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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Pour nos collégiens. Savoir travailler

Le travail scolaire se fait en plusieurs temps : il y a le travail en classe, le travail à domicile et enfin la contemplation, au dehors, de la belle et grande Nature; aussi chaque écolier doit établir un horaire personnel de travail journalier. Pour le travail à la maison, l'emploi du temps est très individuel et dépend entre autres des capacités intellectuelles.
Pour l'élaboration de cet horaire, chacun doit connaître ses « heures d'or ». J'entends par là qu'il existe, pour le travailleur intellectuel, au cours de la journée, des heures privilégiées où l'étude est plus facile ; apprendre et débrouiller ses cours procurent alors une joie profonde. Dès le printemps ce seront, pour beaucoup, les heures du matin; à ces moments, tout est calme encore, l'air est frais et subtil, l'esprit reposé et dispos. Il faut garder les « heures d'or » pour le travail créateur ou pour les disciplines qui demandent un sérieux effort : mathématiques, grec, latin. Pour apprendre, il ne suffit pas de relire son cours, il faut le retravailler « crayon en main », faire de nombreux exercices, en un mot, le repenser. Les instants de courte durée peuvent être utilisés avec grand profit pour la mémorisation, car ce que l'on a compris pendant les « heures d'or » doit encore être mémorisé. Sans mémorisation, les notions même bien comprises retournent au néant. L'adolescent qui fait ses humanités a un gros effort à fournir. Sauf pour les êtres privilégiés, marqués dès leur plus jeune âge par un génie créateur - les mathématiciens, les poètes et les musiciens - le travail intellectuel: acquérir une culture générale, une méthode de travail, savoir penser clairement et d'une manière personnelle, pourrait presque être considéré comme antinaturel. Le jeune collégien doit donc être constamment encouragé et soutenu par ses parents.
Savoir travailler ! Quelle dignité, quelle noblesse et quelle récompense, ainsi s'exprime l'écrivain C.-F. Landry :
« Un jour, voici bien longtemps, hélas ! j'étais au fond d'une campagne et j'eus besoin d'une poutre faîtière. C'était un pays abondant et heureux. Je n'avais qu'à choisir. J'étais jeune, partant insoucieux je pesais peu mes gestes, j'allais le nez en l'air, poète un peu, c'est-à-dire dangereux.
« Je choisis donc un jeune et beau peuplier, dans une combe où il me plaisait par avance d'être, à cette heure-là, où j'abattrais l'arbre.
» J'avais choisi le vent. J'avais choisi le gîte de chute. Comment je ne suis pas mort dans cette histoire, c'est un des mille miracles qui seuls expliquent la jeunesse. Mon arbre est bien tombé, et il est aussi tombé bien. Il n'a pas fait de blagues à la dernière seconde. Il aurait pu en faire, comme je l'ai compris depuis.
» Quand mon arbre fut à mes pieds, quand je l'eus ébranché, quand je l'eus en partie déjà façonné pour qu'il devienne poutre en séchant, passa un braconnier que le bruit de mes travaux avait intrigué… Et ce braconnier, paisible comme les sages des campagnes, regarda tout, longtemps, et ensuite seulement me dit son premier mot !
- Comment le sortirez-vous, ce fût d'arbre?
»Toute l'histoire tenait dans cette phrase. Ma poutre ne pouvait être sortie de son gîte.
» Mon arbre a pourri sur place. Je ne songe jamais à cela sans rougir: un arbre si beau, et qui ne demandait qu'à vivre. Et dont la mort fut prodigieusement inutile.
» Tout cela parce que je ne savais pas travailler.
» Savoir travailler, quelle récompense. Quelle dignité aussi. Probablement qu'il est impossible de savoir travailler, lorsqu'on est jeune. Ce n'est pas le bon vouloir qui manque, ni d'une part, ni de l'autre. L'ancien qui sait voudrait, de tout son coeur, enseigner, céder ce savoir. Le jeune être, se sentant gauchi et maladroit, devine toute la royauté qu'il détiendrait dans la maîtrise. J'ai cru moi-même longtemps que l'âge pouvait renseigner la jeunesse, et même lui éviter de recommencer toutes les pertes de temps. C'est un petit peu vrai, et faux pour beaucoup.
» L'intransmissible n'est pas dans le secret du métier, l'intransmissible est dans le fait que, si pleine de bonne volonté que soit la jeunesse, elle n'écoute pas, et que si pleine de bonne volonté que soit la vieillesse, elle croit parler en langage clair alors qu'elle ne livre son savoir qu'en langage chiffré.
»Savoir travailler. Quelle dignité mise en commun !
» Car je me suis étonné de voir combien des hommes de métiers dissemblables, à compter d'un certain âge, se ressemblaient tous.
» Savoir travailler. Quelle noblesse!
»…il peut y avoir deux choses très différentes dans le travail: une punition constante et répétée, une sorte de lugubre et mauvaise plaisanterie qui se recommence sans but ni raison. Ou alors, tout au contraire, une justification de l'être, une sorte d'aération de l'être, une sorte de liberté secrète, une sorte d'accomplissement.
»Savoir travailler : la clef de l'homme quotidien. »









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