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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
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Les Parents et la Nervosité de l'Enfant

L'enfant « nerveux » est un enfant qui souffre d'une inadaptation à son milieu. L'inadaptation est la conséquence d'un déséquilibre constitutionnel ou acquis, provoqué soit par la maladie, soit par des conflits de l'enfant avec son milieu, troubles qui ne peuvent plus être normalement équilibrés par la personnalité même du sujet.
La « nervosité » de l'enfant peut provenir de causes les plus diverses, mais elle se traduit par des anomalies du caractère et du comportement assez constantes : c'est une instabilité, une agitation, ou de la révolte, de la dissimulation, des vols, des mensonges, une inadaptation scolaire, des caprices de toutes sortes, de l'énurésie, des cauchemars, de l'agitation nocturne, du désordre, de la malpropreté, de l'onychophagie, etc. Les causes de ces anomalies du comportement sont excessivement variées et nous ne citerons que les principales :

Les déficiences physiques ou sensorielles : il est évident qu'une paralysie, une malformation, une déformation quelconque de l'organisme, un trouble des organes des sens (surdité, troubles de la vue, troubles du langage, etc.) prédisposent le sujet à la nervosité.
L'enfant sera handicapé aussi bien sur le plan de l'expression motrice que sur le plan intellectuel et de sa personnalité. Mais il présentera de plus un véritable sentiment d'infériorité, avec timidité excessive, ou au contraire une jalousie à l'égard des autres enfants, une révolte, par le simple fait qu'il sera l'objet de la curiosité et des moqueries des autres enfants.
Un trouble qui ne frappe habituellement pas les parents mais qui est à la base de beaucoup de cas de nervosité chez l'enfant est la maladresse motrice : nous savons que l'enfant ne peut exprimer son intelligence que sous forme d'actes moteurs, et que la motricité est à la base de toute possibilité d'apprentissage de l'enfant ; la parole, la lecture, l'écriture sont des actes où la motricité intervient d'une façon prépondérante. Ces maladroits moteurs, quoique souvent très intelligents, ne peuvent de ce fait pas exprimer leurs possibilités intellectuelles par manque de coordination, de précision motrice. Ce défaut d'expression motrice se traduit par de l'agitation, par de l'instabilité, parfois par du bégaiement, d'autres troubles de la parole, et également par des troubles de la lecture, de l'écriture et du calcul.
Il existe des thérapeutiques spécialisées capables d'aider ces enfants et de les réintégrer correctement sur le plan moteur ; je pense principalement à la rééducation psycho-motrice par les moyens de la gymnastique rythmique, à la rééducation de la lecture, de l'écriture, de la parole.
Enfin, les maladies aiguës qui ont pour conséquence certaine une fatigue anormale de l'enfant peuvent le rendre nerveux, à cause de sa moindre résistance générale ; cette moindre résistance peut déclencher toutes les manifestations réactionnelles secondaires que nous connaissons. Cette fatigue anormale peut dépendre d'un surmenage de l'enfant, cause la plus fréquente de nervosité après une maladie aiguë : l'enfant se présente comme un épuisé, il n'en peut plus, il n'a plus de goût à rien, il a perdu la joie non seulement au travail, mais également au jeu ; il a de la peine à rassembler et à évoquer ses idées, son rendement intellectuel devient de plus en plus pauvre. Il présente souvent une excitation et de l'agitation motrice, devient turbulent, taquin, récalcitrant, et sur le plan physique, il est pâle, a les traits tirés, est apathique, présente souvent une perte d'appétit, de poids, des troubles du sommeil avec cauchemars, des maux de tête, etc.

