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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURProblèmes d'adolescents Posséder un voilier, quel rêve ! Et voici qu'un jour ce rêve se réalise, une « occasion » exceptionnelle permet l'achat d'un bateau. On y consacre les économies accumulées depuis longtemps, les étrennes des parents, grands-parents, parrain et marraine. Enfin être maître à son bord, libre de se mesurer aux éléments, quelle griserie ! On est tout étonné quand le soir arrive… qu'on est loin de l'amarrage… Le vent tombe, les rames permettent un lent retour. On bâche, on arrange tout, on rentre éreinté mais heureux, affamé mais souriant, la vie est belle. Alors pourquoi cette mine morose des parents ? Ah oui, il est tard, l'heure des repas est passée depuis longtemps. Mais c'est parce que le vent… les rames… parer le bateau… Tout ce qui vient d'être vécu intensément avec bonheur est jugé avec sévérité, avec intolérance! « Mon petit ami », dit papa… (formule ne présageant rien de bon, la suite du discours le prouve). Et voilà le conflit parents-adolescent. Ici, on prône les règles, l'habitude, l'ordre, les égards. Là, on veut être libre, vivre selon sa fantaisie, jouir de plaisirs sains, sans souci de l'heure. Que faire ? Certains parents estiment que la vie de famille a une valeur absolue. Père, mère, filles et garçons doivent lui faire le sacrifice de leur indépendance. Il n'y a rien, sport, musique, qui autorise un retard ou une absence, un départ avant le dessert. C'est, paraît-il, une discipline nécessaire aux enfants. Les garçons deviendront à leur tour, des pères de famille modèles ayant des habitudes régulières, agréables pour leur femme. On évite ainsi de faire des égoïstes qui préfèrent à leur foyer les clubs, les cartes, et rentrent à la maison à des heures les plus fantaisistes. D'autres estiment que la vie familiale mérite bien des sacrifices surtout de la part des mères, mais que ce n'est pas une prison avec un système de liberté conditionnelle. Car on prend en horreur ce qui est trop étroit, ce qui vous contraint sans grande nécessité, sans raison indiscutable. Dans une étude très remarquable publiée en deux épais volumes, le Dr Jean Delay a suivi pas à pas l'enfance et l'adolescence d'André Gide. On est effrayé de la contrainte exercée par une mère veuve sur son fils unique dont elle entend contrôler la vie complète. Le résultat est un anarchique total, un révolté devant toute obligation. Il faut donc réfléchir et trouver un modus-vivendi qui puisse convenir à chacun. Car le même genre de problème se reposera à mille occasions : concerts où il faut se présenter au guichet à 8 heures pour obtenir une place bon marché, activité d'éclaireurs, courses de ski collectives, parties de bridge, séances de cinéma en fin de journée, etc. Si, chaque fois qu'un adolescent ne respecte pas l'heure des repas, cela cause un petit drame, la vie de famille en est empoisonnée. Au contraire, d'autres parents admettent qu'après 16 ans, chacun mène sa vie comme il l'entend, entre et sort sans rendre compte à qui que ce soit et se nourrit en « self service » au frigidaire. Alors il n'y a plus de foyer. Que faire pour éviter ces écueils? On peut d'abord poser en principe que la vie de famille donne à chacun de ses membres une quantité de bienfaits et lui demande certains sacrifices. Pour la mère qui organise les repas, les prépare souvent elle-même - et c'est un travail qui réclame beaucoup de temps, de peine et de soins -, il est normal que les autres membres de la famille se mettent à table à heures fixes. Celui qui s'en trouve empêché doit l'en avertir aussitôt que possible et, en tout cas, par un téléphone s'il y a une cause imprévue. On peut même demander la permission sans perdre la face, quand on prévoit qu'un amusement sera cause d'un retard. On peut aussi s'excuser. Tout cela facilite la vie en commun. Au point de vue pratique, celui qui arrive très en retard, fait son repas lui-même, lave sa vaisselle et range tout ce qu'il a employé. Il n'est ainsi cause de dérangement pour personne, ni mère, ni employée de maison. C'est une occasion d'apprendre à se débrouiller. Sans s'enfoncer dans des analyses très poussées, on remarque parfois que des parents très exigeants éprouvent inconsciemment un sentiment de jalousie en voyant les distractions de leurs enfants. Ces distractions, ils ne les ont pas eues autrefois, et ils ont une certaine satisfaction à les troubler. Les changements de situation sociale ou d'argent, que ce soit une amélioration ou une détérioration, créent souvent des sentiments complexes entre générations. Il vaut la peine de parler à coeur ouvert et avec bonne grâce, avec de grands enfants, de poser les problèmes et de rechercher avec eux un compromis pour ménager une certaine et juste liberté chez les uns et satisfaire à l'ordre et à la bonne harmonie de la vie de famille. |
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