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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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A la question d'une abonnée, nous répondons :Pères, vos filles, aussi, ont besoin de vous!

Je sais par expérience personnelle et par des propos entendus combien une bonne relation père-fille dans l'enfance est importante pour la femme dans toute sa vie d'enfant et d'adulte. Le manque de sécurité et de confiance avec son père, ou le sentiment de ne pas être appréciée ou admirée par lui, peut représenter pour la fillette et pour la femme plus tard de grands obstacles à vaincre pour atteindre à un vrai épanouissement. Ne pourriez-vous pas, dans les Entretiens, inciter vos lectrices à rendre les maris attentifs à ce problème, ou les rendre conscientes peut-être d'un problème personnel non résolu qui peut les gêner dans leur comportement à l'égard des leurs ?


Nous répondons :

Pères, vos filles, aussi, ont besoin de vous!

- Pour quelles raisons avez-vous appelé votre fille Danielle ?
- C'était notre premier enfant. Or, comme la plupart des jeunes parents, nous avions souhaité un garçon. Un garçon, n'est-ce pas, c'est une garantie pour l'avenir; c'est une force dès le jeune âge, c'est une sécurité, c'est lui qui héritera du nom, peut-être de la profession ! Hélas, nos voeux ne furent pas exaucés. Ce fut une fille qui vint au monde. Pour nous consoler, nous lui avons donné un nom masculin auquel nous avons simplement ajouté une syllabe pour le féminiser.

J'ai fait la connaissance de Danielle lorsqu'elle avait 8 ans. La syllabe supplémentaire que son père avait « simplement ajoutée » à son nom n'avait pas modifié les sentiments des jeunes parents. Ils continuaient à vivre dans l'idée qu'une vraie famille se compose en majorité de garçons et ils ressentaient comme une humiliation le fait d'avoir eu deux filles avant d'obtenir enfin le jeune mâle si ardemment désiré.
Danielle (de même que sa soeur Michelle) avait toujours l'air de chercher quelque chose qu'elle ne trouvait pas. Elle avait le regard préoccupé et sombre d'une enfant qui recherche âprement la solution d'une énigme difficile à résoudre. Elle se sentait insatisfaite; elle n'était pas heureuse. Comment aurait-elle pu l'être dans un milieu où l'on entend tous les jours des réflexions du genre: « Il a bien fallu se résigner à faire deux brouillons avant d'obtenir un chefd'oeuvre !» « Michelle devra doubler son année scolaire ; mais cela n'a pas d'importance puisque c'est une fille. »« Jacques fera des études ; ce n'est pas qu'il soit particulièrement doué ; mais c'est notre seul fils ; alors n'est-ce pas… Les filles iront à l'école ménagère; à quoi bon leur enseigner autre chose que le ménage? Chacun sait, du reste, que le cerveau féminin pèse 200 g. de moins que le cerveau masculin. »

Des réflexions de cette espèce, souvent faites à la légère, finissent par influencer le comportement général d'un grand nombre de filles. Elles grandissent avec le sentiment vague de ne pas être à la hauteur, de ne pas donner satisfaction, de ne pas être ce qu'il faudrait être.
Par contre, il en va tout autrement si les parents acceptent leurs filles avec le sentiment profond que chaque enfant, qu'il soit fille ou qu'il soit garçon, est « une espérance de l'humanité, une espérance de Dieu ».
Il faudrait que les parents aient la sagesse de reconnaître que la vie offre des possibilités infinies d'épanouissement pour chaque être humain, mais que ces possibilités sont différentes pour les filles et pour les garçons.
C'est justement ces « autres possibilités » qui sont difficiles à comprendre et à admettre. Combien de mères s'inquiètent et s'alarment, pour prendre l'exemple peut-être le plus anodin et le plus fréquent, en constatant à quel point leurs garçons recherchent la bagarre et le combat. Il faut souvent que le mari ou les amis expliquent qu'il n'y a là rien de fâcheux, que c'est ainsi que se manifeste le « genre garçon ».
A l'opposé, nous voyons des pères extrêmement embarrassés lorsque leurs fillettes de 3 ou 4 ans grimpent sur leurs genoux, sortent de leur poche un peigne et un ruban rouge et se mettent à essayer une nouvelle coiffure sur la tête du chef de famille… Si vous avez la chance d'être l'objet de ces petites manifestations de tendresse et de coquetterie, sachez les accepter avec le sourire et ne vous sentez surtout pas ridicule. Car c'est ainsi que le « genre fille » fait son premier apprentissage du monde masculin.
Ces premiers échanges affectifs entre le père et la fille peuvent avoir une influence déterminante sur les sentiments que la fille aura plus tard pour les hommes en général. Le père fut-il lointain et inaccessible ? Elle grandira avec l'impression que « les hommes » sont « toujours » lointains et inaccessibles. Le père sut-il quelquefois abandonner la lecture absorbante de ses journaux pour admirer la robe neuve de sa fille ou lui demander des nouvelles de ses poupées ? Elle évoluera harmonieusement avec l'impression profonde et réconfortante d'être une fille qui est non seulement « acceptée » mais peut-être « encore admirée » comme telle.

Est-ce que ces scènes touchantes de la petite enfance suffiront à elles seules à donner aux filles le sentiment de leur valeur personnelle ? Il va sans dire que si le père se contente de jouer son rôle à la surface de lui-même, sans y mettre tout son coeur et tout l'intérêt profond qu'il porte à son enfant, il y a bien peu de chance pour que son attitude ait une influence décisive. A mesure que la fillette grandit et évolue, il faut que le père évolue et s'adapte également.
Il apprendra à suivre avec le même intérêt les travaux d'école de ses filles comme ceux de ses garçons. Lorsque ses enfants devront prendre une décision, au moment d'un changement d'orientation scolaire, il les aidera à choisir avec le maximum d'objectivité, non pas seulement en fonction de leur sexe, mais aussi et surtout en fonction de leurs capacités réelles et profondes.
Si elle vit dans un climat où l'on accepte réellement le « genre fille », où l'on éprouve une véritable estime pour les activités spécifiquement féminines, la jeune fille pourra choisir en toute liberté la profession qui correspond à ses goûts et à ses capacités.
Par contre, si elle perçoit chez son père un dédain marqué pour les travaux ménagers et féminins, elle risque fort de refuser de s'avouer qu'elle est attirée par ce genre de travaux. Elle essayera désespérément de prouver aux autres et à elle-même qu'elle peut rivaliser avec les garçons dans tous les domaines. Et, au lieu de cultiver en toute sérénité les qualités qui font le charme et la valeur de sa personnalité, elle se fatiguera à essayer de devenir « autre » et toute sa destinée peut en être faussée.

Pères, vos filles, aussi, ont besoin de vous ! Elles sont bien différentes de vous. Leurs qualités et leurs défauts vous étonnent bien souvent. Apprenez à mieux les comprendre. Si elles se sentent acceptées véritablement, elles connaîtront le bonheur qui consiste à s'accepter soi-même. Et que peut-on souhaiter de mieux à un être humain qui part à la conquête de la vie que de s'accepter de bon coeur, avec ses talents, avec ses limites, avec tout ce qui fait, en fin de compte, sa valeur personnelle et irremplaçable ?









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