Les déficiences de l'intelligence, et spécialement la débilité mentale, sont des causes fréquentes de conflits avec la famille et avec le milieu scolaire, l'enfant n'étant plus capable de s'adapter à l'enseignement, troublant la discipline de la classe, ou étant distrait. Souvent, de telles déficiences nécessitent le placement de l'enfant dans des classes spéciales, ou dans des instituts spécialisés où ils reçoivent un enseignement selon les méthodes de l'école active, adapté à leurs possibilités.
C'est aux parents à apprécier le degré d'arriération intellectuelle de leur enfant et à l'aider à la supporter en développant autant que faire se peut certaines qualités et certains traits de caractère qui lui permettront quand même de s'adapter utilement à la collectivité.
Mais il existe de fausses arriérations intellectuelles à côté des enfants présentant une réelle débilité mentale. Ces enfants, qui donnent l'impression d'arriération ou d'obtusion mentale sans que l'on note chez eux des troubles physiques ou psychiques, sont avant tout des sujets qui ont présenté un arrêt dans l'évolution de leur affectivité. Ces sujets, qui n'ont pas été suffisamment sécurisés et valorisés pour oser faire leurs expériences dans leur petite enfance, grandissent mais n'évoluent pas. Ils restent d'éternels bébés, avec un aspect de niaiserie, d'indifférence, d'étroite dépendance vis-à-vis de leurs parents et de leur maître. Lorsqu'on examine leur intelligence au moyen des tests, celle-ci se révèle en général normale, mais ces enfants n'ont aucune curiosité, aucun stimulus affectif qui leur permette d'apprendre correctement. Il faut en rechercher la cause dans le manque d'autorité des parents, surtout de la mère, ou dans des conflits affectifs relevant de troubles familiaux, ou encore dans des maladies de longue durée. C'est le plus souvent par l'échec scolaire que cette arriération affective est décelée. Lorsqu'on observe ces enfants, on constate qu'ils travaillent avec assiduité, mais sans parvenir à un résultat.

Les enfants moralement abandonnés, maltraités, en butte à d'incessants reproches ou à des brutalités, peuvent également se présenter comme des arriérés intellectuels. On observe chez eux un refoulement de l'intérêt pour le monde extérieur, une diminution de l'instinct de puissance qui se traduit par des résultats scolaires lamentables. De tels enfants, enlevés à leur milieu et mis en confiance, font souvent preuve d'une intelligence remarquable.

Mais à côté des insuffisances intellectuelles et des fausses arriérations, il existe également des troubles des mécanismes intellectuels : nombre de parents s'étonnent de ce que leurs enfants aient beaucoup plus de difficulté pour apprendre à lire et à écrire que les autres enfants de même âge et cela malgré une intelligence certaine. Les maîtres assistent aux efforts désespérés de l'enfant et ont quelque scrupule à parler de paresse. Cette maladresse de l'intelligence relève souvent d'une débilité motrice.
Tous ces enfants ont besoin d'une rééducation plus individualisée, plus spécialisée, et on doit les placer soit dans des classes spéciales, soit dans des classes de développement à petit effectif.


Les troubles du caractère et du comportement proprement dits, constituent le chapitre le plus important parmi les « enfants nerveux ».
Le caractère peut être défini comme « l'ensemble des tendances affectives et émotionnelles qui règlent les réactions du sujet à l'égard du milieu extérieur » (Heuyer). L'hérédité et l'ambiance sont les deux creusets successifs où se coule la personnalité de l'enfant. Leur importance respective est très variable, dépend de cas individuels et l'on conçoit que suivant la dominance de l'un ou l'autre de ces facteurs, la rééducation et l'action thérapeutique soient plus ou moins efficaces. L'éducation et l'influence du milieu familial et scolaire ont pour but de modifier certaines tendances aberrantes du caractère, d'en renforcer d'autres.

Les troubles du caractère et du comportement sont une déviation en plus ou en moins des tendances normales de l'enfant à cause d'une inadaptation sociale au milieu ambiant (famille, école, société) et provoquent la désorganisation du comportement de l'enfant. On a isolé très artificiellement les diverses catégories de troubles du caractère : on a parlé des enfants émotifs, des enfants instables, des enfants pervers, des enfants apathiques, etc. Dans la pratique, ces diverses catégories sont fortement intriquées, quelques-unes étant plus ou moins affirmées. A la base de tous les troubles du caractère et du comportement, il existe des troubles de l'émotivité et de l'affectivité. On connaît la constitution émotive de ces enfants qui présentent des réactions inadéquates physiques et psychiques en face de la moindre émotion : réactions vaso-motrices, avec rougeur ou pâleur, réactions sécrétoires, avec sueurs froides, larmoiements, etc., manifestations spasmodiques sous forme d'une boule oesophagienne, d'une douleur au creux de l'estomac, de crises brusques de constipation ou de diarrhée, de besoins fréquents d'aller aux toilettes, de coliques intestinales, etc. ; manifestations cardiaques avec palpitations et sentiment de point au coeur ; enfin manifestations motrices avec tremblement émotif, agitation et incoordination motrice.
Toutes ces manifestations dépendent du système neuro-végétatif, lui-même en intime relation avec les centres de la base du cerveau.

