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En marge de l'année des réfugiés. Atmosphère de Noël

Lettre d'Allemagne aux éclaireuses de Suède

Joyeux Noël ! à toutes. Je vais aujourd'hui vous raconter des souvenirs de Noël passés avec les réfugiés, en Allemagne, dans des camps, des homes, des casernes.
C'était ma première veille de Noël parmi les réfugiés, en Allemagne. J'étais invitée au couvent d'Indendorf, camp pour enfants réfugiés, sans parents. En passant dans notre dépôt, j'avais chargé dans mon auto de quoi faire des cadeaux à ces enfants; tous ces objets : crayons, carnets, jouets, couleurs, etc. avaient été donnés par des enfants suédois. Puis, j'étais partie pour le camp, situé près de Munich. C'était un vieux couvent de pierre, aux murs très épais; la chapelle, attenante, était très bien décorée.
Dans les corridors, je voyais des nonnes dans leurs longs vêtements noirs et leurs coiffes blanches. Elles étaient, pour la plupart, responsables des enfants, comme infirmières, nurses ou éducatrices.
Et les enfants? Qui étaient-ils? De quoi avaient-ils l'air? Il y en avait de tous les âges, depuis les bébés jusqu'aux grands de 16 ans, ils parlaient des langues différentes parce qu'ils étaient venus de pays différents, mais deux choses leur étaient communes : ils étaient dans un pays qui n'était pas le leur, et ils n'avaient plus ni père, ni mère, ni personne au monde.
Je me souviens particulièrement d'un garçon de 14 ans, assis près de moi pour le repas. Pendant 5 ans il avait été dans un camp de concentration avec ses parents ; son père et sa mère y étaient décédés. C'était la première fois depuis très longtemps qu'il pouvait être assis à une table de Noël avec un sapin, des bougies, et des cadeaux. Je l'entends encore me dire « Pense, si papa et maman
avaient pu vivre cela! ».
Les enfants ouvrirent des yeux immenses lorsque parut le Père Noël, avec sa luge toute chargée de cadeaux! Un pour chaque enfant.
Les chants de Noël retentirent dans toutes les langues. Les enfants âgés de plus de 8 ans eurent la permission de veiller jusqu'à minuit pour assister à la messe de Noël.
En rentrant chez moi, cette nuit-là, je pensais à tous les enfants qui ne savaient pas que c'était Noël et passaient cette soirée comme toutes les autres.
Le lendemain, le 25 décembre, j'ai fêté Noël avec une centaine de soldats. Ils m'avaient demandé, par l'entremise de leur aumônier, si je pouvais faire en sorte que 70 enfants réfugiés, garçons et filles, de 4 à 8 ans, vinssent prendre le repas de Noël avec eux à la caserne. Ces soldats pensaient à leur pays; ils estimaient ne pas pouvoir fêter Noël dignement, s'ils n'apportaient pas un peu de joie à quelques enfants ! Tout était si joliment arrangé dans leur réfectoire.
Les grands autocars militaires arrivaient avec les enfants bien emmitouflés dans des couvertures car il faisait très froid ce soir-là.
Chaque soldat prenait en charge un enfant, le portait dans la maison, le débarrassait de ses vêtements, et essayait de lui parler… mais les soldats ne savaient que l'anglais, et les enfants ne parlaient que le russe ! malgré cela ils sentaient l'atmosphère amicale dont ils étaient entourés. Chaque soldat avait « son enfant » près de lui à table, et veillait attentivement à ce qu'il ne manquât de rien. Et avec quel appétit tous ces petits dévoraient-ils les friandises américaines ! L'un des responsables du camp d'enfants me disait plus tard : « Ils se sont tellement amusés qu'on ne peut que les envier ».

Mais Noël n'était pas terminé pour moi! car les orthodoxes russes n'ayant pas le même calendrier que le nôtre, célèbrent Noël 15 jours plus tard que nous. Aussi, le 5 janvier, étais-je de nouveau invitée pour une veille de Noël dans un camp de réfugiés orthodoxes en plein centre de Munich bombardé.
Dans une maison plus qu'à moitié démolie, vivaient 44 réfugiés avec leur pasteur et sa famille. Ces réfugiés avaient tout réparé eux-mêmes, et avaient installé une école pour les enfants. Tout était extrêmement simple, sans confort, mais cette maison était devenue un foyer pour une quantité de gens, un foyer qui rayonnait de chaleur, de gentillesse, de joie paisible, et de l'assurance que Dieu aide tous ceux qui placent en Lui leur confiance.
Le couvert était mis pour 49 personnes : des assiettes en fer-blanc, et dedans… un morceau de hareng, une petite portion de salade de pommes de terre et un morceau de pain noir. Ce fut là tout notre repas, mais c'était Noël quand même; l'atmosphère de Noël la plus pure, la plus chaude que j'aie jamais respirée.
Le prêtre lut l'Evangile de Noël avant le repas; après, nous montâmes au premier étage pour recevoir des cadeaux. A vrai dire, je me demandais si c'était vraiment vrai, car je savais que les magasins étaient vides encore (ceci se passait il y a quelques années) et qu'aucun des réfugiés présents ne possédait un centime. La solution du problème fut aussi simple qu'émouvante : chacun avait pris dans ses propres affaires, ce qu'il voulait donner en présent, et ainsi chacun eut son petit paquet. Tout, dans la maison, avait changé de propriétaire, et tous avaient donné quelque chose.

Voilà quelques souvenirs de Noël, tu es assise à la maison parmi ceux que tu aimes, pense un peu à tous les enfants, à tous les jeunes qui n'ont plus de famille et qui peut-être sont sans abri, ne sachant pas où aller car personne ne s'occupe d'eux.









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