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Du rire, de l'optimisme et de l'humour
Des gens célèbres ont parlé du rire : Rabelais par exemple pour en dire « Le rire est le propre de l'homme ». De ce génial écrivain, cela ne nous étonne pas: on sait qu'il avait le genre amusant et bon vivant. De Bergson, grand et sévère philosophe, c'est déjà plus étonnant, mais il n'a pas hésité à consacrer tout un ouvrage à ce problème. Pour nous mettre à l'aise, je dirai tout de suite que je ne l'ai pas lu!
A côté des gens qui ont parlé du rire, il y a aussi ceux qui nous font rire. Quelle reconnaissance nous leur devons pour le bien qu'ils nous procurent!
Si, du temps de Rabelais, le rire était le propre de l'homme, il semble bien qu'il n'en est plus de même de nos jours, et c'est grand dommage. Mais pourquoi? Je me demande si cela ne vient pas du fait que nous nous prenons terriblement au sérieux. Et ceci à tous les échelons de la société, du magistrat haut placé et bien pensant à la jeune vendeuse un peu pincée qui prend sa personne plus au sérieux que son travail, en passant par la dame distinguée qui sait « ce qui se fait », et le fait, et l'employé faisant régner la mauvaise humeur dans son tram ou son bureau, pour que cela fasse plus sérieux!
Nous ne savons pas rire. Nous voulons bien rire des autres et de leurs travers, rire aux histoires de Fernand Reynaud et autres pitres contemporains, mais rire de bon coeur à un film de Jacques Tati, qui se moque de nos défauts courants et ordinaires, dénote déjà un stade de développement plus avancé. Quant à trouver une face comique à une situation dans laquelle nous sommes intéressés, nous et notre précieuse personne, c'est tout autre chose.
Soyons juste : s'il est possible à une personne en bonne santé de rire de soi-même, ou de certains événements la concernant, il est plus difficile à un être souffrant du foie ou de rhumatismes de trouver un élément drôle à cette situation. On pourrait se poser une question, mais très discrètement, sur la pointe des pieds, si l'on peut dire : dans quelle mesure l'état de santé est-il la cause ou le résultat de notre attitude devant la vie ? Je n'irai pas jusqu'à dire que « poser la question, c'est la résoudre », car j'ai trop le respect de ceux qui souffrent pour être aussi catégorique, mais tout de même
Vous en connaissez comme moi de ces gens, malades imaginaires et éternels, qui ne s'en sortent jamais, tant il leur est « agréable » de baigner là dedans. Il en existe heureusement d'autres et je puis vous citer l'exemple d'une dame de 80 ans, qui en paraît 65, n'a pas eu la vie facile, loin de là, est atteinte dans sa santé, et répond toujours « ça va », avec un bon sourire.
J'ai parlé plus haut de notre attitude devant la vie. Etes-vous de ceux qui disent « il fait gris ce matin, le temps va se lever dans la journée » ou de ceux qui disent « il fait gris ce matin, il va pleuvoir dans peu de temps »? Les premiers ne sont pas plus sûrs que les seconds de ce qui va arriver, mais ils « parient pour l'espoir » et, surtout, ils sont prêts à prendre du bon côté la situation, à en rire, même s'ils sont trempés par l'averse qu'ils n'avaient pas voulu prévoir.
Trop souvent aussi, nous attendons l'occasion qui nous fera rire. Nous risquons alors bien de mourir sans l'avoir trouvée ! Pour se maintenir en bonne santé mentale, il faut tâcher de trouver en soi, dans ce que nous vivons, un élément comique. Un exemple : aux environs de 14 heures, vous montez, comme vous pouvez, dans un trolleybus déjà bondé, où il n'y a même plus une poignée à quoi s'accrocher ; une vieille dame, toute menue, essaie dans cette cohue de protéger un carton de pâtisserie en vous expliquant qu'il contient des meringues qu'elle porte à l'hôpital
Le trolleybus bloque, chaque fois qu'un innocent traverse la chaussée, et repart aussi doucement qu'une fusée allant se placer sur son orbite. Tous les occupants du trolleybus, comme un seul homme, sont projetés en avant, puis en arrière ; à ce moment, votre regard tombe sur une affiche portant en gros caractères ces mots : Un grand bond en avant. Vous ne pouvez retenir votre rire, cette fois, renonçant à le partager avec votre entourage, très digne, et renfrogné, comme il se doit dans une telle situation.
« Rire, c'est mettre de l'air et du soleil dans ses idées »: cette phrase n'est pas de moi, mais elle est jolie et si vraie.
En admettant qu'on ait des idées, et que, par surcroit, on ait réussi à y mettre de l'air et du soleil, n'éprouve-t-on pas l'impérieux besoin de partager ces idées avec quelqu'un ? Oui, mais avec qui ? Si nous avions la clairvoyance et le courage de nous conduire en êtres libres et indépendants d'esprit et de remplacer les relations mondaines par de vrais amis qui nous acceptent tels que nous sommes, avec qui nous pourrions être ce que nous sommes, et faire de bons rires, quel trésor inestimable nous posséderions ! Vous avez certainement une amie, dont vous partagez les goûts et les idées. Vous avez besoin d'elle comme elle a besoin de vous. Qui vous empêche de lui téléphoner, ou de la voir un moment, pour « boire un petit café », discuter, faire de bons rires, même si c'est dans la rue ou dans les magasins (cela n'est peut-être pas très bien vu, mais tant pis!) ? Quand rien ne va plus, vous racontez à votre amie le drame du moment qui, une fois exprimé par des mots, est ramené à de plus justes proportions, et dont, avec son concours, vous arrivez même à rire. Vous pensez que cela n'est pas possible, que cette qualité d'amitié n'existe pas ? Oui, cette amitié existe, mais il faut chercher ces amis véritables, et les vouloir.
Comme les conseils sont faits pour n'être pas suivis, je vous en donne encore un autre pour terminer, surtout pour le cas où cet article ne vous aurait pas fait rire: « Si vous voulez oublier tous vos autres ennuis, un bon conseil: portez des chaussures trop petites
» Tout le reste vous paraîtra facile !
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