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Qui nous donnera le bonheur?

Cette nostalgique question du psalmiste (Ps. 4/7) est toujours actuelle ! Et il est normal qu'il en soit ainsi, car toujours l'homme porte en lui la hantise d'un état pour lequel il se sent fait et qui lui demeure inatteignable.

L'homme a besoin d'être heureux pour pouvoir s'épanouir pour pouvoir vivre ; mais aussi longtemps qu'il considère le bonheur comme une chose en soi, comme un bien après lequel on court, le bonheur est inaccessible. Par son essence même, le bonheur ne peut se saisir dans la main pour être gardé et consommé à petites doses.

Mais alors où gît-il ? De quoi est-il fait?

Si nous voulons disséquer le bonheur et chercher ses éléments constitutifs, nous nous heurtons aux plus extraordinaires paradoxes et contradictions.

Le bonheur est-il un résultat de la santé? Oui, bien sûr, diront certains. Comment être heureux si l'on est impotent, tuberculeux ou lépreux? Et pourtant… ne pouvons-nous pas tous nommer, dans le secret de nos coeurs, tel infirme, tel alité pour de longs mois, auprès desquels nous avons reçu l'impression d'un profond bonheur, alors que des êtres en magnifique santé étaient de vrais malheureux?

Le confort procurerait-il le bonheur ? Oh ! oui, c'est certainement plus facile d'être heureux dans un joli appartement, bien chauffé ; ou dans un bel hôtel à la montagne, que dans une maison froide et sans eau! Et pourtant? N'avons-nous pas vu couler les larmes les plus amères dans des maisons pourvues de tout le confort le plus moderne?

Alors sûrement c'est l'argent, avec tout ce que sa possession implique (puissance, influence, etc.) qui nous donnera le bonheur. Mais là encore une réalité tout autre nous confronte et nous voyons tant de gens auxquels leur fortune permet toutes les satisfactions (et souvent dans des domaines très nobles) et qui ne trouvent jamais le bonheur.

A notre époque, on pourrait penser que la sécurité donne le bonheur: ne plus craindre ni la maladie, ni l'accident, ni le chômage, ni la maternité, ni la vieillesse, ne plus être hanté par l'idée que votre mort plonge les vôtres dans la misère ; oui, avec ces sécurités, on doit être heureux et détendu.

Et voilà que, des pays où l'individu est le plus protégé par l'Etat, nous viennent des voix tristes et découragées : la vie n'a plus de sel, on ne risque plus rien, à quoi bon l'effort? Du bonheur, cette sécurité? Ah ! non.

Et ainsi ni le confort, ni la santé, ni l'argent, ni la sécurité ne peuvent à eux seuls nous donner le bonheur.

Alors, où le chercher et comment se le procurer?

Ni le psalmiste, ni les prophètes, ni les apôtres, ni Jésus n'ont jamais dit: « Soyez heureux! » comme si le bonheur était un état en soi. Ils en font plutôt un résultat: « Faites ceci ou cela afin d'être heureux… Vous serez heureux si… »

Quelques auteurs contemporains définissent ainsi le bonheur :
« Le bonheur, c'est le silence du malheur. »(Jules Renard.)
« Le bonheur, c'est de donner son plein. »(Claudel.)
« C'est surtout une aptitude. »(R. Martin-du-Gard.)
« Ce qui fait le bonheur, ce ne sont pas les événements, les plaisirs, ni les spectacles, mais un état d'esprit tel qu'il communique aux événements sa propre qualité… Â»(A. Maurois.)

Le bonheur : un état d'esprit dans lequel nous accueillons les événements extérieurs et modifions leur influence sur nous!

Et voilà pourquoi le même événement extérieur: santé, fortune, sécurité, contribueront au bonheur de celui-ci alors qu'ils laisseront celui-là indifférent ou blasé.

Pour trouver le bonheur, c'est donc sur nous-mêmes qu'il faut agir. Il ne faut plus être au centre des choses et juger de tout par rapport à nous. Lorsque nous aurons, selon la parole de Jésus, « pratiqué ces choses » auxquelles il fait allusion dans le chapitre 13 de l'Evangile de Jean, alors, mais alors seulement, nous serons heureux et épanouis ; le bonheur nous sera donné, mais « par surcroît ».









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