Sur le plan caractériel, elles comportent de l'angoisse, de la peur ou de la colère, manifestations élémentaires auxquelles viennent s'ajouter soit une impulsivité, disposition à agir sans réflexion, à accomplir des actes que le jugement et la volonté ne prévoient ni ne contrôlent, de l'agitation motrice, souvent expression de colère ou d'agressivité, des manifestations d'instabilité psycho-motrice, avec agitation et inaptitude à conserver une position donnée, incapacité de soutenir son attention, de réagir d'une façon constante dans une situation identique, de persévérer jusqu'au bout dans une action donnée. On dit communément que l'enfant a « la bougeotte », qu'il est turbulent, touche-à-tout. On constate des troubles du sommeil, avec agitation nocturne, réveils fréquents, de l'instabilité aussi bien dans le milieu familial que le milieu scolaire, avec une intelligence très vive, mais des troubles très importants de l'attention. Ces enfants n'arrivent pas à se fixer à une tâche quelconque. Ils ont une imagination très développée, nettement supérieure à celle de l'enfant normal, une mémoire absolument normale, mais ils ne sont pas capables à cause d'un déficit électif de l'attention, d'utiliser leurs mécanismes intellectuels.

Il existe des formes d'instabilité psycho-motrice constitutionnelles,
d'autres formes acquises, à la suite de troubles affectifs, par exemple. Ces enfants, qui présentent des conflits affectifs importants et qui n'arrivent pas à exprimer leur angoisse, leurs craintes, leurs préoccupations, réagissent souvent par une instabilité manifeste, absolument superposable à l'instabilité constitutionnelle. Ici, seule une investigation approfondie nous permettra de voir quelles sont les causes fondamentales de l'instabilité.

Les déficiences glandulaires, les maladies mentales, les névroses sont également des causes de nervosité chez l'enfant. Nous ne les examinerons pas ici, car elles sont essentiellement l'affaire du médecin.

Mais ce sont les défauts d'éducation qui forment la cause principale de la nervosité chez l'enfant ; ici, c'est la fameuse loi d'amour qui doit dominer tout le système éducatif : l'enfant a besoin de savoir qu'il est aimé inconditionnellement. Toute sa sécurité dépend de cette notion de base. C'est la raison pour laquelle la famille, et elle seule, doit être à même de donner à l'enfant cette sécurité tout en satisfaisant à ses exigences et en l'éduquant correctement. Élargir certaines règles et certaines sanctions ne veut pas dire ne plus en avoir. Un enfant qui n'a pas d'éducation est aussi malheureux et en aussi grand danger moral qu'un enfant qui est trop fermement conduit et surtout conduit illogiquement et sans amour. L'enfant doit constamment sentir que c'est parce qu'on l'aime, et uniquement à cause de ceci, qu'on lui donne des consignes éducatives strictes. Sinon, il est complètement perdu et n'arrive plus à retrouver sa sécurité.
Une mère qui couve trop longtemps son garçon en fera un être efféminé, timide, incapable de s'adapter dans la société ; un père trop autoritaire, une mère trop craintive, des parents qui se contredisent constamment dans l'éducation à donner à leurs enfants, ne permettent pas à ceux-ci de trouver des critères valables pour s'adapter à la réalité de la vie. L'enfant a toujours tendance à transposer ce qu'il reçoit dans sa famille ; s'il n'a pas de critères de réalité valables, il lui sera impossible d'accepter la réalité de la vie sociale. Les exemples des parents sont excessivement importants : un père bougon, grossier, tyran, brutal ou méchant ne pourra pas exiger que son enfant n'ait pas les mêmes défauts ; de même, une mère capricieuse, fantasque, dépensière, irritable, impatiente ou criarde, ou au contraire exagérément méticuleuse et tracassière ne pourra pas non plus exiger que son enfant ne présente pas les mêmes traits de caractère.

Certaines circonstances de la vie favorisent la nervosité, même chez les enfants par ailleurs normaux, sans tares héréditaires et jouissant d'une bonne éducation : les périodes de croissance rapide qui fatiguent l'organisme, le surmenage ou le malmenage scolaire, les préoccupations excessives de certaines situations aiguës, les appréhensions des examens, les ambitions excessives. Enfin, il existe des périodes cruciales de la vie où l'enfant normal présente certaines réactions de nervosité : l'âge de trois ans, au moment où l'enfant commence à prendre conscience de son « moi », et cherche à affirmer sa personnalité par une réaction d'opposition à son entourage ; l'âge de sept ans, époque où l'enfant prend contact avec un nouveau milieu, le milieu scolaire, et cherche à s'opposer au milieu familial pour mieux s'affirmer en tant qu'individu appartenant à un nouveau groupe ; la puberté, âge auquel l'enfant est obligé de tout réévaluer en fonction de normes nouvelles, qu'il emprunte à la société et non plus aux parents.
L'enfant présente à cause de toutes ces circonstances perturbatrices des réactions trop vives, souvent inadéquates, et des troubles du comportement, avec inappétence, baisse de poids, troubles du sommeil, etc. Souvent, l'enfant perd la maîtrise de soi, étonne son entourage par ses réparties irréfléchies, son entêtement, son manque de tenue, ses propos fantasques.

Enfin, il faut tenir compte du caractère de l'enfant, c'est-à-dire de l'ensemble des manières d'être habituelles qui règlent nos rapports avec le monde. Dans l'état actuel de nos connaissances, il est difficile de discerner les attitudes qui sont le résultat de l'apprentissage de celles qui n'exigent qu'une maturation biologique. Mais il existe certainement des dispositions naturelles qui sont à la base même du caractère de l'enfant.


Arrivé au terme de cet exposé, nous aimerions, pour conclure, relever qu'une bonne évolution de l'enfant dans sa première enfance lui permettra de surmonter la plupart des difficultés et de s'adapter correctement à tous les autres groupes sociaux qu'il aura à côtoyer dans son avenir.
Les troubles nerveux de l'enfant sont aussi nombreux que variés. Jadis, on ne s'en préoccupait guère, on laissait la nature agir, pensant qu'avec la croissance normale ces troubles disparaîtraient d'eux-mêmes. Tout au plus agissait-on d'une façon autoritaire par des remontrances, des gronderies, des châtiments corporels, des pénitences. S'ils rendaient le comportement de l'enfant trop gravement antisocial, on avait recours aux maisons de correction qu'on dénommait facilement « bagnes d'enfants ».
L'enfant a besoin de principes éducatifs logiques et constants. Il ne peut admettre qu'on laisse passer certaines erreurs graves alors qu'on sanctionne de minimes fautes de son comportement. Il faut qu'il ait constamment à l'esprit la permanence des règles éducatives et la constance des valeurs. Il faut surtout que les valeurs que l'on exige de l'enfant correspondent aux valeurs adoptées par les parents eux-mêmes.
On peut dire qu'un enfant qui se sent en sécurité dans sa famille et à qui on permet une saine expression de sa personnalité tout en lui donnant des consignes éducatives précises, se sentira parfaitement heureux et arrivera à s'intégrer au milieu scolaire, puis au milieu social sans grandes difficultés.
Il est en effet fort rare qu'un enfant n'ayant pas de problèmes graves au sein de sa famille présente des difficultés dans les milieux scolaires ou sociaux où il aura à s'intégrer, même si ces derniers présentent d'intenses difficultés dues à une attitude défavorable ou incompréhensive de l'entourage extra-familial.
C'est la famille, et la famille seule, qui sera à même d'agir le plus utilement sur tout l'avenir de l'enfant.

Un point très important, c'est que lorsqu'on a affaire à un enfant « nerveux », il est indispensable de consulter, et il vaut mieux consulter trop que trop peu. Une simple information théorique est souvent encore plus dangereuse que pas d'information du tout; l'information théorique doit rendre la famille attentive aux difficultés de l'enfant, mais ne remplace en aucun cas la consultation auprès d'un spécialiste qui - seul - est à même de juger de la valeur réelle de la nervosité de l'enfant et peut y pallier par des thérapeutiques appropriées et par des conseils aux parents.
C'est là l'unique objet de cet exposé.









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