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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
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Silence !

Dans la musique de Bach, dans un largo de Beethoven, il est donné aux hommes de l'époque apocalyptique que nous vivons d'entendre la voix de Dieu que nous croyions perdue. Chacun la perçoit - j'en suis sûr - qu'il soit riche ou pauvre, blanc ou noir. Car le silence de l'esprit a plus de pouvoir que le hurlement des moteurs.

Wilhelm Kempff.


Avez-vous déjà eu la grâce de regarder dormir un bébé? Avez-vous déjà entrepris de dépeindre un nouveau-né endormi ? Quel mot choisiriez-vous : innocence, douceur, sérénité? Avez-vous déjà pensé à ce que devient trop souvent un bébé livré aux adultes ? On le regarde, on le prend dans les bras, on veut éprouver ses connaissances, on agite devant ses yeux et à ses oreilles des objets bruyants tels que hochets, canards en caoutchouc - qui sont loin d'être muets, croyez-moi !- clochettes diverses… Pauvre bébé! Où sont la sérénité, la paix de son sommeil, où est le silence indispensable à son équilibre nerveux ?
Nous y voilà: le silence!
Cela paraît à l'heure actuelle un lieu commun de parler de la nécessité du silence, de la lutte indispensable contre le bruit. Tout contribue à notre époque à créer une ambiance de bruit qui nous fait perdre le goût du silence. Epoque, dit un psychologue, qui ferme les sanatoria, mais ouvre des cliniques neuropsychiatriques ! Que peuvent faire les parents contre cet état de choses ?
Ils doivent tout d'abord se persuader que le silence est indispensable au nouveau-né.
Pensez un peu à quel silence, à quelle tranquillité parfaite le bébé était habitué dans la douce chaleur du sein maternel ! Le voilà mis en contact avec le monde extérieur: la lumière, les couleurs, le bruit. Ménageons cette vie naissante: éloignons les lumières trop vives, atténuons les voix trop fortes, supprimons les jouets bruyants. Durant des mois, l'enfant peut s'amuser avec l'objet le plus simple et pendant longtemps il n'est occupé que de son corps et de ses possibilités.
Un nourrisson convenablement soigné est tranquille et silencieux. Il n'a pas encore besoin de société, il ne s'ennuie pas. Moins on le dérange, mieux il se porte. Habituons-le à ce silence extérieur dans lequel peu à peu il apprendra à percevoir les sons utiles: la voix de sa mère, le chant des oiseaux, le murmure du vent.
Le silence n'est pas moins indispensable aux enfants en âge scolaire.
Ils en ont besoin, si nous voulons obtenir d'eux un travail régulier, si nous voulons que leur imagination se développe, si nous voulons que leur attention s'éduque, si nous voulons qu'ils acquièrent le goût de la méditation silencieuse absolument indispensable à la formation d'une personnalité complète et équilibrée, si nous voulons leur apprendre le respect du travail dans le calme. Pratiquement, que devons-nous faire pour créer un climat favorable à cet apprentissage?
Essayons en premier lieu d'éveiller chez nos enfants le goût de « l'absence de bruit ». Faisons-leur remarquer, chaque fois que cela est possible, combien le silence est bon, beau, revigorant. Créons un milieu familial paisible, évitons les claquements de portes, les éclats de voix, fermons le poste de radio fonctionnant en « fond sonore ». Fuyons, le dimanche, les lieux où la foule s'étourdit dans le bruit. Emmenons nos petits dans la nature, loin des routes parcourues par les véhicules pétaradants. Incitons-les, devant un très beau paysage, à rester silencieux. Il n'est pas rare alors de les entendre murmurer : Comme c'est beau! Créons dans le rythme de la vie familiale des « temps de silence ».
Nos enfants sont agités ; nous les trouvons instables, inattentifs. A l'école aussi bien qu'à la maison, nous essayons d'obtenir d'eux un peu de silence. Que faisons-nous le plus souvent? Nous ajoutons aux bruits qui s'accumulent autour d'eux, celui de notre voix autoritaire. Nous crions toujours plus fort, nous punissons, nous supplions sans résultat. Plutôt qu'à l'influence de fréquents rappels verbaux, je crois au bienfait des « temps de silence ».
Je trouve dans une revue pédagogique l'avis d'un médecin qui préconise, lui aussi, des zones de silence. Par exemple le matin, au calme de la nuit peut succéder une zone de silence : cette première heure de la journée doit être vécue dans l'action et dans le silence, non dans l'agitation et dans le bruit. En outre, une zone de silence peut couper l'activité d'une journée, repos aussi indispensable à l'équilibre des parents qu'à celui des enfants; certains la situeront à « l'heure du café », d'autres préféreront imposer le silence pendant une partie du repas. Le choix dépendra des circonstances de chaque milieu familial.
Ce qui compte, c'est que nous nous engagions nous aussi dans cette voie apaisante dont nous voulons faire sentir le bienfait à nos petits. Apprenons à nous taire ou, si vous voulez, apprenons à parler au bon moment, avec la voix qui s'impose et la disponibilité nécessaire. C'est aussi préparer au silence et à la méditation que de répondre patiemment, calmement, aux « pourquoi » enfantins.
Je pense aussi qu'un entretien en tête-à-tête, où l'enfant peut murmurer en toute confiance ses confidences est un moment de « silence actif » aussi fructueux que le « silence muet ».
De même qu'il existe une caricature de la parole, la parlotte, il existe une affreuse caricature du silence, le mutisme.
Il serait faux de ne voir dans le silence qu'un côté négatif, c'est-à-dire « l'absence de bruit ». C'est vrai que chaque fois que nous réussissons à bannir un bruit superflu nous faisons oeuvre utile. Mais ,attention ! L'absence de bruit ne suffit pas, un « silence vide » peut être nuisible : pour certains tempéraments, ce sera la porte ouverte à la nonchalence, à la paresse, au laisser-aller. Le silence ne signifie pas forcément inactivité, mais il peut s'accompagner d'une activité intelligente (travaux manuels, dessin, peinture) ou d'une méditation active. C'est dans le silence que l'enfant assimile ce qu'il a appris, vu et entendu.
Cette notion positive du silence est un véritable enrichissement pour l'âme. Je pense donc qu'une conversation confiante, qu'une lecture faite en famille, qu'une musique bien choisie, qu'une activité aimée, peuvent donner accès au silence intérieur. Mme Montessori, la grande éducatrice italienne, préconise la « leçon de silence » pendant laquelle l'institutrice maintient l'attention d'un enfant en éveil, en lui faisant écouter « la voix des choses »: un caillou, un crayon, une épingle qui tombe à terre, une porte qui grince, en lui apprenant à distinguer des bruits toujours plus infimes, l'obligeant ainsi à être toujours plus attentif. Au fur et à mesure que son attention se fortifie, il saisira mieux le silence qui est au-dedans de lui et il aura fait un grand pas dans l'apprentissage de la paix intérieure.

En résumé:
Donnons à nos enfants l'exemple du silence. Créons le silence par notre voix, notre attitude, la façon dont nous manions tous les objets quotidiens, qu'il s'agisse de casserole … ou de portes! Respectons des moments de silence avec nos enfants. Faisons de nos silences des haltes fécondes et non vides. Sachons nous taire, écouter ou dialoguer avec nos enfants, dans le calme et la ferveur. Nos enfants nous imiteront, et peut-être aurons-nous une fois la joie de constater qu'ils auront atteint la paix intérieure. Car, dit Saint-Exupéry, « l'espace de l'esprit, là où il peut ouvrir ses ailes, c'est le silence ».









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