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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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« Une maman, c'est quelqu'un qui est là … »

« Une maman, c'est quelqu'un qui est là », telle est la définition que donnait une fillette de six ans qui sentait ce que cette présence avait d'unique.
De nos jours où tant de mamans « ne sont pas là », combien de fois n'ai-je pas entendu formuler cette question : « Dois-je rester à la maison ou puis-je continuer à travailler au dehors? » Combien de fois, moi-même, me suis-je posé cette question ?
Question bien difficile à résoudre, question qui n'appelle pas une réponse unique, loin de là. Faire le tour de ce problème brûlant : la femme doit-elle oui ou non rester à son foyer ? demanderait l'étude de chaque cas, qui est un cas d'espèce. Je ne vous donnerai donc pas de réponse, mais je vous ferai part de mon expérience. Peut-être cela rendra-t-il service à l'une ou l'autre de nos lectrices, bien que je sois consciente que dans ce domaine-là nous ayons à faire seule l'examen de la situation et à prendre seule une décision dont dépendront notre bonheur personnel et celui de ceux que nous aimons.
Données de mon problème personnel au moment où il s'est posé:
1. Mariée depuis 7 ans, avec 18 ans de vie professionnelle derrière moi.
2. Profession qui est une vocation, qui me permet de jouer un rôle social enrichissant et qui, de plus, est dans la même ligne que celle de mon mari.
3. Un seul enfant, une fillette vive et équilibrée, qui ne semble pas souffrir de l'absence de sa mère.
4. Mari très compréhensif, mais très absorbé par son travail comportant de lourdes responsabilités.
5. Excellente aide de maison qui me décharge de tous les soucis ménagers et qui est très attachée à notre fillette, attachement du reste réciproque.
6. Avantages financiers certains, dont la perspective d'une retraite n'est pas le moindre.
7. Quantités de belles théories pédagogiques qui me font penser par exemple: « Ce n'est pas la quantité de temps que tu donnes à ton enfant qui compte, mais la qualité » ou « Un enfant doit apprendre de bonne heure à se détacher de la tutelle de ses parents ».
8. A l'esprit, nombreux exemples de femmes au foyer qui, tendues, nerveuses, accaparées par les soins du ménage, ne créent pas chez elles une atmosphère où mari et enfants peuvent s'épanouir harmonieusement. De ces mères-là, on pense volontiers qu'elles devraient trouver une occupation extérieure qui les libèrerait des nettoyages et les enrichirait au profit des autres membres de la famille.
9. Approbation de l'entourage, du mari en particulier qui répète :
« Tu dois choisir ce qui te rend heureuse ».
Que voilà, direz-vous, un tableau positif! Pourquoi parler de problème quand tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes : maison bien tenue, couple harmonieux, enfant équilibrée, profession intéressante, situation financière satisfaisante. Et pourtant, la question s'est posée, a été écartée, s'est reposée. Nous en avons déduit qu'un problème, qui à période fixe redevenait une préoccupation, était mal résolu.
En effet, malgré tous les avantages, malgré l'apparence d'équilibre de chacun, malgré le bonheur même qui était le nôtre; je me sentais chaque jour un peu plus partagée, déchirée, emportée par un rythme de vie anormal. Tout marchait bien, c'est vrai, la machine était bien huilée, mais il ne fallait pas le moindre grain de sable, le moindre retard, la moindre maladie, le moindre événement inattendu car alors c'était le désarroi, l'énervement (caché, mais bien réel), la fatigue, le découragement.
Après bien des atermoiements, des hésitations, des discussions, ma décision fut prise : je resterai à la maison.
Et alors ce fut le miracle. Et c'est ce que j'aimerais savoir raconter avec des mots convaincants pour entraîner les hésitantes. Ma conviction est établie : chaque fois que cela est possible, la femme doit rester au foyer. Je ne dis pas : la mère doit rester auprès de ses enfants, je dis bien: la femme. Je crois que même sans enfant, je serais restée chez moi.
Entendons-nous bien, je ne pense pas par là que la femme doit renoncer à tous les intérêts extérieurs, qu'elle ne doit vivre que pour les siens, la préparation des repas et le brillant des parquets. Non, je suis pour l'épouse bonne ménagère, bonne maîtresse de maison, mais aussi pour l'épouse compagne cultivée, éclairée, sachant s'intéresser à tout, sachant se donner à tous.
Je parlais de miracle. De quel miracle s'agit-il? - De la découverte que, dans un foyer équilibré, heureux, il peut y avoir encore plus d'équilibre, encore plus de bonheur.
Sentez-vous ce que peut apporter :
- un rythme de vie moins rapide,
- la disponibilité de la mère et de l'épouse pour les siens,
- le fait de pouvoir écouter son mari raconter ses préoccupations, ses soucis professionnels sans ajouter à son fardeau ses propres préoccupations, ses propres soucis,
- le partage des joies et des réussites pleinement, sans être continuellement submergée par des quantités d'autres tâches qui vous attendent et qui vous fatiguent, même si elles ne sont pas accomplies la douceur de jouer, de raconter une histoire à son enfant sans penser à la correspondance en retard, aux rapports qui attendent ou aux raccommodages qui s'accumulent,
- l'épanouissement d'une enfant qui vit détendue sachant que dans la mesure du possible « maman est là » et qui accepte même, sans peine, qu'elle n'y soit pas,
- des repas plus calmes, sans perpétuels téléphones professionnels, sans « comédies » pour faire manger une petite fille qui avait trouvé ce moyen d'accaparer sa maman pendant les repas, puisque c'était le seul moment où elle la voyait; du jour au lendemain ce problème a été éliminé,
- l'agrément d'un horaire qui reste strict, bien sûr, mais qu'une fantaisie, qu'un événement imprévu peut bouleverser sans provoquer une série de conséquences désagréables,
- le bienfait d'une demi-heure ou d'une heure de liberté bien à soi pendant laquelle on lira, on méditera ou plus simplement on se reposera,
- les dimanches qui sont de vrais jours de repos.
Et toutes ces visites amicales que l'on peut faire et qui vous déchargent d'un remord.
Et cette correspondance que vous mettez à jour en allégeant votre conscience.
Et cette armoire en désordre qui a retrouvé un air de fête.
Et… - et la liste pourrait indéfiniment s'allonger des bienfaits qu'apporte une décision bien prise. Mais la vraie récompense, je l'ai surtout trouvée dans les yeux de ma fillette qui ne cessait de répéter :« Alors, c'est vrai, tu restes toujours, tu ne t'en vas plus jamais…, ce sera plus long que les vacances, tu restes jusqu'à ce qu'on soit mort! », et dans la reconnaissance de mon mari qui après un mois de cette nouvelle vie me disait: « je me sens rajeuni, beaucoup moins fatigué, plus détendu, plus apte à profiter de notre bonheur».
Bien sûr, nous avons aidé au miracle en réfléchissant bien à tous les aspects du sacrifice, car il y a eu sacrifice. Ensemble, nous avons étudié chaque répercussion matérielle ou morale, ensemble nous avons décidé ; aussi, est-ce ensemble que nous récoltons les bénédictions. Je le répète, c'est une expérience parmi d'autres. Je ne cherche pas à poser un principe. Peut-être que l'une d'entre vous parcourra le chemin opposé avec les mêmes profits.
Mais il fallait que je le dise: pas un jour, pas une heure, pas une minute, je ne regrette une activité professionnelle que j'aimais. Il fallait choisir: pour moi et mes bien-aimés, j'ai choisi; tous trois nous sommes infiniment heureux de ce choix.









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