Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

Nous n'aimons pas ce que nous ne mangeons pas !

Un psychologue célèbre a dit: « On ne mange pas ce que l'on aime, on aime ce que l'on mange ». Cette formule exprime sous une forme pittoresque une très importante vérité.
Dans le monde entier, les hommes - qu'ils appartiennent aux tribus les plus sauvages ou aux milieux les plus évolués des populations urbaines - ont créé leur propre style en matière d'alimentation. On ne connaît pas de population mangeant tout ce qu'elle trouve de comestible dans le milieu où elle vit.
Il arrive que des hommes passent des heures entières à éliminer le poison d'un produit sauvage afin de pouvoir le manger sans risque et négligent quelque autre aliment non toxique qui n'exigerait pas autant de travail.
Chaque génération d'enfants est appelée à s'assimiler les habitudes alimentaires considérées comme bonnes par les parents et les maîtres. Le bébé humain est omnivore, prêt à porter à sa bouche tout ce qu'il trouve et dépourvu de la capacité innée de distinguer entre les aliments vénéneux et ceux qui ne le sont pas, entre les objets comestibles et les pierres, les fragments de verre, les clous, les billes, etc. L'enfant qui commence à marcher doit être constamment surveillé ; il faut se tenir prêt à intervenir pour empêcher son activité exploratrice de le mener à la maladie ou même à la mort, et lui répéter sans cesse: « Ne mets pas ça dans ta bouche ». « Ne mange pas ça », en renforçant ces prescriptions de toutes sortes de menaces ou de précisions : « Tu mourras si tu en manges », « Fi, c'est sale », « C'est bon seulement pour les bêtes », ou encore lorsqu'il s'agit de produits spéciaux et coûteux : « Cela n'est pas pour les enfants », « Tu n'auras un bonbon qu'après le dîner », « Quand tu seras plus grand, tu pourras en manger », « On n'en mange que les jours de fête ».
Il est aisé de voir que cette nécessité de créer chez l'enfant un ensemble d'habitudes alimentaires aboutit souvent à développer chez lui beaucoup d'autres attitudes à l'égard de lui-même, de ses parents ou d'autres personnes.
En apprenant, par exemple que, seules, certaines choses peuvent être considérées comme des aliments et qu'elles ne peuvent, en outre, être consommées que d'une certaine manière, à certains moments, en certaines quantités ou combinaisons, les enfants acquièrent un grand nombre d'autres connaissances.
Ils apprennent à connaître les différences sociales qui séparent les tribus ; les habitants du littoral méprisent parfois ceux de l'intérieur qui mangent des serpents ou des escargots, ils s'habituent également à mépriser ou à envier certains éléments sociaux de leur propre groupe, qui mangent des choses servant à nourrir les porcs ou qui vivent dans une grande maison et qui ont, tous les jours, des gâteaux sur leur table.
Lorsque les distinctions sociales se sont établies sur la base de critères superficiels tels que la couleur de la peau, ces différences seront maintenues et renforcées par des habitudes alimentaires différentes car chaque groupe est éduqué de manière à considérer certains aliments comme étant plus particulièrement les siens.

Aliments sacrés

Les distinctions créées entre les collectivités par les habitudes alimentaires se manifestent, d'une autre façon, par l'utilisation d'aliments pour sceller l'amitié, célébrer les mariages, consacrer la conclusion de la paix ou créer l'obligation de protéger quiconque a mangé le pain et le sel de l'hospitalité.
Enfin, presque toutes les religions pratiquent, sous une forme ou une autre, une cérémonie de caractère hautement sacré et au cours de laquelle les fidèles se partagent des aliments et des boissons qui les unissent à leur dieu.
Si nous envisageons la question sous ce nouvel aspect - en considérant, non plus les aliments dont la consommation est interdite mais ceux dont l'usage est prescrit - nous constatons que chaque population ayant habité pendant des générations un lieu donné a établi un régime alimentaire suffisant pour assurer la vie d'un certain nombre, au moins, de ses membres.
Ce régime alimentaire peut être excellent ; il peut, aussi, manquer de vitamines ou de protides, et être mal équilibré, comme diraient les nutritionnistes.
Toutefois - qu'il s'agisse d'un régime alimentaire très médiocre et précaire au point que le seul fait de ne pas consommer l'un des éléments dont il se compose expose à une maladie de carence, ou qu'il s'agisse, au contraire, d'un régime beaucoup plus riche, laissant une bien plus grande liberté de choix pour l'affirmation des préférences ou des répugnances individuelles - dans un cas comme dans l'autre, les enfants devront apprendre à manger les aliments acceptés par la collectivité où ils vivent.
Seules les personnes disposant d'une grande diversité d'aliments peuvent se permettre de satisfaire les multiples caprices individuels de leurs enfants, encore qu'il puisse fort bien arriver que le refus obstiné de toucher à certains aliments soit dû chez un enfant, à une intuition biologique profonde de ses besoins physiologiques spéciaux du moment ; il faudra toutefois que les enfants s'habituent, en fin de compte, dans l'intérêt de leur propre santé, à un régime alimentaire présentant une valeur nutritive suffisante.

Punitions et récompenses.

Les aliments se trouvent ainsi associés à des punitions et à des récompenses, et il arrive parfois qu'un aliment soit accordé après un autre pour récompenser l'enfant d'avoir mangé le premier - ce qui aboutit indirectement à faire de la consommation de celui-ci une sorte de punition.
De même, les aliments peuvent devenir un moyen par lequel les parents marquent ou non leur amour à leurs enfants, et ils peuvent aussi servir aux enfants à exprimer - par le refus de les accepter - un sentiment de révolte à l'égard de leurs parents.
Cette sorte de refus de s'alimenter peut même devenir, dans certains cas, un moyen de lutte politique consistant à faire « la grève de la faim »; d'autre part le jeûne, en tant qu'il s'oppose à un joyeux festoiement, représente, dans de nombreuses religions, un mode d'expression essentiel des sentiments religieux.
Si l'on tient compte de la situation créée par les nécessités historiques, par l'expérience continue de centaines de générations, par l'utilisation des aliments à des fins éducatives, sociales, politiques et religieuses, on ne saurait s'étonner que toute personne en bonne santé ait des idées très arrêtées en matière alimentaire et établisse des distinctions entre les aliments souhaitables, déplaisants, immangeables, dégradants ou répugnants.
Ces conceptions sont le résultat d'une évolution millénaire ; elles ont été indispensables à la survie de la race humaine pendant les siècles où l'on ne disposait que de méthodes très imparfaites pour distinguer entre les divers aliments et régimes alimentaires et pour savoir lesquels d'entre eux possédaient une plus grande valeur nutritive.
Ce n'est que depuis le XXme siècle que la science de la nutrition a fourni les moyens d'évaluer d'une part la valeur nutritive d'un aliment à l'état cru, préparé par cuisson ou conservé pendant un certain laps de temps, et de connaître, d'autre part, les effets que les différents régimes alimentaires exercent sur l'organisme, la croissance des enfants, la santé de la femme enceinte, l'évolution normale de l'adolescent et la prolongation de la vie.









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève