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L'espérance
Je l'aimais, ce prunius, avant qu'il ne soit planté. J'en rêvais depuis des années. Sans prunius, le printemps n'était pas tout à fait mon printemps, le printemps dans mon jardin.
On le planta enfin en mars. Et le prunius crut bon de ne point donner de feuilles. De temps en temps, je prenais une loupe - oui - et j'examinais de menues écailles qui pouvaient passer pour des bourgeons. Hélas ! de feuilles point.
Le pépiniériste qui me l'avait fourni me disait : « Je crains bien qu'il ne soit mort
»
Le jardinier me disait « Il est mort
»
Dès qu'un ami amateur de plantes venait à la maison, je lui demandais d'examiner le prunius. Avec des ménagements, pour ne point me faire de peine, l'ami me conseillait de me faire une raison
Pendant tout ce temps-là, j'arrosais le prunius. Je lui donnais même double ration d'eau, plus une grande ration de tendresse. Je ne le blâmais point, j'avais un serrement de coeur en songeant qu'il était menacé d'arrachage à l'automne, et redoublais de soins.
Et un jour de la mi-juillet, en allant arroser mon prunius, il m'apparut dans un nimbe de minuscules feuilles nouvelles-nées ! Je n'en croyais pas mes yeux, je n'en croyais pas mon espérance, à l'instant où elle se réalisait. C'était pourtant l'évidence, la réalité, la vérité vraie : gavé de soleil, abreuvé d'eau fraîche, le prunius avait jugé l'éventualité de l'existence supportable, et décidé de vivre.
J'espère qu'il sera heureux. Il le sera sans doute, puisqu'il débute par une excellente action; il m'a confirmé ce que je savais déjà, mais qu'on ne répètera jamais assez : il ne faut jamais désespérer. C'est parfois au moment où une situation semble à toute extrémité que les efforts accumulés donnent leur fruit, et le bonheur, dont on se prenait à douter, éclot sous notre nez!
Guillaume d'Orange disait : « Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. » En ce qui concerne l'espérance, il avait tort : elle nous communique sa force constructive. Il a raison, lorsqu'il nous persuade d'être tenaces. Mon prunius m'a rappelé l'adage du sauveur de la Hollande, mais son langage est plus gracieux.
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