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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURMaman-auréole ou maman-copain? Infiniment agréable de se sentir admirée par ses enfants ! En somme, c'est une fierté bien naturelle. Une petite auréole me poussa grandissante: - Toi, maman, qui sautais 1 m. 25 en hauteur à la gymnastique! - Toi, maman, qui sais dessiner si bien des éléphants vus de dos! - Toi, maman, qui sais l'anglais ! Toi, maman, tu étais sûrement la plus sage de l'école… Lâchement, je ne protestai pas (ce qui précipita la catastrophe). Et ainsi, de fil en aiguille, je me sentis toujours plus parfaite jusqu'au jour où un démenti sanglant me fut asséné, aussi brutal qu'un caillou tombé sur ma tête : Minouche, mon aînée, voulait absolument la boîte rouge au haut de l'armoire. Elle mit une chaise sur la table, un escabeau dessus, et grimpa. Elle s'étira, saisit la boîte et fit tomber en même temps la liasse de mes vieux carnets scolaires. Une vilaine farce en vérité ! Descendue de sa tour, Minouche s'assit par terre, négligea la boîte, feuilleta mes bulletins, murmurant, puis tonitruant: - Classe IVe A. Ecole supérieure. Conduite: 5, 6, 7, 4. Elève étourdie. S'amuse en classe, fait des niches à ses professeurs. Impertinences. Les enfants accourent, les carnets passent des mains de Minouche dans celles de Pierre, de Marguerite et même de petit Paul. Le piédestal est définitivement tombé avec la pile de carnets. Les refrains changent de thème : Toi, maman, qui faisais des 4 de conduite, pourquoi veux-tu que je fasse des 8 ? Toi, maman, qui étais bavarde, pourquoi veux-tu que je sois muette ? Evidemment, évidemment. Hum !… Qu'il est dur d'élever des enfants quand on a perdu son auréole. Alors, on dit : - Vous voyez, j'ai des défauts nombreux. Mais il y a plus longtemps que je lutte contre eux que vous et je peux vous aider. Alors, contents de me savoir plus près d'eux, ils me confient leurs faiblesses, souvent, plus souvent. Ils osent mieux parler à une mère faillible. Parfois, au début, le ton est plus vif que celui qu'on prend pour parler à une mère-auréole. Il faut rabattre un verbe trop dru, un geste trop familier. La maman-copain ne doit pas être l'égale en tout, jouer à la backfisch sur le retour (ô triste chose!). Mais être près de ses enfants, disponible, exiger un respect mutuel: - Marguerite n'aime pas la musique champêtre. Quand tu mets tes disques de polkas, Minouche, ferme ta porte. - Pierre a un examen le mois prochain; nous ferons son lit, la vaisselle du soir, le nettoyage de la cage à lapins. - Minouche à un chagrin, ne la taquinez pas ces jours. Il faut admirer le planeur de Pierre; discuter ensemble les décisions à prendre : - Dis, maman, crois-tu que René soit un type sûr? - Que penses-tu de ma nouvelle conquête? Je te l'amènerai demain à goûter. Il ressemble à Mel Ferrer! Ensemble, on essaye de comprendre, de voir clair. Et mère-camarade, je ne regrette plus mon auréole défunte, car j'espère instaurer une union familiale plus réaliste, plus stable que celle qui est basée sur une admiration sacro-sainte de la mère. Car enfin, qui d'entre nous la mérite vraiment, l'auréole ? |
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