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Les attentats à la pudeur
Les journaux relatent souvent qu'un homme a tenu des propos, fait des gestes, ou s'est livré à des actes offensant la pudeur des enfants et leur causant parfois des dommages corporels.
On comprend l'émotion des parents lorsque leur fillette ou leur garçon raconte en rentrant au foyer qu'il a été l'objet de ce genre d'attention.
Il faut toujours prendre au sérieux une telle affaire
mais nous savons que ce sont les parents qui, par leur réaction, la transforment parfois en tragédie et causent ainsi un choc supplémentaire, quand encore ce n'est pas le seul ressenti par l'enfant.
Une fillette de 6 ans peut avoir été amusée, étonnée, par la vue des organes génitaux d'un exhibitionniste ou par le simple fait qu'il les a montrés. Cette enfant décrit la scène à sa mère. Que va faire celle-ci ? Prendre passionnément son enfant dans ses bras ? Se mettre à pleurer, à crier, à appeler la voisine, la police? Presser sa fille de questions: « T'a-t-il dit ceci, t'a-t-il fait cela, etc. ? »
L'enfant va naturellement penser qu'il lui est arrivé quelque chose de très important, de très grave ; elle risque de croire qu'elle a commis elle-même une faute ; elle va se mettre à trembler, à pleurer, à moins qu'elle ne se délecte du rôle important qu'elle a joué. Il se peut aussi qu'elle ne dise rien du tout et compose à sa manière des explications pour usage interne capables de fausser son optique des choses sexuelles et de l'inciter à ne plus parler de ces affaires-là afin d'éviter de faire du chagrin à maman.
On peut donc admettre que la réaction des parents devant l'attentat à la pudeur est presque aussi importante que l'attentat lui-même. Cela ne signifie nullement qu'il faille minimiser l'événement. L'attentat à la pudeur peut être en lui-même un drame, mais il faut mettre en garde les parents sur l'effet additionnel de leur attitude quant au choc que peut avoir ressenti l'enfant, et cela surtout lors des attentats légers, c'est-à-dire relatifs à des paroles, à des gestes ou même à des « travaux d'approche », mais très éloignés d'une tentative d'acte sexuel ou similaire.
Il faut se rappeler que les événements de la vie des enfants ont des « dimensions » qui leur sont propres. L'adulte ressent l'attentat à la pudeur à travers ses conceptions morales, son éducation, sa connaissance des conséquences possibles, et surtout à travers tout le contenu émotionnel inconscient de sa propre vie sexuelle et de ses expériences réussies ou ratées ; il peut y mêler des sensations de dégoût, de culpabilité, produit de sa propre enfance. En bref, l'attentat à la pudeur d'un enfant est assez généralement chargé, alourdi dans l'esprit des parents par le contenu de leur vie personnelle. C'est pourquoi ils perdent souvent littéralement le souffle lorsque leur fillette lance en pleine table: « Tu sais, maman, y a un M'sieu qui
»
L'enfant, lui, surtout avant la puberté, est plus « simple » dans les cas d'attentat à la pudeur légers ; il ne possède pas une éthique, ni code de morale ; il n'est pas à même de mesurer les développements de certains actes et il ne peut imaginer leurs conséquences lointaines. Il est exempt des réactions qui sont liées aux sensations et émotions du phénomène de la puberté.
Aussi, nous fondant sur l'expérience, donnerons-nous aux parents quelques conseils simples qui sont utiles dans tous les cas où leur enfant a été victime d'un attentat à la pudeur:
1. Restez calmes.
2. Ecoutez l'enfant tranquillement; il se sentira rassuré et poursuivra son récit qu'il est prêt à interrompre
ou à corser à la moindre réaction.
3. Si vous vous en sentez capables, utilisez l'événement pour instruire l'enfant, pour décharger sa curiosité et, peut-être, la crainte qu'il peut avoir éprouvée.
4. Si vous êtes embarrassés, n'hésitez pas à consulter un psychiatre un ou une psychologue d'enfants, ces personnes sont rompues à ces problèmes et savent en parler avec simplicité.
5. Dans les cas graves, montrez l'enfant au médecin.
6. Ne parlez de l'événement à personne ; redoutez les réactions des tantes et des grands-parents.
7. Evitez tout rappel de l'événement et toute allusion s'y rapportant, sans pour autant fermer la bouche de l'enfant s'il éprouve le besoin d'en reparler avec confiance. L'histoire doit prendre place dans son évolution, s'y insérer comme expérience et finalement « se classer ».
Faut-il toujours porter plainte et alerter la police? En théorie, on devrait le faire car il est bon que la réprobation soit systématiquement manifestée. Mais la procédure judiciaire est pleine d'inconvénients de tous genres : interrogatoires, réactualisation de l'événement, publicité, séance de tribunal. Le mieux est d'examiner chaque cas pour lui-même.
Enfin, rappelons que chez un enfant élevé dans un milieu harmonieux et où père et mère parlent avec simplicité et respect des choses touchant à la sexualité, se développe « un sens », la pudeur précisément, qui sonne toute seule l'alarme lors des travaux d'approche, paroles ou gestes des adultes ou des adolescents chercheurs d'émotions érotiques. Une pudeur bien éduquée constitue sa propre sauvegarde.
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