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Entrées au collège.
Ma chère amie,
La rentrée des classes a, pour vous comme pour moi, cette année, une importance plus grande que d'habitude puisque nos deux garçons commencent le collège. C'est un changement qui les intéresse beaucoup. Le régime primaire est terminé. Ils sont curieux de voir comment sera cette école qui va les mener à travers l'adolescence, jusqu'à ce moment palpitant des examens finaux. Ils seront, eux aujourd'hui gamins aux culottes courtes et joues imberbes, de ces « grands » en pantalons, fumant avec nonchalance, barbus, qui sait?
Il y a, sans relire Philippe Monnier, quelques réflexions à faire et certaines décisions à prendre, pour les enfants comme pour les parents. Il vaut mieux y réfléchir à l'avance, se tracer une voie à suivre, afin de ne pas se trouver pris de court.
Partant des expériences d'un aîné, je trouve que deux points méritent d'être examinés, la tricherie en classe, les excuses données par les parents.
Il nous est arrivé à tous de n'avoir pas appris une leçon et de passer par d'affreuses angoisses en entendant le professeur annoncer: « Prenez une feuille ». En un instant, nous avons prévu le mauvais chiffre, la colère et les reproches des parents, la diminution de l'argent de poche, la perte du rang auquel on tient. Et voilà qu'à portée de la main, se trouve le moyen d'échapper à ces ennuis: un ami complaisant va « souffler » les mots. Plus tard, c'est un feuillet du livre de latin qui circule sous les bancs, les problèmes faits par le fort en math qui apporte la solution.
Quelle tentation de compter sur ce système, de travailler de moins en moins et de tricher de plus en plus. Avec de la chance, on passe ainsi d'une classe à l'autre avec des chiffres médiocres et auxquels on n'a même pas droit, puisqu'ils ont été volés. C'est là le grand mot : volés. Alors qu'on s'imagine être très malin et mener une vie aventureuse, on est simplement un tricheur.
Nous, parents, ne devons pas nous illusionner, ce mal existe, il est répandu, il est contagieux. Nous devons le combattre et persuader nos enfants de la déloyauté, du déshonneur de ce système.
En vue de cette tentation, réfrénons nos exigences quant aux notes que nous désirons. Préférons un chiffre moyen qui est obtenu honnêtement, qui est gagné, aux succès volés. Un enfant ne peut pas donner chaque jour son maximum ; il est bon pour lui qu'il ait d'autres intérêts que l'école et que son rang. La musique, le sport, les amis, le scoutisme, plus tard la danse sont des distractions saines qui lui apportent aussi une éducation. Le « fort en thème » doit l'être par son propre goût et penchant naturel, et non par une exigence des parents. Ce qui importe surtout, c'est la droiture de l'enfant, la confiance qu'il a en ses parents qui comprendront une défaillance scolaire et la préféreront à une tromperie. Ce n'est pas un oreiller de paresse, c'est une manière intelligente d'éduquer un enfant.
Le second point auquel il faut penser, ce sont les excuses. Quand un enfant manque une leçon - fût-ce la gymnastique! - le maître réclame que les parents lui en donnent la raison. Il est évident que c'est nécessaire afin que ces jeunes suivent régulièrement leurs classes, et que les parents soient certains que leur enfant se trouve où il doit être. Le système de liberté de l'Université s'applique à des jeunes gens plus âgés ! Or il arrive pour mille raisons qu'un collégien « gatte » une ou plusieurs leçons, n'étant pas malade. Dès les beaux jours, faire de la voile a plus de charme que traduire Goethe, flâner sur les quais ou bavarder avec un ami, jouer aux échecs, se lever en retard, que de délicieuses occasions pour manquer les leçons. « Maman me fera une excuse. » Eh bien non, maman ne fera pas d'excuse. Maman ne cédera à aucune des mauvaises raisons et supplications de son enfant. Quant on ne fait pas son devoir, on a le courage d'en supporter les conséquences désagréables. Les Anglais disent: « face the music !», faites face à la musique. Avec le « fair play » ce sont deux expressions que nous pouvons leur emprunter, car elles donnent un ton juste à une attitude droite.
Dans les deux cas, il y a le choix entre un mensonge et une vérité. C'est notre devoir, je le crois, ma chère amie, de montrer à nos enfants le chemin qu'ils doivent suivre.
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