc.). Cela veut dire qu'il n'est pas conforme en l'an de grâce 1958 à ce que devrait être un enfant moyen. Mais il se peut fort bien que deux ans plus tôt ou cinq ans plus tard, il ait été ou il devienne conforme à la sacro-sainte " norme moyenne "!
Une très récente constatation faite en Allemagne et qui m'a été rapportée par un éducateur allemand, jeta un jour inquiétant sur la validité de cette " norme moyenne ". " Nos programmes scolaires, disait-il, ont tendance à être de plus en plus chargés ; mais nos enfants s'avèrent être de deux ans en avance au point de vue physique et de deux ans en retard au point de vue intellectuel. Comment pourraient-ils suivre le programme normal? "
Evidemment un enfant n'est pas responsable de son développement physique ; mais il suffit d'assister aux sorties des écoles pour constater un nombre anormal d' " adolescents-échasses " ou d' " adolescentes-asperges ". Or cela se paye par une fatigue anormale qui empêche l'enfant de mettre tout son effort dans son travail scolaire. Dans beaucoup de cas et pour des raisons très diverses, un enfant ne peut pas vouloir travailler, et, s'il se force à le faire, les résultats sont décourageants.
Mais voilà ! nous les parents, nous avons une peine affreuse à admettre un retard, nous introduisons trop souvent une notion morale, une idée de faute ou de prestige, là où il ne devrait s'agir que d'analyse intellectuelle ou psychologique. C'est notre orgueil qui est blessé, mais nous nous ferions couper la langue plutôt que de l'admettre!!!
Si nous sommes certains qu'il n'y a pas de reproches à faire à notre enfant, s'il a fourni l'effort normal (compte tenu de sa santé, des circonstances, etc.) que nous pouvons attendre de lui, est-il juste de lui faire honte parce qu'il double sa classe? Faut-il le signaler à la vindicte de la famille et l'affubler de l'épithète de paresseux ou de propre à rien, quitte à créer en lui un indéracinable sentiment d'infériorité ?
Ne vaut-il pas mieux, en tête-à-tête avec nous-même examiner quelle est la meilleure solution pour l'enfant, en essayant de mettre de côté et notre orgueil blessé et nos soucis financiers (un doublage implique généralement un accroissement de charge financière), et toute comparaison avec d'autres enfants. Il faut faire un grand effort de loyauté, d'impartialité, être sans pitié pour soi et plein de compréhension pour l'enfant qui souffre lui aussi, même (et peut-être surtout) s'il affecte de dire: " Bah ! tous les copains disent qu'il faut doubler une fois ! "
Peut-être qu'au lieu de " doubler " il vaudrait mieux changer de classe, ou faire un semestre ailleurs ? Certains collèges ont un système d'échange.
Une fois de plus, il faut se souvenir que nous élevons nos enfants en vue de leur avenir à eux ; non pas pour en faire des hommes ou des femmes moyennes, mais des individus dont nous respectons le rythme de développement qui leur est propre afin qu'ils puissent s'épanouir, prendre conscience d'eux-mêmes et servir toujours mieux la communauté à laquelle ils appartiennent.
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