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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Comment parler de Dieu aux enfants ?

Il faut leur en parler avec simplicité mais aussi beaucoup de discrétion, leur en parler par petites touches légères, comme un peintre qui cherche à exprimer ce qu'il ressent sans vouloir l'imposer. Il faut tâcher de rester toujours au-deçà de leur curiosité pour ne pas risquer d'aller au-delà, c'est-à-dire risquer de les saturer.
J'ai une petite fille qui, à l'âge de quatre ans, regardait très souvent un livre sur la naissance de Jésus, finement illustré. Elle s'apitoyait sur la silhouette lasse de Marie si « natiguée » (fatiguée), disait-elle, en attendant que Joseph découvre un gîte à Bethléem, et quelle joie, à la page suivante, de voir Marie serrant dans ses bras le tout petit bébé. Mais assez vite j'ai vu qu'une sorte de pudeur naissait qui préférait lui faire taire ses sentiments et nous n'avons plus regardé ce livre.
Quant à son petit frère (trois ans), il a arrêté l'autre jour son regard sur un tableau de la crucifixion et j'ai observé ses réactions. Tout d'abord il prenait parti contre l'homme ainsi puni, pensait-il. Alors j'ai rétabli les faits et lui ai dit que cet homme ne méritait pas d'être puni, car au contraire il aimait les gens, les guérissait, les consolait et voulait toujours leur faire du bien :« Alors je veux tapper les gens qui lui font du mal. » - « Eh bien, pense que Jésus n'a pas dit cela, il a dit: Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font. » - « Alors moi je veux rester avec lui pour qu'il ne soit pas tout seul », fut sa conclusion, et c'est tout ce qui fut dit ce jour-là sur ce sujet.
Je pense que c'est aux parents tout d'abord qu'incombe le bonheur de soulever de temps en temps le voile qui nous sépare de l'Invisible, au gré des circonstances et des propos échangés dans la journée et je ne crois pas qu'il faille envoyer très tôt les enfants à l'école du dimanche ou au catéchisme, toujours à cause du risque de saturation qui me semble le premier péril à éviter à tout prix.
Les fêtes chrétiennes : Noël, Pâques, Pentecôte, offrent des occasions très naturelles de parler des grandes vérités qui nous tiennent à coeur, mais vous savez aussi bien que moi que c'est principalement par la manière dont ils nous verront vivre ces vérités que nous les préparerons le mieux à les accueillir.
Avant toute chose, soyons larges d'esprit et de coeur et ménageons toujours de l'espace autour de nos paroles en laissant aux enfants le temps de réfléchir et de nous dire ce qu'ils pensent.
Une mère hindoue, de caste brahmane, avait plusieurs enfants dont elle suivait avec amour le développement. C'est ainsi que chaque soir elle faisait la tournée des petits lits et l'auteur, Mukergi, raconte qu'elle demandait à chacun d'eux quel avait été le plus beau moment de sa journée, et après la réponse du garçon elle ajoutait : « Et bien c'est à ce moment que Dieu s'est le plus approché de toi », voulant imprimer par là, dans le coeur de son enfant, que Dieu était la joie et le bonheur suprême.
Même méthode chez une jeune fille spécialisée dans l'éducation des enfants anormaux. Quelques-unes de ses compagnes et elle-même avaient pris à ceeur la tâche difficile d'éveiller à la vie spirituelle tout un groupe d'enfants arriérés élevés dans un institut de Paris. Elles les réunissaient chaque semaine autour d'un sujet central remarquable par sa beauté ou son agrément : fleurs, couleurs, chefs d'oeuvre en images, animaux, portraits que chacun était invité à regarder, à palper, à dessiner, et quand les pauvres petits visages inertes ou renfrognés s'éclairaient enfin d'un contentement intérieur, on leur disait: « Eh bien, tu vois, c'est Dieu notre Père qui a fait tout cela, c'est Lui qui nous a tout donné pour qu'on se serve de toute la Création et aussi qu'on la soigne, qu'on la protège et qu'on en remercie Dieu ».
