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Méthodes nouvelles et vie familiale

Il est difficile d'appliquer à la vie scolaire les méthodes dites nouvelles. Ces méthodes exigent des techniques plus sûres que les méthodes traditionnelles, mais aussi des tempéraments spéciaux d'éducateurs. Il faut en outre souvent beaucoup de courage pour ébranler les constructions administratives. De courage et de prudence.. on sait le danger de toute « désintégration » que n'accompagne pas un plan très net de reconstruction. La famille, aux mouvements plus souples, pourrait servir de modèle réduit aux milieux éducatifs de toutes natures.
La souplesse lui permet en effet de rester sensible et ouverte aux grands mouvements du monde, même alors que ces mouvement, se précipitent à une allure vertigineuse. L'enfant de 1958 ne ressemble guère à l'enfant de 1908 quand nous considérons ses réactions à l'égard du milieu dans lequel il vit. Mais plus, il nous arrive de constater qu'en moins de trois années, si nous voulons être fidèles, il nous faut modifier quelques-unes de nos conceptions pédagogiques. En somme, les méthodes nouvelles se doivent renouveler sans cesse.
Cela ne signifie nullement qu'elles capitulent. L'absence de méthode est la pire des erreurs puisqu'elle nous sépare de l'esprit. Trop de parents mal informés ont cru que pour permettre à l'enfant de s'épanouir, il fallait supprimer toutes les contraintes et le laisser faire tout ce qu'il voulait, comme il le voulait, quand il le voulait. En fait, les méthodes nouvelles ne peuvent pas plus se baser paradoxalement sur l'anarchie, que rationnellement sur la contrainte. Leur base, c'est en fin de compte l'amour dont il faut à tout instant vérifier l'authenticité, c'est-à-dire la profondeur. Alors, si elles évoluent dans les formes, on en consolide pas moins les principes essentiels et d'abord celui-ci :

L'enfant est une personne.

Ce n'est ni une chose qu'on peut modeler à son goût, ni une plante qu'il s'agit d'améliorer, ni un animal qu'il suffit de dresser; mais dès le départ, ce merveilleux composé qu'on appelle une personne, c'est-à-dire un individu et un être social, orientés par un devenir.
Un individu particulier, portant en lui-même, si peu que ce soit, le germe de qualités irremplaçables, précieux par cette singularité même qui constitue son témoignage.
Un être social, qui ne se peut séparer de son milieu, non seulement parce que ce milieu agit sur lui mais parce que lui-même y trouve l'essentiel de sa raison d'être.
Individu, être social, soudés, combinés à un point que nous soupçonnons sans bien savoir encore ce que cela exige de l'éducateur. Toutefois la psychologie vient parfois éclairer ce phénomène et orienter les réactions de l'éducateur. Citons un exemple : Voilà une fillette qui coupe en morceaux les socquettes de ses compagnes internes comme elle. Le problème eût été, il y a trente ans : Comment sévir ? Aujourd'hui, l'éducatrice se penche sur le mystère de cette âme d'enfant et retrouve l'origine de son comportement anti-social : abandonnée par sa mère à sa naissance, elle eut l'indicible joie de la retrouver à trois ans, mais la peine démesurée de la perdre une seconde fois, huit jours seulement après son retour au foyer. Que viendrait faire ici le code disciplinaire le plus impartialement établi ?
Si les noeuds qui se forment pendant la croissance de l'enfant risquent ainsi d'impressionner sa vie entière c'est qu'il est toujours en mouvement dans cette direction particulière que nous appelons son devenir. Or, pour chercher ses voies, plus que de toute autre chose, il a besoin de sécurité. Et cette sécurité, il la trouve beaucoup moins dans l'abondance matérielle que dans la certitude d'être aimé, surtout par sa mère. Eprouve-t-il ce qu'on appelle maintenant « un manque affectif », son comportement s'en trouve affecté partout où il agit et espère. Et cette relation de cause à effet, aperçue surtout chez les enfants de moins de 7 ans, peut se manifester chez de plus grands enfants, surtout dans ces périodes d'insécurité qu'on appelle des âges ingrats. Voici un garçon de 14 ans, habituellement bon élève et qui, tout à coup cesse de travailler ; les leçons ne sont pas sues, les devoirs paraissent bâclés. Aucune punition ne se montre efficace. L'instituteur s'inquiète. Le jeune garçon a perdu son père. Dans son milieu, on s'est borné à cette logique :« il doit comprendre que maintenant sa mère et ses soeurs doivent pouvoir compter sur lui !» On l'a exhorté dans ce sens à l'école. En vain. Le maître comprend que l'ébranlement affectif, compliqué par le mystère de la mort soudain entrevu, est plus profond qu'on n'a pu le penser ; il conclut qu'un appui viril, compréhensif et dynamique (celui d'un oncle, d'un parrain, d'un chef scout, d'un pasteur) sera plus efficace que n'importe quelle sanction. Ainsi abandonne-t-il la vieille formule :« Comment l'amènerai-je à plier? », au profit de celle-ci, qui n'est nouvelle d'ailleurs qu'en apparence :« Comment l'aiderai-je à progresser dans le sens de son devenir ? »

