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Harmonies
Une discussion met aux prises un garçon d'une dizaine d'années et sa grand'mère. Si d'une part les arguments, quoique vifs, restent d'une parfaite correction, ils sont d'autre part impertinents et fort déplacés ; on s'imagine facilement les expressions employées !
En silence, la mère assiste, ne désirant pas prendre parti, pour ne pas accabler l'enfant qui serait seul contre deux adultes. Elle écoute et cherche comment elle pourra éveiller le respect dans l'esprit de son fils lorsqu'il sera calmé et disponible. Grand'mère a raison de le tancer, mais les arguments choisis sont-ils toujours les meilleurs ? En disant, entre autres :« A ton âge, jamais je n'aurais osé parler ainsi à mes grand-parents », elle oublie que son petit-fils ignore tout des rapports de famille au siècle dernier. Et l'enfant, en répliquant mal, se croit le droit de défendre à tout prix son opinion, seule bonne puisqu'elle est actuelle.
Alors, en lui parlant tranquillement de l'époque où grand'mère était jeune, du genre d'éducation qu'elle a reçue, du grand nombre de familles dans lesquelles elle a vécu ou passé, sa mère pourra-t-elle susciter en lui le respect d'une opinion qu'il ne partage pas. Bien sûr, pas en une ou deux fois ; en lui confiant aussi qu'il lui arrive de ne pas être tout à fait d'accord avec grand'mère, mais que cela n'empêche pas la correction du langage, ni l'effort de faire de son mieux pour s'adapter à son point de vue.
Merveilleuse diversité des hommes
don divin de la personne, en laquelle chacun est appelé à respecter un enfant de Dieu, différent de tous les autres et sur toute la terre. Quand on constate à quel point ce qui est adoré, aimé, cultivé, admiré d'un côté peut être détesté ailleurs, on ne peut se contenter d'accepter comme valables, les seules conceptions admises dans un cadre donné, qui est forcément le résultat d'une classe sociale, d'une époque, d'une religion
, etc. Mais puisque ces cadres existent et ont une valeur humaine, ne les condamnons pas en bloc devant nos enfants, cherchons à les comprendre et à en dégager le meilleur.
Eux aussi, surtout les adolescents, ont besoin de s'entourer d'un cadre conforme à leur âge et à leur caractère, à la période troublée où ils sont à la recherche de leur personnalité. Ils sont parfois si renfermés en eux-mêmes que c'est une souffrance de les voir se débattre dans les contradictions, sans pouvoir les aider activement. Là encore, notre respect pour la chrysalide en voie de se transformer en adulte nous conseillera souvent le silence, la présence affectueuse plutôt que les questions ou les critiques tendant à forcer l'intimité.
Une psychologue anglaise réconforte les parents qui craignent de voir se prolonger indéfiniment cette situation angoissante, en la comparant à l'étape où les bébés apprennent tant de choses en restant passifs dans leur berceau. Ces moments où les jeunes gens paraissent complètement repliés sur eux-mêmes, et inaccessibles, sont sans doute nécessaires à la naissance de la personnalité ; c'est une étape passagère comme celle du berceau et qui, dans la grande majorité des familles, nous dit la psychologue, évolue plus ou moins vite vers l'harmonie des générations.
Mais le respect d'autrui n'ira pas jusqu'à la faiblesse, la lâcheté qui laisse tout faire, la peur de dire « non » à ceux que nous aimons. Qu'ils n'agissent pas contre les lois, en conduisant par exemple un véhicule à moteur sans permis, contre la société ou la famille par leur tapage ou leur sans-gêne. Il nous faudra notre plus grande fermeté pour qu'ils mettent en pratique le fameux :« Ne faites pas aux autres ce que vous ne voulez pas qu'ils vous fassent !».
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