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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
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Pères, vos enfants ont besoin de vous!

- Quand vous pensez à votre enfance, ai-je demandé récemment à une femme mariée, quel souvenir gardez-vous de votre père ? Qu'est-ce qui vous a laissé, de sa part, l'impression la plus durable ?
- Oh ! Je sais : les pâquerettes !
- Les pâquerettes ? Quel rapport y a-t-il entre les pâquerettes et l'influence d'un père sur l'épanouissement de sa fille ?
- Vous allez comprendre. Mon père était un homme extrêmement occupé. Les exigences de sa profession le retenaient souvent toute la journée loin de nous. Nous ne le voyions que quelques minutes le soir, avant de nous coucher, et un peu plus longuement le dimanche.
Mais quelles minutes ! Quels dimanches ! Dans ces moments-là, nous avions un peu l'impression de recevoir notre part de Paradis : papa, le très-fort, le très-intelligent, le très-puissant consacrait à ses enfants quelques instants précieux de sa laborieuse vie. Quel bonheur de grimper sur ses genoux pour regarder avec lui le livre d'images que nous connaissions par coeur ! Quelle joie quand il prenait, dans sa forte main, ma minuscule main de 4 ans, m'entraînait dans la direction du jardin et disait: « Allons voir ce qui a poussé cette semaine. » Il réglait son allure sur la mienne, s'arrêtait quand je cueillais des pâquerettes, m'attendait patiemment quand je retournais en arrière. Il ne disait souvent rien. Il se contentait de m'observer, de sourire ou de mettre dans ses poches les trésors inestimables que je découvrais entre les pierres. Papa était là; c'était cela le bonheur.
- Quand vous dites: « Papa était là », vous voulez sans doute nous faire comprendre à quel point c'était précieux d'avoir un père vraiment présent. Non seulement en chair, en os et en vêtements, mais présent de coeur.
Malheureusement, trop de pères ignorent l'importance capitale de cette présence réelle pour leurs enfants.
Il faut dire que ce n'est pas si facile de jouer correctement le rôle de père!
D'abord : quand ce rôle commence-t-il ? Dès les premières semaines de la vie de l'enfant ? Au bout de quelques années? Au moment de l'adolescence ? Les filles ont-elles besoin de l'intérêt de leur père au même titre que les garçons ? Et comment s'y prend-on, quand on n'a pas la fibre paternelle très développée pour établir avec ses enfants des relations affectueuses?
Eh bien! Il n'y a pas lieu de se tourmenter exagérément. Il faudrait simplement que les pères osent davantage. Evidemment, on comprend qu'ils se sentent souvent déconcertés et embarrassés en face d'un nouveau-né. Le sentiment paternel n'est pas un instinct qui naît en même temps que le premier enfant. C'est une qualité qui se développe peu à peu, dans la mesure où le père et l'enfant peuvent communiquer l'un avec l'autre.
Certains pères n'hésitent pas à proposer leurs services pour donner le biberon ou pour changer le bébé. Ils sentent fort bien que c'est une façon de faire plus ample connaissance avec ce petit inconnu qui porte le même nom qu'eux. Les mères devraient avoir la sagesse d'accepter cette aide, même si leurs maris n'usent pas strictement des mêmes méthodes qu'elles. L'important, ce n'est pas que les langes soient pliés en triangle et que le biberon soit incliné à 22° 1/2 ; l'essentiel, c'est que le père s'intéresse à son enfant et qu'il ne se sente pas ridicule quand il prend des initiatives dans ce sens.
Ceci dit, il faut bien reconnaître que c'est surtout à partir du moment où le petit commence à marcher, à jouer, à parler que les échanges avec son papa revêtent un intérêt véritable. Intérêt de la part de l'homme qui communique davantage avec l'enfant lorsque le langage facilite les choses. Intérêt de la part de l'enfant qui découvre peu à peu que papa est autre : il n'est pas une simple doublure de maman (capable, quand il le faut, de prodiguer les mêmes soins qu'elle) ; il a une autre personnalité ; il enrichit la vie de son enfant grâce à des apports d'une qualité différente.
Qu'est-ce qu'il aime trouver auprès de son père ? Ecoutez comment finissent les disputes entre enfants lorsqu'ils sont à bout d'arguments et qu'ils jouent leur dernière carte, la plus importante ; vous serez renseignés: « Mon papa est plus fort que le tien !» La force, la puissance, l'autorité : voilà ce que l'enfant attend de son père.
Seulement, dans la pratique, rien n'est plus délicat que de posséder la force, la puissance et l'autorité et de ne pas en abuser. Il est si facile de confondre autorité et autoritarisme ! Et pourtant, ces deux attitudes sont exactement le contraire l'une de l'autre. La vraie autorité est un bienfait pour le jeune être qui se développe ; l'autoritarisme agit comme un poison qui peut entraver gravement son évolution.
Comment peut-on être un homme fort, dynamique, puissant, et ne pas écraser son enfant de toute sa supériorité ?
En se souvenant que celui-ci a besoin d'être encouragé, stimulé, soutenu par la force de son père. Ce ne sont pas les réprimandes, les reproches et les punitions qui renforcent les bonnes relations père-enfant ; c'est au contraire l'intérêt affectueux que le père s'efforce d'avoir pour les intérêts de l'enfant :
- Tu ne joues plus avec ton train depuis quelque temps. Est-ce que la locomotive est gâtée ? Veux-tu que je voie comment on peut la réparer?
- L'année passée, tu étais bon élève en arithmétique. Tes chiffres baissent de plus en plus. Y a-t-il quelque chose que tu ne comprends pas ? Qu'allons-nous faire ensemble pour améliorer ces résultats ?
Souvent, les paroles sont superflues ; car l'enfant est intuitif : il sent l'appui et la protection, même quand aucune traduction ne les accompagne. Mais attention ! Cette remarque ne doit pas vous inciter à vous replier derrière votre journal, sous prétexte que votre présence silencieuse suffit. Quand vous êtes présents de corps et absents de coeur, vos enfants le sentent aussi !
Consentez donc, quelques minutes chaque jour, à quitter votre « paix à tout prix » pour participer d'une manière active à ce que vos enfants aiment. Dans chaque famille, il peut s'établir ainsi, quand chacun y met de la bonne volonté et de l'entrain, un certain nombre de « traditions sacrées », sources de joies infinies pour tous ceux qui y participent :
- Quand j'avais 8 ou 9 ans, me disait une jeune femme, j'avais pris l'habitude de me mettre au milieu du corridor quand papa rentrait à midi. Nous avions une convention tacite qui faisait qu'à chaque retour, je restais immobile, attendant ses questions rituelles : « Bonjour ma petite. Qui es-tu ? Comment t'appelles-tu ? Qu'est-ce que tu attends là, sans bouger ?» Et tout à coup, il faisait semblant de découvrir avec surprise et enchantement que j'étais sa petite fille. A ce moment seulement, je lui sautais au cou et nous nous embrassions avec effusion.
Cette petite représentation durait peut-être trente secondes ; malgré sa brièveté, elle me procurait un immense bonheur. C'était si précieux, pour moi, la petite « dernière » de la famille, toujours ridiculisée par ses grands frères, toujours persuadée d'être trop petite pour tout, toujours empêtrée dans de néfastes sentiments d'infériorité, d'avoir l'intérêt et l'affection de mon père à moi toute seule, tout entière, trente secondes, chaque jour à midi !









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