Du fait que l'éducateur doit tenir compte de ces trois aspects de la personne dans l'enfant, on peut conclure que les méthodes qu'il emploie sont synthétiques. Elles le sont encore sous d'autres aspects. Elles refusent les anciennes spécialisations : corps, intelligence, caractère, âme et savent que tout, dans l'enfant, comme dans l'adulte, est mêlé indissolublement pour former ce qu'on appelle le « composé humain ».

A la maison, il est beaucoup plus qu'un corps à développer ; et plus, à l'école, qu'une intelligence à meubler. Il est entièrement lui-même dans tous les milieux dont les oppositions peuvent le troubler gravement. C'est dire combien sont utiles les relations nouvelles entre l'école et la famille et combien il faut souhaiter voir se concerter quand « quelque chose ne va pas » tous les responsables du développement de l'enfant : parents, maîtres, chefs scouts, directeur de patronage, pasteur… Un petit fait est significatif à ce sujet, de l'évolution des esprits : Il y a une vingtaine d'années, quand les parents recevaient des reproches de la part du maître et des compliments de la part du chef scout, ils menaçaient leur enfant :« Alors, on va te supprimer le scoutisme ». On cherche plus volontiers maintenant, en quoi le scoutisme est un stimulant valable et comment il aide l'enfant à se mieux comporter.
Il est évident que si nous parlons de l'unité réelle de l'enfant et de l'unité désirable des milieux dans lesquels il vit, il ne s'ensuit pas que nous pensions à l'uniformité des personnes. Or, la difficulté vient précisément de ce que les milieux ont à tenir compte des natures diverses qui les fréquentent. Notre idéal scolaire n'est plus celui des classes homogènes (nous les souhaiterions au contraire parfaitement hétérogènes!) et nous n'entendons plus que rarement la phrase autrefois courante des parents :« Nous les élevons pourtant bien tous de la même manière! »
Cette diversité qui chez les enfants comme chez les adultes constitue la plus grande richesse des groupes, entraîne évidemment une conception nouvelle et quasi révolutionnaire de la discipline. Il ne s'agit plus d' « avoir les enfants en mains », de « les tenir » dans une immobilité et un silence parfaits. C'est eux qu'il faut habituer progressivement à se tenir en mains, individuellement et socialement. On parle maintenant de discipline intérieure qui rend vains les vieux règlements. Mais prenons bien garde qu'il y ait malgré tout discipline et non pas anarchie, car l'enfant a besoin d'ordre et de silence et l'autorité du maître considérablement assouplie n'est pas pour cela neutralisée. D'aucuns s'y sont trompés qui voient maintenant le résultat d'un libéralisme inconsidéré.
Qu'est donc cette autorité nouvelle ? Il est impossible d'effleurer le problème, on ne ferait que brouiller les idées qu'il implique. Disons surtout qu'elle abandonne tout orgueil (ou plutôt qu'elle s'en dégage de son mieux). Aider l'enfant, en effet, c'est peut-être, avant tout, veiller à s'amender soi-même. Les parents commencent à bien comprendre cette étonnante vérité. C'est ainsi, lui donner l'impression de notre attention bienveillante, de notre disponibilité. C'est enfin accepter que l'enfant agisse seul toutes les fois qu'il le peut sans préjudice pour lui-même et le milieu, mais se tenir prêt à intervenir chaque fois qu'il est incapable d'assumer une responsabilité déterminée.

Notre idéal n'est pas la tranquillité de l'adulte, mais l'accomplissement de l'enfant, dans sa vie d'enfant et pour la réalisation de l'homme qu'il deviendra. Dans les communautés où règne cet esprit de service et d'amour, un équilibre tend sans cesse à s'établir entre la singularité des individus et les exigences du groupe. Equilibre précaire, vers lequel on tend sans cesse, mais dont le réglage est le meilleur garant de force, de joie et de vie.









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