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RETOURNos dieux Lares Que peut bien avoir à faire la mythologie dans un petit journal consacré à l'éducation chrétienne? Peut-être la plupart d'entre mes lectrices n'ont-elles plus qu'une vague idée de ce que sont les dieux Lares, d'autres sans doute n'ont jamais eu l'occasion d'étudier la mythologie. On appelait chez les Romains, Lares ou Pénates, les dieux domestiques, les dieux du foyer, les génies protecteurs de chaque maison, les gardiens de chaque famille; ces dieux étaient représentés par de petites statues placées au coin du foyer, on suspendait devant elles des lampes allumées. Les Romains avaient pour ces statues une grande vénération. Ne trouvez-vous pas comme moi que cette coutume était touchante et que l'idée en était belle? Les Romains de l'antiquité se rendaient déjà compte que le foyer domestique a besoin de protecteurs, que le bonheur de la famille est chose fragile, qu'il est facilement menacé et qu'il faut qu'il soit gardé. Plusieurs siècles se sont écoulés depuis lors, et nous qui vivons maintenant et qui jouissons des lumières que nous donne le christianisme, nous sentons aussi quelle nécessité il y a à mettre nos foyers sous une protection. Combien nous possédons plus et mieux! C'est à Dieu avant tout que nous devons nous adresser pour lui demander cette protection, mais il a voulu avoir des aides, et, grâce à son Saint-Esprit qui doit être dans nos coeurs comme une lampe toujours allumée, il fait naître en nous les vertus chrétiennes, qui doivent être comme ces dieux Lares, et présider à la garde du foyer. Faut-il en nommer quelques-unes? La sérénité, la patience, le pardon des offenses, la vaillance, la bonne humeur, les égards, la politesse, la crainte de faire de la peine. N'oublions pas les vertus d'un ordre tout pratique, qui sont aussi indispensables que les autres, l'ordre, la régularité, l'économie et le repos qui n'est point classé parmi les vertus. N'est-ce point cependant une qualité que de savoir s'en procurer, il tient une grande place pour la bonne marche de nos foyers, dont il est aussi un protecteur. Le manque de repos, le surmenage, les nerfs ébranlés par un travail trop suivi, peuvent avoir une influence néfaste sur le bonheur de la famille. Ingénions-nous à savoir trouver, au milieu d'une vie très remplie, des moments de repos, ne serait-ce que quelques instants, dix minutes même, et nous verrons comme ils sont bienfaisants. «La vie est si remplie, si agitée», entend-on dire de tous côtés, les parents se sentent souvent fatigués, les enfants le sont au moment des études, au moment de la croissance; et les domestiques qui travaillent tout le jour sans interruption, pensons à eux, et par exemple dans les longs jours d'été, quand la chaleur est accablante, pour eux comme pour nous, accordons-leur des moments de repos. Evitons les longues veillées si nuisibles à la santé, laissons plutôt quelque ouvrage en retard, sachons passer gaîment sur quelque détail négligé, mais tenons à la santé du corps comme à celle de l'âme. Pour terminer, encore une citation de mon livre de mythologie: «Si une famille était affligée de quelques revers, ces idoles vénérés la veille, éprouvaient des traitements rigoureux autant que risibles, on les battait, on les jetait par les fenêtres...» De nos jours que voit-on dans bien des familles quand viennent les épreuves, les difficultés, même parfois bien petites ? S'efforce-t-on de conserver avec soin la sérénité; la bonne humeur, la patience, la vaillance ? Je crois que bien souvent on se laisse écraser par le poids des difficultés, on ne voit plus que cela, et l'on fait comme les Romains pour les dieux Lares, on met dehors les protecteurs du bonheur, alors qu'ils nous seraient le plus précieux. Demandons à Dieu de nous préserver de ces chutes afin que nous puissions en tout temps, donner l'exemple d'une vie de famille vraiment chrétienne, sachons jouir de cet incomparable bienfait, que seul le christianisme nous donne et qui consiste à nous sentir heureux même au sein des difficultés. |
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