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Pour les parents, l'adolescent est-il une énigme ?

Sur la route de l'âge adulte

Dans l'adolescence se joue ce que nous avons permis à nos enfants de vivre dans leur petite enfance, ce qui s'est consolidé dans leur seconde enfance. C'est la dernière étape. Pour nous parents, qu'on le veuille ou non, cette étape représente une certaine échéance: d'ici peu de temps nous serons presque des grands-parents (des "amortis" ou même des "croulants") et nous voudrions bien reculer cette date, sans nous rendre compte qu'aux yeux de nos enfants avons bel et bien l'âge de notre état-civil. Rappelons-nous nos propres parents, ils nous ont toujours paru "vieux" même s'ils n'avaient que vingt ans de plus que nous. Probablement se sentaient-ils jeunes et pleins d'allant que nous aujourd'hui. On invoquera les produits de beauté et les cures de rajeunissement mais quels que soient les progrès de la science, une génération est une génération.

Erreurs à éviter

Certains parents avaient pensé qu'à l'adolescence, leur fils ou leur fille deviendrait leur confident, leur compagnon, bref, ils avaient attendu ce moment-là, espérant trouver chez leur enfant ce qu'ils n'avaient pas su découvrir chez leur conjoint. Seulement, tôt ou tard, le garçon de 18 à 20 ans préférera aller au cinéma avec une jeune fille de son âge plutôt qu'avec sa mère. La déception sera d'autant plus grande pour la mère qui se croira délaissée encore une fois, et pour le fils qui se sentira enchaîné (cette situation a permis aux romanciers d'écrire des chapitres sur les belles-mères).

D'autres avaient espéré revivre à travers leur enfant, leur jeunesse ratée. Actuellement, on pense souvent que la vie d'autrefois était plus difficile et les parents estiment ne pas avoir eu ce qu'ils peuvent donner à leurs fils ou à leurs filles ; ils voudraient en profiter aussi. Souvenons-nous que nos mères n'avaient ni radio ni aspirateur et qu'elles faisaient leur lessive sans machine. Nos enfants ont une jeunesse plus facile, nous avons une vie plus aisée !
Mais au lieu de l'ami, l'adolescent est plus souvent pour ses parents une énigme. Ceux-ci ont alors le sentiment d'être jugés dans leur vie professionnelle, leur vie conjugale, leur vie sociale. Ils en sont gênés, cherchant quelles erreurs involontaires ils ont commises, se justifiant, s'accusant. Mais, qui ne fait pas d'erreurs ? Il semble bien que ce soit plutôt leurs propres insatisfactions qu'ils mettent sur le compte de leurs enfants. Sachons nous accepter tels que nous sommes, avec nos ambitions peut-être déçues, nos eventuelles difficultés conjugales, notre cercle d'amis. Nous aiderons nos enfants à s'accepter tels qu'ils sont.

Situations à accepter

En fait, que demandions-nous à nos parents dans le temps lointain de notre propre adolescence ? (J'oubliais, nous sommes si jeunes, c'était hier !) Nous leur demandions d'être des parents, de rester eux-mêmes, éléments fixes dans le tourbillon de notre adolescence, de ne pas se laisser entraîner dans les conflits qui nous tiraillaient, de ne pas ajouter leurs problèmes aux nôtres. Ce qu'un garçon demande à son père, ce n'est pas d'être un copain (il en a déjà plusieurs), mais un père (il n'en aura jamais qu'un !). Un père à qui il puisse s'opposer, avec qui il puisse rivaliser, qu'il pourra peut-être dépasser et que malgré tout il peut aimer.
A nous, parents, d'accepter que nos enfants grandissent, quittent la maison comme nous l'avions quittée. Sachons leur donner leur liberté et sachons aussi retrouver la nôtre, celle de notre couple (un tête à tête était si rare…).
Je pense que si les parents se rendent compte de leurs propres problèmes et de leurs réactions, ils seront mieux à même de mener à bien cette dernière étape. Ils seront capables d'interdire objectivement certaines sorties, de favoriser discrètement telle rencontre, d'orienter diplomatiquement l'intérêt de leur fils ou de leur fille vers tel art, tel sport, telle occupation et ainsi de retrouver au bout du tunnel des hommes et des femmes qui soient vraiment des adultes.









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