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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURVotre enfant mouille-t-il encore ? Lorsque deux jeunes mères se rencontrent en promenant leurs bébés, vous pouvez être sûr de surprendre au cours de leur conversation l'inévitable question : - Votre enfant mouille-t-il encore ? Une certaine anxiété se cache généralement derrière cette question. La jeune mère qui interroge se demande avec appréhension si le bébé de l'autre est plus « avancé » que le sien. Le petit Thierry a 14 mois. Il mouille encore le jour et la nuit. C'est le plus charmant des enfants : il dort bien, il mange avec appétit, il est gai, il est confiant et ses pépiements de joie exubérante remplissent tout l'appartement. Sa mère ne demanderait qu'à savourer son bonheur en toute sérénité. Mais les réflexions de sa voisine, de ses amies et de ses belles-soeurs commencent à mettre le doute dans son âme : - Mes trois enfants étaient propres à une année, affirme l'une. - Je n'ai plus lavé de langes depuis que le mien a eu 8 mois, dit l'autre. Je connaissais ses heures ; j'étais attentive. Sous-entendu : je savais m'y prendre, moi ! - De nos jours les enfants se salissent beaucoup plus longtemps qu'autrefois, déclare encore une troisième. Les mères modernes ne dressent plus leur progéniture, comme nous savions le faire. Comment ne pas être impressionnée par ces déclarations catégoriques ? Comment ne pas se sentir un peu coupable en présence de ces femmes qui semblent avoir tant d'autorité? Et surtout, comment savoir où est la vérité dans ce domaine ? Cessez de vous inquiéter. Ne vous laissez plus troubler par les discours de celles qui paraissent avoir accompli des prouesses avec leurs enfants. Et n'allez pas vous mettre à croire que la propreté de votre enfant est le but premier que vous devez atteindre dans les mois qui vont suivre. Avoir la hantise du lit mouillé, c'est le plus sûr moyen de voir ce lit mouillé très longtemps. On nous demande très fréquemment : « A quel âge un enfant doit-il être propre ? » Ce « doit » laisse percer une pointe de rigidité, renforcée d'inquiétude. Nous répondrons que les enfants peuvent devenir propres, de jour et de nuit, plus tard qu'on ne le croit généralement : vers 2 ans 1/2 pour les filles ; vers 3 ans pour les garçons. (Vous voyez : les garçons « peuvent » mouiller plus longtemps que les filles. Ils ne « doivent » pas forcément exécuter les mêmes performances !) L'habitude de faire ses besoins dans un vase s'acquiert graduellement, dans la mesure où on présente ce vase aux heures qui conviennent et surtout, oh oui vraiment surtout, dans l'esprit qui convient. Y a-t-il réellement un état d'esprit requis pour l'accomplissement d'un acte qui vous paraît bien terre-à-terre et matériel ? Certes, il n'est pas exagéré de prétendre que l'attitude paisible et positive de la mère, dans ces occasions-là, est plus importante que la régularité et la ponctualité. Accepter de ne plus se mouiller et ne plus se salir est un dur renoncement pour l'enfant, quelles que soient les apparences, quelles que soient les légendes qu'on raconte à ce propos. L'enfant ne renonce peu à peu à cette satisfaction que par amour pour sa mère (ou celle qui le soigne). Et si, par un moyen ou un autre, vous brusquez cette étape en obtenant une résignation hâtive, vous risquez de récolter une agressivité inattendue qui se manifestera d'une manière qui vous dérangera au moins autant que les sempiternels langes à rincer : désordre chronique, taches et saletés de tout acabit, grossièreté de langage. Gardez-vous donc bien de transformer les « séances de pot » en combats acharnés d'où les adversaires sortent vaincus tous les deux et où chacun s'obstine chaque jour davantage à garder ses positions. N'interrompez pas 25 fois la promenade de l'après-midi avec l'idée fixe que votre fillette doit rentrer à la maison avec une culotte sèche. (Exemple authentique. Du reste, les autres le sont aussi). Ne bondissez pas de votre lit aux premières heures de l'aube pour aller vérifier avec anxiété si le pyjama de votre fils est encore sec. Une sollicitude exagérée et une inquiétude manifestée à tous propos, voilà peut-être les premiers ennemis d'une éducation progressive et rationnelle à la propreté. - Mais, direz-vous, comment rester calme et confiant à l'égard de ce problème, quand on a dix fois par jour l'occasion de constater que l'enfant comprend très bien ce que l'on attend de lui et qu'il refuse de se soumettre ? - Vous avez raison : il comprend très bien. Mais il ne peut pas encore accepter. C'est trop difficile pour lui, pour l'instant. Il a encore besoin de davantage de sécurité. Il a besoin que vous lui témoigniez encore plus de tendresse (qu'il soit sec ou qu'il soit mouillé, cela ne change pas la qualité de votre amour). Il a peut-être encore besoin de quelques mois pour s'adapter à une situation qui le trouble passagèrement : nouvel appartement, séjour d'une tante au sein du foyer, naissance d'un autre bébé, absence prolongée du père (à l'hôpital, en voyage), etc. Pour avoir la force de renoncer aux satisfactions de l'état de bébé et accepter de devenir « grand », avec les responsabilités et la discipline que ce nouvel état suppose, il faut que votre enfant fasse d'abord une grande provision de sécurité et de compréhension. Quand sa maturité affective sera suffisante, il passera tout naturellement à ce nouvel état, pourvu que l'atmosphère familiale soit détendue, pourvu que vous soyez une mère confiante et encourageante, pourvu que vous n'essayiez pas de concourir pour « le bébé le plus vite propre du monde ». |
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