Ensuite le centre d'intérêt était tout entier porté sur l'être humain, supérieur à l'animal parce qu'il peut s'exprimer par la parole et par les gestes et il a un visage qui révèle tous ses sentiments, de la tristesse à la joie. Enfin il peut; par la prière, exprimer à Dieu ses besoins et son amour. L'homme est le roi de la création pour la servir et s'en servir.
Ensuite seulement on leur présentait le petit Jésus comme le plus beau des enfants des hommes et le Roi et le Prêtre par excellence de toute la création et envoyé par Dieu pour nous apporter sa Parole, comme « aimez-vous les uns les autres ».
Ainsi peu à peu l'idée de Dieu le Père et le Créateur s'associait dans leur pensée confuse avec tout ce qui est bon et beau.
Et n'est-ce pas là la Vérité?
Comme monitrice d'école du dimanche pendant bien des années, j'ai surtout essayé d'apporter aux enfants le Christ vivant, notre meilleur Ami cheminant avec nous sur les sentiers de la vie mais avec une autorité et un amour sans limite.
Un dimanche matin, je revenais de l'école du dimanche avec ma fille cadette âgée de sept ou huit ans environ, qui sautillait à mes côtés, et je lui demandai à brûle-pourpoint: « Qui est Jésus pour toi? » - « Oh! et bien c'est celui qui nous dit ce qu'il faut faire. » - « Oui, mais moi aussi je te dis ce qu'il faut faire, alors quelle différence y a-t-il entre lui et moi? » (je voulais connaître le fond de sa pensée) -« C'est que lui dit ce qu'il faut faire et puis il donne la force de le faire, toi pas! » C'était clair, net, précis, et combien vrai !
Les petits enfants sautent à pieds joints, sans effort, jusqu'aux frontières du monde invisible et leurs yeux purs contemplent, grands ouverts, les Vérités éternelles que les compromis de la terre n'ont pas encore voilées ou déformées en eux.
Comme monitrice, j'essayais aussi de leur donner une idée panoramique de l'Ancien Testament préparant la venue de Jésus-Christ. Je leur avais dessiné, en la schématisant, la chute sous la forme de deux petits personnages tombant du jardin d'Eden dans un abîme sombre et désolé, mais Dieu ne les abandonnait pas et successivement des phares plus ou moins grands qui s'appelaient Abraham, Moïse, les prophètes, éclairaient leur chemin et les aidaient dans leur laborieuse remontée vers la lumière jusqu'au jour où enfin l'éblouissante clarté apportée par le Christ resplendissait à tout jamais sur leur chemin.
Bien des années plus tard, une de mes petites élèves devenue adulte me disait qu'elle n'avait jamais oublié cette image. J'en ai conclu qu'il ne fallait pas craindre de frapper parfois leur vue et leur imagination par des images ou des histoires illustrant la Vérité sous une forme simple et incisive.
Je pense qu'il faut aussi apprendre aux enfants à se taire devant la Majesté divine, savoir rester silencieux un moment, après avoir orienté nos pensées dans la même direction, afin de percevoir peut-être le murmure doux et léger que l'homme de Dieu avait entendu au mont Horeb. Si nous sommes parvenus à leur faire aimer le silence devant Dieu, je crois que nous leur aurons donné quelque chose d'essentiel car c'est comme une manière de répondre : présent, après avoir lu la Bible et prié. Mais attention ! Les enfants ont une perspicacité aiguë pour démêler ce qui est réellement vécu par nous dans ce que nous disons; inutile de poser devant eux pour des modèles ; mettons-nous plutôt résolument à leurs côtés pour chercher avec eux la Vérité et y conformer nos pensées et nos actes.
La discrétion et le tact doivent encore augmenter de notre part parallèlement au nombre d'années de nos enfants, en particulier au moment de leur instruction religieuse. Il faut très peu leur parler de Dieu mais beaucoup parler d'eux à Dieu. Et alors peut-être aurons-nous la joie de nous entendre dire plus tard, comme la mère d'un fils de vingt-trois ans: « Tes prières m'ont beaucoup aidé. Tu ne m'en parlais pas, mais j'ai senti leur influence dans ma vie. Merci. »









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